Présages d’une croissance économique spectaculaire en Afrique? Le cas nigérian

Peterson Nnajiofor[1]

171Le 7 avril 2014, l’annonce de la réévaluation du poids de l’économie nigériane a pris le monde économique par surprise. Grâce à un nouveau calcul économique, le PIB du pays a gagné 89 %, atteignant ainsi 509 milliards de dollars et, fait remarqué par les observateurs, faisant du Nigeria l’économie la plus importante d’Afrique, loin devant l’Afrique du Sud.

Cette première place économique, une population d’environ 177 millions de personnes, la distribution démographique de cette population, essentiellement jeune avec une moyenne d’âge de 18,2 ans, les énormes réserves de pétrole du pays et une croissance économique dynamique de plus de 5 % ces quinze dernières années placent le Nigeria aux premiers rangs des marchés émergents du monde.

Ces éléments sont les principaux facteurs laissant présager de l’importance future des économies du Nigeria et d’autres nations africaines en tant que moteurs de la croissance économique mondiale du XXIème siècle.

À part le Nigeria, d’autres nations africaines sont habituellement citées en exemple dans ces prédictions, comme l’Afrique du Sud, l’Angola, la République du Congo, etc. La plupart de ces pays tendent à avoir une chose en commun : ce sont des pays riches en ressources naturelles.

Étant donné la place importante du Nigeria en Afrique et son récent statut de première économie du continent, ce pays est un bon exemple pour décrire les réalités et les défis auxquels fait face le continent africain.

Dans cet article, nous allons étudier un certain nombre de facteurs et variables économiques afin de confirmer ou réfuter les affirmations ci-dessus. Nous allons réaliser un bref état des lieux des domaines suivants, conditions sine qua non à tout solide développement économique :

  • commerce extérieur,
  • répartition de la richesse,
  • éducation,
  • infrastructure,
  • industrie manufacturière,
  • idéologie économique.

On peut d’ores et déjà dire que ces facteurs font encore défaut au paysage économique nigérian. Le commerce extérieur est encore largement basé sur une seule source, le pétrole. Cela rend tout projet économique sur le long terme provisoire et dépendant des fluctuations du cours du pétrole. L’inégale répartition de la richesse est le second facteur qui pèse lourdement sur le développement économique du pays et qui rend les objectifs de développement difficiles à atteindre. La majorité de la population nigériane est encore engluée dans la plus grande pauvreté du fait de l’inefficacité des mesures économiques des administrations nigérianes successives et des conséquences de la corruption endémique qui s’infiltre dans tous les aspects de la vie politique et socio-économique du pays. Cette corruption endémique maintient la richesse dans les mains de quelques-uns et détourne, au profit des visées égoïstes des membres de la classe dirigeante et de leurs amis, les fonds et les ressources dont manquent cruellement certains domaines de l’économie comme l’éducation ou la santé.

L’état de délabrement du système éducatif au Nigeria constitue peut-être l’un des facteurs contribuant le plus aux maux de la nation. À cause de lui, toute discussion sérieuse sur la croissance économique du pays se rapproche davantage d’un vœu pieux que d’un projet économique sensé. La vétusté inhérente et criante des infrastructures du pays et, plus important encore, leur absence dans certaines régions, demeurent un obstacle au développement économique et à la croissance du pays. Cela freine l’expansion d’une industrie manufacturière viable, tandis que cette dernière constitue une réponse réelle au chômage de masse auquel fait face la population et une solution au futur d’un Nigeria dont les réserves pétrolières devront se tarir un jour. Nous nous pencherons également dans cet article sur l’idéologie économique dominante dans le milieu d’affaires nigérian.

L’adoption sans restriction de politiques économiques néolibérales et du capitalisme sauvage dans toute son ampleur par des hommes et femmes d’affaires nigérians qui devraient pourtant être considérés comme porteurs d’espoir en vue d’un avenir meilleur, laisse présager du pire pour le pays. Cela, en fait, représente peut-être la plus grande menace pour le développement et la croissance économiques du Nigeria. L’accroissement récent et continu de la richesse de ces oligarques et leur influence politique et socioéconomique risquent de s’avérer plus dangereux pour le pays que toutes les autres menaces auxquelles il est confronté.

Nous étudierons chacun de ces facteurs l’un après l’autre, en commençant par le commerce extérieur.

