2000-2019, deux décennies de croissance pour de nombreux pays périphériques. Et qu’en est-il de leur développement ?

Patrice Allard, Rédacteur en chef de Informations et Commentaires

« Aujourd’hui, je ne pense pas que ce qui permet à un pays de se développer, ce sont les matières premières, les richesses naturelles, ni même simplement les forces productives. Je crois au contraire que la clé du développement réside dans la capacité à mobiliser les populations autour d’un projet collectif, autour d’une vision, et dans le fait d’être suffisamment crédible et légitime pour que la population accepte de faire des sacrifices pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. »

Cette conviction, exprimée par Kako Nubukpo[1], invite à porter le regard sur les conditions suivant lesquelles des processus de développement ont pu se mettre en place ou ne pas se produire dans les pays périphériques au cours des deux dernières décennies[2].

Cette période peut paraître heureuse. Elle se situe dans un « après consensus de Washington », c’est-à-dire après la « décennie perdue » qui a accompagné les effets délétères des plans d’ajustement structurel. Elle est aussi marquée par des initiatives internationales cherchant à rendre la « mondialisation heureuse » (Objectifs du millénaire pour le développement, puis Objectifs pour un développement durable, Initiative en faveur des pays pauvres très endettés  …).

Les chiffres de la Banque mondiale, concernant la croissance économique, confirment une telle embellie[3]. Pourtant ils ne doivent pas faire oublier que, d’une part, ces taux moyens de croissance masquent une grande diversité de situations concrètes et que, d’autre part, la période a été marquée dans nombre de pays périphériques par des mouvements sociaux de grande ampleur dans lesquels les aspirations politiques trop souvent mises en avant cachaient mal la profonde détresse sociale qui les animait (« Printemps arabes » en 2011 et aujourd’hui Algérie, Tunisie, Sénégal etc.).

La croissance économique n’est pas le développement. La croissance (augmentation de la production intérieur d’un pays) et le développement (ensemble des transformations structurelles, techniques, sociales et culturelles qui rendent possibles l’existence d’une croissance), bien que considérés comme synonymes à leur origine[4] doivent être distingués. La possibilité d’une croissance sans développement ne peut être exclue[5]. Dans ce cas la période heureuse d’une croissance que l’on pensait illimitée s’épuise dans l’inachèvement des chantiers, l’inoccupation des zones industrielles et la précarité accrue de ceux qui ne trouvent d’emploi que dans le secteur informel.

S’il est aisé de rendre compte d’une croissance, l’observation d’un processus de développement, composé d’éléments quantifiables et d’autres qui ne le sont pas, présente plus de difficultés. En s’appuyant sur l’exemple des expériences réussies des pays du Sud-Est asiatique, la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), en privilégiant la « transformation structurelle », donne la base d’un processus robuste de développement. Par transformation structurelle il faut entendre l’ensemble des changements de structures économiques, sociales et culturelles qui permettent un accroissement durable de la productivité qui est ainsi le moteur de la croissance.

Dans une telle approche l’industrialisation est incontournable. Privilégier les industries, notamment manufacturières, permet une hausse rapide de la productivité des facteurs de production ainsi qu’une augmentation de l’accumulation de capital[6]. Cette hausse conduit à des augmentations des revenus dont il est permis d’attendre un élargissement du marché intérieur et une épargne augmentée. Les effets de diffusion générés par ces industries sont également à prendre en compte. Ceux-ci reposent sur les rôles moteurs exercés par les achats ou fournitures d’intrants au reste des activités du pays. Il s’y ajoute la propagation des connaissances et des normes d’efficacité à l’ensemble des activités de ce pays.

Ce modèle des transformations structurelles jugées aujourd’hui réussie reste lié à des expériences de développement commencées entre les années 1960 et 1980. Les conditions réglementaires des échanges internationaux de la période 2000-2019 sont différentes. Les crises de la dette et le « consensus de Washington » ont débouché, pour les pays périphériques, sur l’obligation d’ouvrir les économies nationales avec le moins d’entraves possibles aux échanges de marchandises et aux mouvements de capitaux. Pour les échanges de marchandises, ce projet d’un libre-échange, bénéfique à tous les participants, a créé un certain désenchantement. Après « la décennie perdue » des années 1990-2000, la croissance est revenue mais elle s’est accompagnée du renforcement d’une spécialisation de ces économies dans la production de produits bruts exportés. Le retour de cette croissance a masqué en partie les effets catastrophiques de l’ouverture à la concurrence internationale d’industries encore souvent naissantes[7]. Le retour de la vieille division internationale du travail semble être devenu la marque des rapports économiques Nord-Sud de la période 2000-2019. Concernant la libération des mouvements de capitaux, les espoirs de facilités de financement espérés par les pays périphériques ont souvent été déçus. Sous forme d’investissements directs ou de crédits accordés, ils ont montré une préférence marquée en faveur des activités primaires et trop peu d’intérêts pour les autres activités, appuyant ainsi cette spécialisation des économies en développement. En matière de crédit, relevant de centres de décision extérieurs, la conciliation entre les intérêts du prêteur et les projets de l’emprunteur peut ne pas être favorable à ce dernier[8]. Globalement la conséquence principale de ce changement des conditions réglementaires des échanges internationaux est de restreindre les « marges de manœuvre » des pays en recherche d’un développement. Comme le note la CNUCED : « bon nombre des politiques qui ont porté les premières vagues de croissance de rattrapage sont aujourd’hui interdites par divers accords internationaux, régionaux ou bilatéraux[9] ».