Le commerce extérieur

Les revenus issus du secteur pétrolier représentent environ 96 % des recettes en devises étrangères du Nigeria. En d’autres mots, c’est bien peu dire que le pays dépend du produit de ce secteur pour sa survie. Les revenus du commerce extérieur ont été durement touchés par la tendance à la baisse et les fluctuations du prix du pétrole, depuis la crise économique de 2008. Bien que la nouvelle base de calcul du PIB ait enregistré une augmentation de certains secteurs qui jusqu’alors n’étaient pas pris en compte, cela semble improbable qu’ils puissent remplacer dans un futur proche les recettes issues du secteur pétrolier. Cela montre bien que la croissance économique du Nigeria, si souvent vantée, repose encore sur des fondations plus qu’instables.

L’investissement direct à l’étranger (IDE) vers le Nigeria est bien plus élevé que ceux des autres nations africaines, mais une énorme partie de cet IDE est consacrée uniquement au secteur pétrolier, ce qui réduit drastiquement les investissements alloués à d’autres secteurs, comme l’industrie manufacturière ou l’infrastructure.

En fait, la situation économique actuelle du pays est en comparaison moins bonne que dans les années 1960 et 1970[2]. Ainsi, en réalité, on peut dire que le pays a subi une régression sur le plan économique. Le paragraphe suivant sur la richesse et sa répartition permet d’illustrer ce point.

Répartition de la richesse et des revenus

Treize Nigérians figurent parmi les 50 Africains les plus riches recensés par l’édition 2014 du classement Forbes, dépassant encore une fois l’Afrique du Sud, le précédent tenant du titre. Parmi ces 13 personnes se trouvent trois nouveaux milliardaires et l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote, dont la fortune a été estimée à environ 18 milliards de dollars en 2014. Dans le même temps, 62,6 % de la population nigériane vit dans la pauvreté, un taux plus élevé que celui de ses proches voisins, le Niger et le Bénin[3]. Cela prouve que ce niveau d’inégalité dans le pays est tout simplement intenable sur le long terme. La richesse du pays est répartie entre les immensément riches d’un côté et les extrêmement pauvres de l’autre, car on ne peut toujours pas dire qu’il existe de réelle classe moyenne au Nigeria. Ainsi, moins de 10 % de la population nigériane reçoit plus de 80 % des produits de l’industrie pétrolière au Nigeria. On peut noter que les milliardaires mentionnés plus haut ont tous des liens directs ou indirects avec le secteur pétrolier nigérian.

Comme le souligne le rapport 2014 de la Banque mondiale, cette répartition des revenus a également une dimension géographique[4]. Le pays est divisé de manière inégale entre deux régions économiques, le Sud étant plus prospère et porteur d’une économie plus dynamique que le Nord. Bien sûr, cette disparité dans la répartition de la richesse contribue à expliquer, dans une certaine mesure, une partie des difficultés que rencontrent actuellement les États du Nord.

Le gouvernement, pourtant supposé trouver des solutions à ce problème, participe en réalité activement à ce que rien ne change. Le revenu des officiels du gouvernement nigérian en est un bon exemple. Chaque membre du Sénat nigérian gagne environ 1,531 million d’euros chaque année, tandis que leurs homologues de la Chambre des Représentants reçoivent chacun 1,253 million d’euros annuel.

À titre de comparaison, le Premier Ministre britannique reçoit un salaire annuel de 198 377 euros[5].  Il est intéressant de souligner également que le salaire annuel de base au Nigeria est de 984 euros par an, pour ceux qui ont la chance d’être employés à temps complet.

Cette iniquité dans la répartition de la richesse mène à une inégalité sociale criante qui demeure caractéristique de la plupart des pays africains à l’économie prometteuse. Cette inégalité apparaît de manière évidente dans presque tous les secteurs de la société, mais elle l’est encore davantage dans le domaine de l’éducation.

Éducation

Diverses administrations nigérianes ont proclamé l’importance de l’éducation et ont prétendu la placer au cœur de leurs mesures politiques, mais en réalité, l’éducation, à l’instar d’autres besoins sociaux de base tels que la santé, n’a jamais été prioritaire, ni n’a reçu l’importance qu’elle mérite en tant que pierre angulaire de la construction d’une nation. L’élite contribue à cet état d’abandon, car elle a les moyens d’envoyer ses enfants dans de coûteuses écoles privées à l’intérieur du pays ou à l’étranger, en particulier pour les études secondaires et universitaires. Ainsi, le système éducatif demeure dans un état d’abandon qui lui permet à peine de fonctionner, en particulier dans le Nord. Le budget annuel alloué à l’éducation a diminué plutôt qu’augmenté : de 12,2 % du PIB en 1985, il est tombé à 8,5 % en 2013, bien en-dessous de la moyenne fixée par l’UNESCO[6].