Ces conditions nouvelles, qui ne se limitent pas aux échanges internationaux, invitent à porter le regard sur leurs conséquences sur les stratégies de développement menées par les pays périphériques. Nous examinerons ainsi successivement trois points :

L’industrialisation des pays en développement face à des conditions nouvelles.

D’autres stratégies sont-elles possibles ?

Un développement plus difficile mais des expériences intéressantes.

I/ Les conditions nouvelles de l’industrialisation

Au plan mondial, au cours des deux dernières décennies, à travers la mondialisation, la production industrielle a connu de profonds bouleversements. L’organisation de la production en « chaînes de valeur mondialisées », la mise en œuvre de procédés techniques nouveaux issus de la « numérisation » des activités économiques et le mouvement important de concentration que connaissent les grandes entreprises mondiales, notamment les firmes transnationales caractérisent ces bouleversements.

A/ Une chaîne de valeur mondialisée (CVM) est une organisation décomposée et internationalisée des différentes étapes de la filière de production d’une même gamme de produits manufacturés sous la direction de quelques grandes entreprises fonctionnant en réseau. Ces grandes entreprises, agissent en « donneuses d’ordres » auprès des entreprises affiliées constituant leur réseau. Elles peuvent ainsi recentrer leur activité sur le métier sur lequel leur compétence est maximum, tout en bénéficiant de la libre circulation internationale des produits et de l’économie de capitaux qu’elles réalisent en s’écartant du modèle d’une société-mère contrôlant un ensemble de filiales, en conservant les prérogatives de  cette dernière.

Du fait de la décomposition accrue de la production et la spécialisation plus poussée qui l’accompagnent, les CVM créent de nouvelles opportunités pour les entreprises industrielles des pays périphériques. La faiblesse de leur coût dans une étape de la production rend possible leur entrée dans une CVM. Au niveau d’une économie, le capital initial nécessaire au lancement d’une activité industrielle devient moindre que celui que nécessiterait la mise en place d’une filière industrielle.

Cependant grand est le danger de voir les entreprises industrielles des pays périphériques affiliées dans une CVM rester cantonnées dans des activités à forte intensité en travail et à faible valeur ajoutée (par exemple l’assemblage)[10]. Leur dépendance à la technologie imposée par le donneur d’ordres ne les rend pas plus apte à pouvoir dépasser leur niveau technologique initial que ne le sont les entreprises hors CVM. De plus, si la création d’activités industrielles affiliées dans des CVM apporte immédiatement un gain de productivité, sa diffusion à l’ensemble de l’économie et les effets d’entraînement qui peuvent en résulter restent discutables du fait de la faiblesse des liens qui les relient au reste des activités du pays. Est-il possible d’échapper à cette fatalité ? Le développement industriel chinois montre que, dans des conditions particulières d’acquisition permanente de technologies nouvelles et d’héritage d’une certaine expérience industrielle, l’essor d’une production d’intrants de plus en plus riches en technologie et se substituant à des biens intermédiaires importés permettait de dépasser le stade d’une activité industrielle de simple assemblage et de tisser de nouveaux liens interindustriels. L’espoir d’accomplir une montée vers des activités à plus haut niveau technologique, comme l’a fait la Corée du sud dans les dernières décennies du XXème siècle, demeure aujourd’hui, même s’il n’a jamais été un chemin aisé.

B/ Le progrès technique a été facteur de changements rapides et de grande ampleur au cours des dernières décennies sous la forme de l’application aux activités économiques des technologies numériques. Ces changements présentent plusieurs dimensions :

— la robotique et l’intelligence artificielle sous la forme d’appareillages aptes à imiter des activités productives humaines ;

— la fabrication additive (impression 3D par exemple) raccourcissant les étapes de la production  (conception-prototype-fabrication) et rendant possible l’adaptation d’un produit à des spécifications nouvelles ;

— la diversification des fonctions des objets à fort contenu numérique par adjonction de nouvelles fonctionnalités ;

— les chaînes de blocs numériques sous forme de réseaux de données numériques permettant la transmission de ces blocs mais aussi l’accès aux informations issues du traitement de ces données.