Sans une augmentation drastique des fonds et ressources alloués au secteur de l’éducation par le gouvernement et une refonte complète du système, il sera difficile d’éduquer les enfants d’aujourd’hui et les préparer au monde interconnecté de demain, dans lequel le savoir sera primordial. Les conséquences sociales dévastatrices issues directement de l’ignorance et du manque d’éducation ont déjà de graves répercussions sur les Nigérians. Les massacres actuels, perpétrés par des groupes terroristes tels que Boko Haram dans le Nord du pays, ne peuvent être dissociés du faible accès à l’éducation et du manque d’opportunités économiques viables dans cette région du Nigeria. Là encore se révèle une grande disparité entre le Nord, où plus de 63 % des filles âgées de 15 à 24 ans sont analphabètes ou illettrées, et le Sud, où seules 10 % des filles de cette tranche d’âge sont concernées[7] .

L’état d’abandon dans lequel se trouvent de vastes régions du Nord, où les services et infrastructures de base font cruellement défaut, fait de ces régions un terrain fertile propice à l’apparition et au développement de groupes fondamentalistes de toutes sortes. Ce manque d’infrastructures sera notre prochain sujet.

 Le manque d’infrastructures de base

Un pays ne peut connaître de développement viable sans la présence d’infrastructures de base. En dépit du nouveau calcul du PIB nigérian et de son nouveau statut de première économie d’Afrique, le manque d’infrastructures de base demeure l’un des obstacles les plus importants à un véritable développement économique et humain du pays. Des éléments qui sont généralement tenus pour acquis dans la plupart des pays montrent de graves dysfonctionnements ou pire, demeurent inexistants.

Seul un petit pourcentage de la population a accès à l’eau potable. La production et la distribution d’électricité demeurent insuffisantes et irrégulières. La production d’électricité en 2013 s’élevait à 3 600 mégawatts, loin des 13 000 mégawatts nécessaires à la consommation domestique et industrielle du pays[8]. Une immense partie du pays se heurte encore à l’absence de réseau électrique et les entreprises dépendent en grande partie de générateurs privés pour faire face à leurs besoins énergétiques. Il s’agit là, bien sûr, d’un immense handicap qui freine le développement économique et qui rend excessivement chère toute activité commerciale.

Le transport constitue une autre difficulté économique. Un réseau de transport efficace fait toujours défaut au pays. En dépit de la formidable expansion du transport aérien ces dix dernières années, le coût du transport au Nigeria demeure l’un des plus élevés de la région. Ceci est principalement dû à l’absence de réseaux routier et ferré de qualité. Seuls 28 980 km sur les 193 200 km que compte le pays sont goudronnés. De plus, le manque d’entretien rend la plupart de ces routes impraticables dès le moindre événement climatique. Le réseau ferré est sous-développé et sous-utilisé, avec seulement 3 505 km de lignes de chemin de fer dans tout le pays. L’absence de mesure politique d’envergure visant le développement des réseaux de transport a fait de ce secteur un véritable obstacle au développement économique du pays, au lieu d’en faire un vecteur de croissance.

L’industrie manufacturière

Le nouveau calcul du PIB nigérian a révélé une augmentation considérable de l’industrie manufacturière. Cependant, ce secteur ne représente qu’un pourcentage négligeable du PIB : 6,8 % en 2013. Pour un secteur supposé booster l’emploi et la croissance économique, l’industrie manufacturière au Nigeria n’est que l’ombre d’elle-même. L’histoire a montré qu’un pays de la taille du Nigeria ne peut connaître de réel développement économique sans une importante industrie manufacturière. Mais la malédiction des ressources naturelles, comme sont populairement nommées les conséquences négatives dont souffre un pays riche en ressources naturelles, a ralenti au Nigeria le développement de ce secteur si important. On ne peut ainsi se résoudre à croire que ce pays ait recours à l’importation de pétrole raffiné pour sa consommation domestique, en dépit de ses vastes réserves pétrolières et ses quatre raffineries. Même l’agriculture, qui permettait auparavant au pays d’être autonome dans sa consommation de nourriture, a depuis perdu sa croissance de production. Pour répondre à ses besoins, le pays dépend depuis les années 1970 de la nourriture importée de l’étranger.

Idéologie économique

Afin de clore cette brève analyse, intéressons-nous à l’idéologie économique dominante au Nigeria. Nos études comparatives de la plupart des économies émergentes ont abouti au même résultat. Notre hypothèse est que le capitalisme, dans sa forme la plus rude, est l’idéologie dominante de la plupart des marchés émergents d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Nous avons utilisé les activités d’hommes d’affaires natifs de ces pays comme cas d’étude. Au Nigeria, il est apparu peu à peu que cette idéologie et le système corrompu qui la maintient en place contribuent largement aux fléaux qui gangrènent la société. Le tout-récemment élu président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a fait le serment de s’attaquer à ces problèmes, mais lorsque l’on sait qu’il s’agit d’un ancien chef d’État militaire, qui a largement contribué à l’expansion de la corruption et à la protection des coupables, et dont beaucoup de partisans actuels profitent ouvertement du système[9], on peine à croire que son serment sera honoré.

Quelques éléments de contexte

Historiquement, les pays en voie de développement sont considérés par les entreprises transnationales occidentales comme leur terrain de jeu ; avec le tacite, mais souvent explicite soutien des gouvernements, elles définissent la politique et les mesures économiques des pays où elles sont implantées. Ces sociétés ont constitué, et constituent encore, une formidable force dans les économies de ces nations en voie de développement, détenant parfois plus de pouvoir que les gouvernements eux-mêmes. Elles se sont servies de ce pouvoir de manière implacable afin d’imposer leurs volontés à ces pays. Ces entreprises n’ont jamais laissé des questions éthiques impacter leurs profits. Leur position a toujours été qu’elles ne sont pas des œuvres de charité, mais des entreprises motivées par le profit. L’aube du néolibéralisme, à la fin des années 1970 et au début des années 1980[10], a vu ces entreprises transnationales s’abattre sur les pays qu’elles jugeaient les plus profitables à leurs affaires, et sur les secteurs les plus lucratifs à leurs yeux. Dans la plupart des pays en voie de développement, des institutions internationales telles que le FMI, la Banque mondiale ou le Club de Paris s’étaient déjà assurées, en utilisant les crises de la dette, que les politiques économiques s’orientaient bien de manière à ce que les profits privés soient garantis et protégés.

La plupart de ces pays ont été forcés de se concentrer sur un secteur spécifique de leur économie et autoriser le marché international à fournir les produits ou l’expertise qui leur faisaient défaut. Cela a conduit ces pays à se spécialiser dans une gamme limitée de secteurs économiques, qui la plupart du temps étaient ouverts aux entreprises privées. Des lois néolibérales actées durant cette période permirent à des entités privées de pénétrer des secteurs économiques qui relevaient jusque là du domaine public. Des secteurs essentiels tels que l’industrie minière, l’eau, la santé, les télécommunications, l’éducation, l’agriculture, les propriétés foncières, etc. furent « libérés » de la tutelle publique et « confiés » au privé. Cependant, dans certains pays, certains de ces secteurs n’attirèrent pas d’investisseurs étrangers, car ces derniers ne les considéraient pas assez importants ou insuffisamment matures pour générer immédiatement les énormes profits que nécessitent ces entreprises avant de s’implanter dans un pays (ce fut le cas pour la plupart des pays d’Afrique, et pour certains pays d’Asie et d’Amérique Latine). Dans d’autres pays, le gouvernement ne se montra pas assez « coopératif » pour faciliter l’exploitation de leur économie (Inde, Chine).

Malgré cela, le mouvement néolibéral a créé une grande ouverture permettant ainsi à des entreprises privées d’accéder à la plupart des marchés qui jusque là leur étaient fermés. Cette ouverture était principalement destinée aux investissements étrangers, mais elle a également permis à quiconque disposant d’un capital de monter des affaires dans ces pays.

Au Nigeria, plus précisément, de récentes réformes entreprises par le gouvernement depuis le retour du pays à la démocratie en 1999 ont ouvert une voie royale à l’accroissement du libéralisme dans l’économie.

Ces réformes, qui furent largement encouragées et soutenues par le FMI et autres intérêts occidentaux, permirent à des intérêts privés d’investir dans certains secteurs importants de l’économie. Des ressortissants nigérians se saisirent de cette opportunité pour pénétrer certains des secteurs les plus lucratifs tels que le pétrole, les technologies de l’information et de la communication, le secteur bancaire et financier et, à un moindre degré, le BTP et l’agriculture. La plupart de ces entrepreneurs bénéficièrent d’une mesure gouvernementale visant à encourager les Nigérians à participer à l’économie de leur pays, un programme appelé « the Local Content Initiative » dans le secteur pétrolier, cette mesure obligeant les entreprises à augmenter la part de Nigérians employés dans la réalisation de leurs contrats. Certains hommes d’affaires nigérians élargirent leurs intérêts commerciaux en fonction de la réforme et d’autres créèrent de nouvelles sociétés afin de profiter de la mesure. Des membres de l’élite politique, militaire ou même académique se métamorphosèrent en d’influents dirigeants d’entreprises. Cette période a vu l’essor des nouveaux capitalistes nigérians.