Ces différentes technologies créent pour les entreprises manufacturières, dans les pays centraux comme dans les périphéries, des opportunités nouvelles. Elles rendent possible une adaptation plus rapide aux exigences fluctuantes des marchés, des productions plus économes en énergie ou en matières premières et potentiellement plus respectueuses de l’environnement. Elles ont la capacité de permettre une réduction de l’exigence de taille critique des unités productives, ainsi qu’une plus grande capacité de décentralisation et de flexibilité des activités de production et de distribution.

Pour les entreprises des périphéries, ce progrès technique est prometteur, à la condition d’y avoir accès. Cela n’a rien d’évident. L’accès au haut débit coûte en moyenne 8 fois plus cher dans les pays en développement et 20 fois plus dans les pays les moins avancés que dans les pays développés. De même, bénéficier de ce progrès induit l’adaptation des savoir-faire et des compétences de la main d’œuvre. Pour les entreprises industrielles périphériques, le passage au numérique impose des investissements supplémentaires, ce qui accroît d’autant le capital initial requis pour lancer une activité nouvelle.

Pour les États, ce progrès technique représente également une lourde charge supplémentaire. Il s’agit de supporter les investissements nécessités pour assurer l’accès au numérique d’un nombre significatif d’utilisateurs[11]. Il s’agit également, par les institutions scolaires et universitaires, de former à la fois de futurs salariés adaptés à la maîtrise de ces nouveaux outils et des personnels hautement qualifiés pour en assurer l’essor. Il s’agit aussi de protéger les utilisateurs nationaux. L’accès aux données passe par des plateformes aux mains d’un nombre très restreint de très grandes entreprises pour l’essentiel d’origine américaine qui, par leur capacité à traiter les données qu’elles hébergent, ont acquis un très grand pouvoir économique, renforcé par leur fonctionnement en quasi monopole. Une réelle protection des usagers passe alors par une souveraineté numérique des États. Aujourd’hui, seule la Chine a pu se doter d’une plateforme de même poids que ces entreprises nord-américaines par l’utilisation d’un protectionnisme rigoureux sur les services numériques. Cet exemple n’est pas la solution définitive de cette question puisque cette exigence relève, au nord comme au sud, de la détermination stricte des compétences et responsabilités entre l’État et le secteur privé.

Comme nous le voyons, les changements profonds de ces dernières décennies apportent de nouvelles charges aux pays périphériques, que celles-ci portent sur des investissements ou sur des réformes. Il semble inéluctable de devoir y faire face. Il n’est plus question alors d’exploiter au mieux des bases économiques et sociales existantes mais de bâtir de nouvelles bases afin de pouvoir, demain, entreprendre une transition structurelle.

C/ Le mouvement actuel de concentration des grandes firmes trouve son expression dans la part occupée par les plus grandes sur les marchés internationaux[12]. Ce mouvement s’est accompagné par de nouveaux comportements.

Leur mode de gouvernance a connu de nets infléchissements. La pression des actionnaires[13] s’est traduite par l’exigence d’une part croissante des dividendes dans leurs bénéfices[14]. Cette pression a également conduit ces grandes firmes à une préférence pour les opérations de court terme, ce qui conduit à une disjonction entre le temps et les normes requis par la finance et ceux de l’industrie. Cela concerne toutes les activités industrielles dans les pays développés comme dans les pays périphériques. Le temps long et les rendements habituels des investissements productifs s’écartent des délais brefs et des rendements élevés attendus par les organes financiers au risque d’une réduction drastique du nombre des opérations d’investissement jugées finançables et porteuses d’avenir comme d’un découragement des investisseurs.

L’adoption de comportements rentiers constitue une seconde caractéristique de la période pour ces grandes entreprises. La manifestation d’un tel comportement s’exprime dans le fait que le profit de ces firmes repose plus sur la propriété d’un actif plutôt que sur l’exploitation commerciale de la production de marchandises. Ainsi, par exemple, dans les CVM, les prélèvements dont bénéficient les donneurs d’ordres, qui sont souvent des firmes transnationales (FTN), se présentent pour une large part sous la forme de royalties, c’est-à-dire des rémunérations de la propriété intellectuelle, payées par les affiliés. Ce comportement affecte les pays périphériques recherchant une industrialisation non seulement parce que leurs interlocuteurs sont fréquemment ces FTN dont la taille et les pouvoirs se sont agrandis mais surtout parce qu’il se traduit par la mise en place de barrières à l’entrée protégeant à la fois les positions de monopole et les rentes qui leur sont liées. Ces barrières sont de genres différents. Il s’agit principalement de :

— les barrières, très classiques, résultant des économies d’échelle fréquentes, par exemple, dans les industries pharmaceutiques et certaines activités liées au numérique ;

— les brevets protégeant la propriété intellectuelle avec parfois le rallongement de la période de protection (pharmacie) ou l’acquisition d’un portefeuille de brevets pour décourager de nouvelles recherches concurrentes ;

— les barrières institutionnelles qui résultent du pouvoir de négociation et d’influence de ces FTN agissant seules ou en lobby et qui débouchent sur des réglementations qui leur sont particulièrement favorables. Il est ainsi permis d’évoquer les privatisations d’entreprises publiques accompagnées d’une clause d’exclusivité prolongeant un monopole autrefois étatique devenu maintenant privé. Les concessions de services publics peuvent avoir les mêmes effets lorsqu’il s’accompagne de clauses de non concurrence ou de garantie induisant une compensation en cas d’insuffisance des recettes. Enfin les subventions ou des abattements fiscaux au bénéfice d’une entreprise désignée sont de même nature.