Lorsque nous parlons de ces nouveaux capitalistes, nous nous référons à certains des acteurs majeurs des économies de pays en voie de développement qui investissent et contrôlent rapidement les secteurs les plus lucratifs des marchés émergents. Certains de ces acteurs sont des entreprises individuelles, d’autres sont des groupes détenus par de vieilles familles commerçantes, d’autres encore sont des sociétés privées. Tous ont tendance à poursuivre leurs objectifs commerciaux en tant qu’entités séparées, mais, lorsque cela est nécessaire, ils réunissent leurs forces pour atteindre des buts communs. Ces entités sont en général bien organisées, avec un plan et des objectifs qu’ils décrivent sans mâcher leurs mots : le contrôle total de l’économie, par tous les moyens.

Le facteur fondamental qui distingue ces capitalistes des autres repose sur le fait qu’ils sont originaires et natifs des pays où ils mènent leurs affaires, au contraire des entreprises occidentales qui viennent de loin. Cette distinction permet à ces nouveaux capitalistes de progresser souvent plus facilement dans leurs différents secteurs d’activité. Il est important de noter que certaines sociétés furent créées pour servir de façade aux entreprises occidentales, afin de passer outre les lois et règlementations domestiques, mais nous ne nous intéressons ici qu’aux entreprises ou sociétés totalement détenues ou dirigées, à la majorité des actions, par des citoyens ou des groupes natifs de pays en voie de développement de l’hémisphère sud. Un nombre considérable de ces entreprises n’ont au plus que quelques décennies d’existence dans leurs secteurs d’activité. Mais leur croissance dans ce court laps de temps a été si phénoménale qu’elles méritent qu’on leur accorde toute notre attention. Dans les lignes qui suivent, George Magnus a très justement décrit cette extraordinaire croissance :

« Les pays en voie de développement exportent déjà un montant de près de 6000 milliards de dollars, soit près de deux cinquièmes du total mondial, et l’ascension des entreprises de ce marché émergent a été fulgurante. En 1990, il y avait à peine deux douzaines de sociétés dont le siège social était basé dans des pays émergents avec des ventes s’élevant à plus d’un milliard de dollars pour chacune. D’après les chiffres de 2008, elles sont désormais 560, et 111 d’entre elles ont eu des ventes de plus de 10 milliards de dollars. Trois entreprises – Petrochina, China Petroleum et Gazprom – ont eu des ventes dépassant 100 milliards de dollars [11] ».

Nous n’allons pas entrer dans l’intéressant débat que George Magnus soulève dans son livre à propos des forces et des faiblesses des marchés émergents. Nous nous en tiendrons à soutenir dans cet article que ces nouvelles sociétés et entreprises changent sans aucun doute la face de l’économie mondiale et qu’elles sont les nouvelles forces du capitalisme du XXIème siècle. On pourrait s’attendre à ce que ces entreprises et ces personnes mènent leurs affaires en respectant l’éthique, étant donné que leurs affaires prospèrent dans les pays même dont elles sont originaires. Cependant, à l’instar de leurs homologues occidentales, ces personnes et ces entreprises ne s’embarrassent pas en réalité de questions éthiques, mais se concentrent plutôt sur les profits énormes qu’elles peuvent tirer de leur commerce. Le manque d’institutions légales et administratives bien établies, ainsi que la forte incidence de la corruption dans la plupart des pays où elles font affaire permettent à leurs comportements immoraux et parfois criminels de passer inaperçus et de rester impunis. Intéressons-nous maintenant à la manière dont fonctionnent certaines de ces entreprises détenues par ces nouveaux capitalistes.

Leur mode de fonctionnement

Le fonctionnement de ces entreprises est assez simple. Dans la plupart des cas, une personne ou un groupe de personnes avec un certain capital, pas nécessairement très important, commence par fonder une entreprise et approche ensuite le gouvernement afin d’y trouver du soutien, la plupart du temps sous la forme de contrats hautement lucratifs ou par le biais d’autres moyens comme une faible taxation, voire une dispense totale de taxes, l’obtention gratuite de terrains ou d’autres installations comme la sécurité, l’eau et parfois l’énergie. Dans certains cas, des immeubles sont même construits et équipés par l’État avant d’être remis à ces entreprises. L’aide gouvernementale peut également prendre la forme d’une protection contre les forces du marché, ces dernières pouvant conduire à des pertes financières qui seront garanties et compensées par le gouvernement. Les entreprises protégées de la sorte et préservées de tout risque ont tendance à vite prospérer, réalisant d’immenses profits et se diversifiant rapidement vers d’autres secteurs. Cette diversification est l’un des aspects les plus inquiétants de ce nouvel entrepreneuriat capitaliste. La majorité de ces sociétés contrôlent rapidement leur secteur d’activité et se développent pour devenir des conglomérats multinationaux géants dont le but avoué est de contrôler le plus de secteurs possible. Alors qu’elles peuvent sembler inoffensives aujourd’hui, principalement parce que ces entreprises en sont encore à leurs débuts, elles poseront un sérieux problème lorsqu’elles se seront davantage développées.

Un autre point d’importance que nous devons aborder avant de proposer une présentation de ces entreprises réside dans les honneurs quasi héroïques dont elles sont auréolées, non seulement par les gouvernements des pays où elles sont implantées, mais également par la population qui, par erreur ou à dessein, les vénèrent, tentent de les imiter ou s’y réfèrent comme des modèles à suivre par leurs enfants. Ce phénomène préoccupant constitue selon nous un aspect auquel les intellectuels progressistes doivent prêter davantage d’attention, car une bonne campagne de mise en garde contre les dangers des pratiques néolibérales et capitalistes de ces entités et leurs conséquences inévitables sur la population contribuerait à coup sûr à limiter leur influence. Voyons maintenant qui sont ces acteurs au Nigeria et quels sont leurs domaines d’influence, à commencer par le Groupe Dangote.

Le groupe Dangote

Le groupe Dangote est le plus important conglomérat commercial du Nigeria, il intervient dans divers secteurs économiques tels que l’industrie du ciment, le gaz et le pétrole, l’acier, les télécommunications, l’immobilier, le conditionnement et le transport de marchandises, les activités portuaires, l’agro-alimentaire. Son chiffre d’affaires annuel s’élève à plus de 3 milliards de dollars et il est désormais implanté dans 14 pays africains. Selon l’histoire du groupe, son discret PDG de 58 ans débuta sa carrière dans l’industrie du ciment au Nigeria en mai 1980, puis il se fraya peu à peu un chemin dans le commerce de marchandises telles que le sucre, la farine, le sel et le poisson. Dans les années 1990, le groupe était devenu l’un des « plus grands conglomérats commerciaux opérant dans le pays [12] ». En 1999 cependant, « dans la lignée de la transition à une administration civile (…) le groupe a pris la décision stratégique de passer d’activités basées sur le commerce à des activités de manufacture complète [13] ». Il est intéressant de souligner ici que les activités du groupe restèrent lucratives pendant les pires années de l’histoire récente du Nigeria, lors des différents régimes militaires. Mais le véritable point de départ de sa croissance exponentielle et sans précédent se situe au début des années 2000 lorsque le groupe réalisa de très stratégiques et lucratives acquisitions dans l’économie nigériane, grâce aux douteuses politiques de privatisation mises en place par le gouvernement d’Obasanjo.

Les principales acquisitions réalisées par le groupe auprès du gouvernement nigérian à cette période comprennent, entre autres :

  1. Benue Cement Plc (cimenterie acquise en 2000),
  2. Dangote Equity Energy Resources (divers investissements réalisés au début des années 2000, dans les secteurs amont et aval de l’industrie pétrolière),
  3. Dangote Integrated Steel, Oshogbo (aciérie acquise en août 2002),
  4. Alheri Engineering Company Limited (un groupe Dangote qui acquit en 2007 la licence 3G lui permettant de devenir opérateur téléphonique et de fournir les services de la technologie 3G sans fil. L’entreprise intervient également dans la production et la distribution d’énergie),
  5. acquisition, auprès du gouvernement fédéral, d’une licence lui permettant de gérer le terminal E de l’Apapa Port, à Lagos,
  6. immobilier (le groupe acquit des parts lors de la privatisation de divers biens publics, notamment dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie).

Toutes ces acquisitions et la croissance qui en découla ont conduit le groupe à contrôler un certain nombre de secteurs de l’économie nigériane. Cependant, la proximité de M. Dangote avec divers chefs d’État nigérians et le financement par son groupe de partis politiques et de politiciens, chiffré à plusieurs millions de dollars, ont fait naître, pour certains contrats, des accusations de corruption et de népotisme. M. Dangote ne nie pas cette proximité, mais s’en glorifie plutôt comme un signe de pouvoir. Dans l’une des rares interviews qu’il a donné à la presse, il a déclaré : « Je suis proche des membres du gouvernement parce que je suis un homme d’affaires nigérian, si nous n’y avons pas les bonnes personnes alors (tout) l’argent que j’ai ne sert à rien. Si le pays se transforme en un autre Zimbabwe, par exemple, alors je deviendrai pauvre[14] ».