Dans chacun de ces cas, ces barrières constituent un obstacle nouveau non seulement à la naissance d’activités industrielles mais encore à la capacité de celles-ci à s’élever vers des niveaux de technologie plus avancés.

En conclusion, sur cette période 2000-2019, les conditions requises pour conduire une stratégie réussie d’industrialisation dans un pays des périphéries sont devenues plus exigeantes. Pour les entreprises à vocation industrielle, le niveau du capital initial nécessaire est devenu plus important, mais aussi celui des équipements nécessaires et des savoir-faire requis. Pour les États, le choix de l’industrialisation ne peut plus reposer seulement sur la disponibilité d’une ressource naturelle ou la mobilisation d’une main d’œuvre bon marché mais doit s’accompagner de l’édification de nouvelles bases favorables telles la formation des travailleurs, la mise en place de nouvelles infrastructures. En ont-ils les moyens ? Une réponse négative signifierait que la voie de l’industrialisation était, sur la période, impraticable dans le contexte de l’ordre économique international du moment[15] et que seules d’autres stratégies non industrielles de développement étaient possibles. Pourtant, comme nous le verrons en troisième partie, des exemples particuliers tendraient à montrer le contraire.

II/ D’autres stratégies, non industrielles, ont-elles étaient efficaces ?

De nombreux pays périphériques ont fondé leur futur développement sur la richesse de leur dotation en matières premières ou énergétiques ou bien dans leur potentiel de production de denrées agricoles exportables. Sur la période 2000-2019, de tels espoirs ont-ils été récompensés ?

Manifestement une réponse positive à cette question pourrait être avancée. L’indice du prix des produits de base de la CNUCED, sur une base 100 en 2000, après avoir décru entre 1990 et 2000, passant de 124 à 100, a augmenté atteignant 200 en 2016. De plus, par comparaison avec l’indice de la valeur unitaire des exportations de produits manufacturés des pays développés, les termes de l’échange (mesurés par un indice de base 100 en 2000) connaissent une évolution comparable en faveur des pays exportateurs de produits de base. Après avoir décru de 1990 à 2000 (de 124 en 1990 à 100 en 2000), ils s’accroissent ensuite jusqu’à atteindre 152 en 2016[16]. Bien évidemment, les nombreuses fluctuations des prix de ces produits échappent à ces données sans toutefois contredire le sens des évolutions constatées ci-avant.

A/ En ce qui concerne les pays construisant la première étape de leur développement sur l’exploitation de gisements de minerais ou d’hydrocarbures plusieurs remarques s’imposent. Les industries extractives sont des activités de haut niveau technologique et fortement capitalistiques. Le recours à des entreprises étrangères devient alors assez inévitable. Ces industries, très mécanisées, sont peu créatrices d’emploi. Leur productivité élevée aura une incidence sur le niveau moyen de la productivité dans le pays mais celle-ci restera faible (peu d’emplois créés) et se diffusera fort mal au reste de l’économie en raison de leur fréquent mode de fonctionnement en forme d’enclave étrangère. Bien sûr, ces industries apporteront des ressources fiscales nouvelles, source potentielle d’investissements publics, ainsi que des réserves de change augmentées mais la faible diffusion des gains de productivité dans cette première étape du développement appelle la création d’industries, par exemple de transformation sur place de ces produits bruts. Alors les difficultés présentées dans le point précèdent se retrouveront, peut-être accrues du fait du pouvoir politique de ces entreprises et les conditions d’accès aux technologies nécessaires.

De plus, en portant le regard sur une période plus longue que les deux dernières décennies, il est difficile de ne pas évoquer la « malédiction des matières premières » ou bien le « mal hollandais » dont furent victimes de trop nombreux pays ayant misé sur de telles stratégies[17]. En effet l’instabilité des cours de ces produits constitue un réel obstacle au développement. En période de cours élevés, la capacité d’action des pouvoirs publics est accrue mais l’appréciation des taux de change ne tarde pas à bloquer l’essor des autres activités[18]. En période d’affaiblissement des cours, les finances publiques sont touchées. Cela, conjuguées aux tendances au ralentissement de l’activité économique, agit lourdement sur l’investissement. En cette situation le recours à l’endettement extérieur pour pallier à l’insuffisance des ressources internes en matière d’investissement, facilité par la garantie offerte par la richesse minière, peut mener au piège d’un endettement excessif. La programmation d’étapes successives de développement est aussi rendue difficile, voir impossible. Les périodes heureuses où les cours semblent favorables sont plus propices à des effets d’aubaine qui influent peu sur une dynamique poussée par les gains de productivité. Ensuite il est nécessaire de prendre en compte l’ampleur des comportements rentiers qui peuvent résulter d’une économie centrée sur l’exportation de produits bruts. Les rendements élevés de la rente minière contrastent fort avec ceux des autres activités économiques, surtout lorsqu’il s’agit d’activités industrielles naissantes. Importer devient plus facile que de produire sur place et le découragement s’étend alors à tous les secteurs productifs non exportateurs. Enfin il convient également de prendre en compte les pouvoirs économiques et politiques détenus par ces entreprises. La qualité de la gouvernance du pays peut s’en trouver altérée.