Cette relation de proximité avec des dirigeants nigérians semble avoir largement contribué aux faciles acquisitions réalisées par le groupe. Certaines d’entre elles sont sujettes à controverse. Par exemple, l’acquisition de raffineries de pétrole réalisée dans les derniers jours de l’administration Obasanjo, a finalement été annulée par l’administration Yar Adua pour non respect de la procédure officielle.

La richesse du fondateur et PDG du groupe, Alhaji Aliko Dangote s’est rapidement accrue depuis ces acquisitions soutenues par le gouvernement jusqu’à augmenter de 577 %, passant de 3 petits milliards de dollars en 2007 à 13,8 milliards de dollars en 2011, et 18 milliards en 2014, le propulsant ainsi sur la liste Forbes des milliardaires comme individu le plus riche d’Afrique[15]. M. Dangote a déclaré que sa fortune allait encore s’accroître dans les cinq prochaines années.

Il est cependant assez étrange que pour un groupe de cette taille, on ne puisse obtenir facilement d’informations précises sur les activités du groupe avant l’année 2000. L’immense fortune de M. Dangote et la rapidité de son acquisition peut sembler un miracle aux yeux des économistes, mais les capitalistes de sa trempe s’imposent peu à peu dans les économies des pays en voie de développement et ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne s’attaquent à l’économie mondiale. M. Dangote n’est qu’un exemple de cette nouvelle classe de capitalistes nigérians, d’autres personnes ou groupes cherchent comme lui à atteindre leurs objectifs capitalistes dans le pays, comme le fondateur et PDG de Globacom, M. Mike Adenuga, un capitaliste nigérian œuvrant dans les secteurs du pétrole et des technologies de l’information et de la communication.

Le groupe Adenuga

Mike Adenuga figure cette année sur la célèbre liste de milliardaires Forbes, avec une fortune nette de 4,2 milliards de dollars[16]. Mais sa richesse réelle demeure sujette à spéculation, car la plupart de ses entreprises ne sont pas cotées en bourse. Globacom, une entreprise de technologies de l’information et de la communication est en passe de dominer ce secteur au Nigeria et dans les pays voisins grâce à l’installation récente de la fibre optique sous-marine.

Comme Dangote ci-avant, M. Adenuga a maintenu d’étroites relations avec les différents chefs d’État nigérians, qu’ils soient militaires ou civils. Cela a conduit à des allégations selon lesquelles il aurait acquis sa fortune grâce à ces relations douteuses. Sa proximité notamment avec Atiku Abubakar, l’ancien vice-président du Nigeria, sous l’administration Obasanjo, est considérée comme l’une des causes de son arrestation et de sa mise en détention, en 2006, par la Commission des Crimes économiques et financiers, pour non-paiement d’obligations contractuelles et évasion fiscale.

  1. Adenuga est également le fondateur et PDG de l’une des premières compagnies pétrolières nigérianes à connaître le succès, Conoil, ainsi que le fondateur et propriétaire de l’Equatorial Trust Bank. Il possède d’énormes intérêts dans le marché immobilier au Nigeria et à l’étranger. Comme les autres personnes évoquées dans cet article, ce bien-nommé « Chercheur d’Or » est un fervent capitaliste qui a la ferme intention de dominer tous les secteurs dans lesquels son groupe, le groupe Adenuga, est impliqué. Tout semble indiquer que lui et son groupe sont bien partis pour exercer un contrôle capitaliste sur le continent.

Le groupe Oando

Une autre figure importante du club des hommes d’affaires nigérians est M. Wale Tinubu. Après des études de droit à l’Université de Liverpool puis à la London Business School, dont il est sorti avec un master de droit et un diplôme d’avocat, M. Tinubu, à l’instar de ses homologues, profita des opportunités offertes par la politique néolibérale du gouvernement nigérian pour acquérir Unipetrol, une compagnie publique spécialisée dans la vente de pétrole, qu’il renomma Oando. Oando se développa rapidement et devint l’acteur local le plus important du Nigeria en matière d’approvisionnement d’énergie et de services associés. Aujourd’hui, la société vaut plusieurs millions de dollars et son PDG Wale Tinubu est l’un des hommes les plus riches du continent. Le groupe constitue maintenant la société de commerce de pétrole, privée et indépendante, la plus importante d’Afrique. Elle mène des opérations au Ghana, au Togo, au Liberia et au Bénin. Elle possède 500 points de vente au Nigeria et est cotée à la Bourse de Lagos et à celle de Johannesburg. Elle se diversifie actuellement en développant des centrales électriques et des raffineries indépendantes. M. Tinubu a déclaré à plusieurs reprises que la privatisation au Nigeria est trop lente et que le gouvernement devrait hâter le processus et l’étendre autant que possible[17].