B/ Fonder le développement d’un pays sur un secteur exportateur agricole offre d’autres perspectives. Celles-ci reposent sur l’aspect bénéfique d’une modernisation de l’agriculture par diffusion des progrès agronomiques d’un secteur exportateur à une agriculture vivrière comme des relations agro-industrielles qui pourraient s’établir ensuite. Cependant nombre des critiques formulées ci-avant perdurent. Nous ne les répèterons pas. L’établissement de relations agro-industrielles suppose, en amont, la création d’activités chimiques et mécaniques et, en aval, d’une industrie agroalimentaire. L’essor des premières est subordonné à l’accroissement de la productivité et des revenus des producteurs. Pour la seconde des difficultés nouvelles sont aujourd’hui remarquées, sous la forme de l’insuffisance des approvisionnements de cette industrie. Il s’agit, d’une part, du manque de voies de communication et de moyens d’acheminement peu onéreux pour assurer la collecte des produits bruts et, d’autre part, de la faible qualité de ces produits qui peut les rendre inutilisables par l’industrie. Il n’y a là rien d’inéluctable mais, qu’il s’agisse de relations amont ou aval, les efforts d’investissement et les délais nécessaires pour y remédier ne doivent pas être sous-estimés. Ainsi la place et le rôle de l’agriculture dans une transition structurelle méritent d’être réinterrogés. Ceci semble d’autant plus important que la probabilité de changements climatiques ajoute de nouvelles contraintes techniques et humaines et, par suite, un nouvel effort d’investissement à l’adaptation de celle-ci.

De plus il importe de prendre en compte les effets des politiques agricoles des pays développés sur les marchés internationaux de produits agricoles. Les planteurs de coton du Mali, du Tchad, du Bénin et du Burkina Faso en ont fait l’amère expérience à partir de 2001. Les subventions accordées aux planteurs de coton américains ont eu pour effet une baisse significative des cours du coton sur les marchés internationaux. Les conséquences de cette baisse ont été lourdes. La diminution des recettes des planteurs africains s’est transmise aux activités non directement agricoles liées au coton et, sachant que les recettes issues du coton permettaient aux planteurs la culture de produits vivriers complémentaires, a fini par affecter l’ensemble de l’agriculture de ces pays[19]. Ainsi la dépendance des agricultures exportatrices envers les marchés internationaux rend précaire un mécanisme d’accroissement de la productivité partant de la modernisation de celles-ci.

C/ Compter sur les services pour contribuer à une transition structurelle en complément à des stratégies fondées sur d’autres activités paraît fréquent dans les pays périphériques. En moyenne le niveau de la productivité dans les services est inférieur à celui obtenu dans l’industrie. Pourtant un essor des services peut contribuer à une hausse de la productivité moyenne dans un pays sans que des effets de diffusion ou d’entraînement ne soient assurés. Cependant il y a une diversité importante entre les niveaux de productivité des différents services. Cela conduit à privilégier des activités de services à haute valeur ajoutée, ce qui n’a rien d’évident. Les services touristiques ont bénéficié jusqu’à maintenant de la forte progression du tourisme international venues des pays développés et émergents. Ils nécessitent une main d’œuvre bien formée et de lourds investissements. L’Inde mise aujourd’hui sur les services à haute valeur ajoutée dans des technologies avancées (numérique par exemple). Il convient cependant de noter que le premier essor de tels services a été, à leur origine dans les pays développés, tiré par les besoins des industries. En l’absence d’un tel entraînement la croissance de ces services pourrait être freinée. De plus le développement de services portant sur des technologies avancées requiert le besoin d’une main d’œuvre très hautement qualifiée. Pourtant l’utilisation de ces technologies et des services qui leur sont liés constitue aujourd’hui une condition nécessaire au fonctionnement efficace de beaucoup d’activités productives[20]. En cela des activités de services numériques ne peuvent plus être considérées comme la base d’un processus conduisant à la transition structurelle mais une condition requise pour que celle-ci devienne possible.

III/ Un développement devenu plus difficile mais des expériences intéressantes

Prenant en compte ce qui précède, la période 2000-2019 aura été marquée par une croissance mais dans un contexte où l’industrialisation et le développement sont devenus des objectifs bien plus difficiles à atteindre qu’ils ne l’étaient avant 1980. Quelques exemples montrent pourtant qu’au cours de cette période les premières étapes d’une industrialisation pouvaient être engagées.

Le premier de ces exemples est donné par l’Éthiopie[21]. Les changements structurels soutenus par une planification et une forte croissance permettent de tirer quelques leçons de l’expérience de ce pays. La première est de nature politique. Par delà les différences de nature des pouvoirs politiques qui se sont succédés et de la diversité de leurs projets, l’Éthiopie a bénéficié de la permanence d’un État résolument développementaliste, perdurant malgré des changements politiques majeurs. Cette permanence, si elle est sans doute indispensable, ne suffit pourtant pas. L’État développementaliste éthiopien s’est heurté et se heurte à des conflictualités ethniques et à l’insuffisance du relais indispensable à son efficacité que constitue une administration compétente et indépendante des intérêts particuliers, qu’ils soient ethniques ou économiques et sociaux. La seconde tient en la capacité d’adaptation de sa planification pour saisir des opportunités comme le montre le développement des activités horticoles. Celles-ci reposent à l’origine sur des initiatives privées, donc n’entrant pas dans le plan. La mise en place d’institutions fonctionnant comme des comités de pilotage, réunissant administration spécialisée et entrepreneurs privés, ont rendu possible un essor rapide de ces activités. La place de l’administration publique était centrale dans un projet nécessitant la mise en place de moyens de ramassage des fleurs et de leur acheminement rapide et aérien vers les acheteurs étrangers (Hollande). Il a pu en résulter une coopération public-privé (circulation de l’information, discussions formelles et informelles, etc.) où l’administration, maîtresse de la planification, pouvait défendre efficacement l’intérêt général et l’imposer (par exemple par des pratiques de subventions subordonnées à des résultats). Enfin le partenariat avec la Chine constitue un troisième élément à prendre en compte. En Éthiopie ce partenariat s’est traduit par l’octroi de financements massifs à des conditions plus favorables que celles habituellement fixées par les organes financiers occidentaux et orientés non pas vers des secteurs répondant au seul besoin en matières premières de la Chine (l’Éthiopie est pauvre en ces produits) mais concernant le secteur manufacturier et le développement d’infrastructures. Ce constat n’élude en rien la question du but poursuivi ici par la Chine, recherche d’un futur commerce gagnant-gagnant ou impérialisme déguisé[22], mais ces facilités financières ont aidé à obtenir un taux d’investissement très élevé conduisant à une croissance importante et, sans doute à une transformation structurelle rapide.

Le second exemple est celui du Vietnam. L’expérience de ces deux pays présentent des points communs. Un État développementaliste appuyé sur une planification s’y retrouve. Leurs situations initiales étaient proches. Des sociétés restées fortement rurales avec un faible niveau de revenu imposent, dans un premier temps, le modèle d’une croissance tirée par les exportations et le choix d’une industrialisation pour bénéficier au plus vite de gains de productivité. Dans le cas du Vietnam ce choix n’exclut en rien, en parallèle, des progrès agricoles et un essor des services. Un fort taux d’investissement induisant une croissance accélérée est un second point commun. Enfin une planification suffisamment souple pour pouvoir saisir les opportunités nouvelles est notable. Pour le Vietnam il s’agit d’une ouverture graduelle, subordonnée à l’état de modernisation des différentes activités économiques du pays, au commerce international avec l’adhésion, en 2007, à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et à partir de 2015, de la conclusion d’accords de libre-échange (avec l’Union européenne, la Corée du sud, l’Union eurasiatique etc.). De même le différend commercial entre les États-Unis et la Chine permet aujourd’hui au pays de recevoir d’importants flux d’investissements directs étrangers (IDE) provenant d’entreprises souvent occidentales fuyant la Chine[23].

La stratégie de développement vietnamienne repose sur trois secteurs : le secteur privé étranger issu de ces IDE, le secteur d’État et le secteur domestique privé. Le premier de ces secteurs joue un rôle majeur en matière d’accès à de nouvelles technologies et méthodes de production générant des gains de productivité élevés et en matière de diversification des activités industrielles. Le secteur d’État opère dans des secteurs-clés, énergie, ciment, engrais, sidérurgie dans le but manifeste de créer des relations agro-industrielles et interindustrielles par une politique de substitution des importations. Le secteur privé domestique qui emploie la plus grande part de la population active, avec sa faible productivité[24] (importance de l’activité informelle) reste un secteur à moderniser et constitue une réserve de main d’œuvre pour les autres secteurs.

Les risques liés au recours aux IDE (désarticulation et dépendance accrues, cantonnement de l’industrie dans des activités d’assemblage) sont palliés par la puissance publique menant une gouvernance technique et administrative de qualité. La planification permet un pilotage centralisé de l’activité économique. Étape après étape, par des mesures de soutien aux exportations, de contrôle des importations et des mouvements de capitaux, par les actions des entreprises publiques, l’État garde la main tout en recherchant une alliance avec les intérêts privés et en menant une politique budgétaire prudente.

Cet exemple vietnamien, proche du modèle asiatique des « dragons », s’écarte ainsi de l’exemple éthiopien. Il semble conduire également à l’enclenchement d’une transition structurelle[25]. Celle-ci n’est pas achevée et bien des transformations restent à accomplir mais il semble qu’au cours de ces deux dernières décennies l’Éthiopie et le Vietnam ont connu à la fois une croissance accélérée et un développement, même si celui-ci reste fragile.

Que peut-on retenir de ces deux exemples ? Tout d’abord les expériences éthiopienne et vietnamienne démontrent assez clairement que l’industrialisation reste incontournable pour rendre possible une transition structurelle. Ensuite, ce n’est pas chose nouvelle, l’importance du taux d’investissement constitue assurément le moteur d’une croissance rapide et le moyen d’accélérer le rythme des changements structurels que nécessite le développement. Une volonté politique de développement, patiente et partagée, est également essentielle, pourvu qu’elle puisse s’appuyer sur une administration compétente et à l’abri des intérêts individuels. Enfin une planification du développement est nécessaire pour assurer la cohérence des choix et décisions de politiques économiques sur la moyenne période. Celle-ci doit aussi être souple pour permettre l’exploitation rapide des opportunités qui se présentent dans le contexte d’un monde rendu peu prévisible par la prédominance du court terme.

Les deux derniers éléments dégagés ci-dessus donnent à l’instance politique une grande responsabilité en matière de développement à un moment où l’ordre économique international affaiblit les capacités d’action des États périphériques. Ceux-ci doivent faire face aux effets du libre-échange sur leurs sociétés et leurs économies, à la contrainte de la pression démographique afin d’éviter une dégradation des conditions sociales de vie et composer avec l’étroitesse des « marges de manœuvre » qui leur restent pour mener les politiques nationales de leur choix. Les contraintes nouvelles apparues au cours des deux dernières décennies les obligent non plus à profiter de bases éventuelles favorables au développement mais à construire les conditions le rendant possible. C’est en ce sens que les défaillances des États peuvent aussi conduire à des régressions économiques et sociales. Dans des contextes nationaux spécifiques, l’affaiblissement politique des États, lié à des situations de crise interne ou leur impuissance à pouvoir choisir et/ou mettre en œuvre des politiques nationales peuvent déboucher non plus sur un développement bloqué mais sur une aggravation du sous développement. La croissance économique relative qui a pu se produire lors des deux dernières décennies compte alors bien peu.

[1] Kako NUBUKPO, L’urgence africaine. Changeons le modèle de croissance, Éditions Odile Jacob,  septembre 2019.

[2] Il est utile d’arrêter cette période à l’année 2019. La pandémie mondiale, par ses effets humains, sociaux et économiques peut induire des bouleversements profonds dont il est aujourd’hui difficile d’appréhender l’ampleur.

[3]  Taux de croissance moyen annuel du Produit intérieur brut (en %)

Catégorie de pays Période 1990-2000 Période 2000-2019
Pays à faible revenu 2,3 5,0
Pays à revenu moyen bas 3,2 5,7
Pays à revenu moyen élevé 3,2 5,6
Pays à haut revenu 2,7 1,5
Moyenne mondiale 2,8 2,8

Sources : World Bank Data

[4] Pierre Bailly fournit fort justement un historique de ces deux concepts. Cf. Pierre BAILLY, Du développement au développement durable, Éditions Campus ouvert, 2016.

[5] Comme l’écrit François Perroux, « La croissance de la richesse relevée par des comptabilités incomplètes et trompeuses fait de moins en moins illusion. Elle est, on non, la conséquence et le moyen du développement des hommes et des ressources actuelles et potentielles. D’importantes nappes d’énergie humaine inexploitées appellent les interprétations qui les mettent en valeur et en œuvre ».Cf. François PERROUX, Pour une philosophie du nouveau développement,  Éditions Aubier et UNESCO, 1981.

[6] En Asie du Sud-Est, l’essor rapide des industries manufacturières, peut-être en raison des économies d’échelle dont elles bénéficiaient, avait permis à la fois un élargissement du secteur industriel et une croissance économique plus vive.

[7] La CNUCED a pu ainsi parler d’une « désindustrialisation de l’Afrique ».

[8] La sélection des projets par les banques internationales en fonction des critères qu’elles appliquent, en favorisant le financement de projets « banquables », peut s’opposer à des choix nationaux ou chercher à les infléchir.

[9] CNUCED, Rapport sur le commerce et le développement 2016.

[10] La CNUCED a construit une courbe, dite la « courbe du sourire », pour caractériser ce danger. Sur un repère portant en abscisse les différentes étapes de la production au sein d’une CVM et en ordonnée la valeur ajoutée dégagée à chacune d’elles, cette courbe présente une forme en U, montrant que les étapes à forte valeur ajoutée (les deux branches verticales du U) se situent en amont (recherche-développement, conception des produits, production d’intrants à fort contenu technologique) et en aval (marketing, services de vente et après vente) et surtout pas dans les étapes de production directe des produits, la partie basse du U, souvent délocalisées vers les périphéries.

[11] En assurant parfois simplement l’extension et le bon fonctionnement du réseau de distribution électrique.

[12] Si l’identité des premiers exportateurs sur les marchés internationaux n’a pas varié au cours des vingt dernières années, leur part de marché s’est accrue de manière très significative.

[13] Les actionnaires relèvent de trois ensembles détenant des pouvoirs très différents. Il s’agit des établissements bancaires, des investisseurs institutionnels (assurance, fonds de pension et d’investissement) et des « petits porteurs », ces derniers pesant fort peu puisque les épargnants et les grandes fortunes sont surtout représentés par les deux premières catégories.

[14] Entre 2000 et 2014, la part des revenus du capital dans l’ensemble des revenus s’est accrue en moyenne de 3 %. Source : CNUCED, Rapport sur le commerce et le développement 2018.

[15] Dans son Rapport sur le commerce et le développement de 2017, la CNUCED porte un jugement critique sur les effets du contexte international sur le développement : « La concentration croissante des marchés d’exportation et les barrières immatérielles à la concurrence [sont les causes de ce que] la libéralisation du commerce dans le cadre de l’hyper mondialisation n’a pas permis d’atteindre la prospérité partagée promise au Nord et au Sud … Elle a, au contraire, favorisé une concentration du marché alimentée par la dette, dominée par un nombre restreint de firmes multinationales de premier plan, accentué la financiarisation de l’économie mondiale et considérablement renforcé l’influence du capital transnational sur les politiques nationales et internationales touchant la production mondiale, l’emploi et la répartition des revenus ».

[16] Un résumé des valeurs indiciaires de ces prix de produits de base peut être donné dans le tableau suivant :

1990 2005 2010 2016
Ensemble des produits de base en $ courants 124 140 256 200
Ensemble des produits de base en $ constants 125 118 189 153
Matières premières agricoles 128 129 226 157
Produits alimentaires et boissons tropicales 124 127 228 205
Minerais, minéraux et métaux 127 173 327 205
Valeur unitaire des exportations de produits manufacturés des économies développés 100 119 136 131

Indices base 100 en 2000

Sources CNUCED

[17] Le cas de très petits pays disposant de fortes richesses minières ou énergétiques est bien sûr trop particulier pour constituer des exemples vraiment significatifs.

[18] Les difficultés rencontrées par les pays africains de la zone CFA, confrontés à une parité fixe avec l’euro qui conduit à une surévaluation de leur taux de change est un bon exemple des effets dépressifs causés par des taux de change trop élevés.

[19] En partant des effets multiplicateurs exercés par l’activité cotonnière au Mali, Kako Nubukpo a estimé la perte globale de croissance subie entre 1,8 et 3,9% du PIB.  Source : K. NUBUKPO, op. cit., page 82.

[20] Kako Nubukpo voit dans l’application des technologies numériques un moyen d’accroitre la productivité dans les agricultures des pays de l’Afrique subtropicale. C’est sans doute une piste intéressante. Il convient de remarquer que si cela pouvait être mis en œuvre les services numériques deviendraient un outil indispensable à la survie économique de ces activités et non plus un simple moyen pour faciliter le développement. (Kako Nubukpo, L’urgence africaine, Éditions Odile Jacob, 2019)

[21] Nous limitons l’examen de cette expérience à la période qui précède la grave crise politique que connaît ce pays actuellement.

[22] Quelque soit la réponse donnée, seuls les Éthiopiens sont en droit de la formuler. Devant porter l’héritage du colonialisme, nous sommes bien mal placés de donner des leçons depuis la France.

[23] Le pays a ainsi reçu des IDE à hauteur de 36 milliards de $ en 2017 et 35,5 en 2018. Source : Ambassade de France au Vietnam.

[24] La productivité par actif dans ce secteur est estimée à moins de 4000 $ par an, soit deux fois moins de celle du secteur d’État et 5 fois moins de celle du secteur privé étranger. Source : Ambassade de France au Vietnam.

[25] Les quelques données présentées dans le tableau ci-dessous permettent de le confirmer.

2012 2014 2016 2018
Population (en million) 89,8 91,7 93,6 95,5
Taux de croissance du PIB (en %) 5,2 6,0 6,2 7,1
Taux d’inflation (en %) 9,1 4,7 3,2 3,5
Dette publique (en % du PIB) 50,8 58,0 63,6 58,4
Balance commerciale (milliards de dollars) +0,3 +2,0 +2,6 +6,2
PIB par habitant (en dollars courants) 1723 2012 2171 2564