Pour finir cette section sur les capitalistes nigérians, nous allons évoquer maintenant l’un des groupes dont les activités ont défrayé la chronique ces dernières années au Nigeria, Transcorp Nigeria.

Transcorp Nigeria

Transcorp Nigeria est une société d’investissement enregistrée en novembre 2004. Elle est le produit du vœu proclamé de l’administration Obasanjo de pousser les investisseurs privés locaux à s’engager et à participer à l’économie de leur pays. Cet objectif louable semble en réalité avoir été oublié. Les principaux fondateurs et investisseurs appartenaient de manière surprenante au même groupe d’amis, politiciens et hommes d’affaires tels que le précité Aliko Dangote, Femi Otedola, PDG de Xenon, un groupe intervenant dans le commerce du pétrole, Tony Elumelu de la United Bank for Africa Plc, Jim Ovia de la Zenith Bank, etc.

Deux caractéristiques de cette société détenues par des Nigérians sont particulièrement frappantes et hautement immorales : la première réside dans le fait que la société avait pour investisseurs le président Olusegun Obasanjo lui-même, alors en fonction à l’époque, ainsi que d’autres membres de son gouvernement. La seconde concerne le fait que certains de ces investisseurs faisaient également partie de la commission gouvernementale chargée d’identifier les propriétés publiques à privatiser et de mener les ventes à bien. Comme on peut s’y attendre dans une telle situation, la société fut retenue pour l’acquisition, pour une bouchée de pain, de certaines des meilleures propriétés. La plus controversée de ces privatisations acquises par le groupe concerne les énormes hôtels Nicon Noga Hilton d’Abuja dont 51% des parts furent achetées par Transcorp Nigeria. Par ailleurs, la société obtint rapidement diverses licences dans de multiples secteurs de l’économie nigériane. Après une entrée en bourse plutôt terne au Nigerian Stock Exchange, la société s’est peu à peu développée et s’est diversifiée. L’objectif avoué du groupe est « d’être le premier conglomérat d’Afrique d’ici 2016[18] ».  Aujourd’hui, il intervient dans divers secteurs dont l’hôtellerie, le tourisme, le commerce agricole, l’énergie et le commerce international. Lorsque Transcorp atteindra son objectif, d’autres groupes semblables le suivront de près.

Conclusion

Pour conclure cet article, nous pouvons dire que selon nous, les fondations d’un nouveau mouvement capitaliste au Nigeria ont été jetées et que la superstructure de ce système est actuellement en cours de construction. Tout pousse à dire que l’opinion générale n’a pas montré de réelle opposition à ce nouveau système et que les observateurs internationaux ont fermé les yeux, les oreilles et leur conscience sur le sujet. Pourtant, il ne faut pas être devin pour prédire que ces nouveaux groupes capitalistes ne laissent rien présager de bon pour le pays et sa population.

En effet, l’avenir des économies émergentes d’Afrique, comme le Nigeria, ne semble prometteur qu’aux yeux d’investisseurs capitalistes sans scrupules. Sans une refonte complète des politiques économiques et sociales de ces pays, les gens ordinaires ne s’en trouveront que plus pauvres, comme on peut déjà le constater à Lagos, au Nigeria, où les bidonvilles côtoient des propriétés de plusieurs millions de dollars et où les pauvres sont expulsés de chez eux pour faire de la place aux nouveaux complexes résidentiels destinés aux riches. Le fait qu’il n’existe pas dans ces pays de protections sociale et juridique de base, telles qu’elles furent mises en place presque partout en Europe et aux États-Unis durant l’ère progressiste, signifie que ces pays émergents subiront directement le joug d’un capitalisme néolibéral poussé à son extrême sans même que certains droits élémentaires tels que la santé, la justice sociale, l’éducation ou le droit du travail leur soient garantis. Le futur s’annonce bien sombre pour la population de ces pays.

 

Notes:

[1] Peterson Nnajiofor est maître de conférences au département LEA de l’Université de Lorraine, site de Metz et membre du centre de recherches IDEA.

[2] Sala-I-Martin and Arvind Subrainanian, Addressing the Natural Resource Curse : An Illustration from Nigeria, IMF Working Paper (WP/03/139), juillet 2003.

[3] The World Bank, « Nigeria Economic Report : Improved Economic Outlook in 2014, and Prospects for Continued Growth Look Good », sur le site : http://www-wds.worldbank.org/external/default/WDSContentServer/WDSP/IB/2014/07/23/000470435_20140723133415/Rendered/PDF/896300WP0Niger0Box0385289B00PUBLIC0.pdf.

[4]The World Bank, “Nigeria Economic Report: Improved Economic Outlook in 2014, and Prospects for Continued Growth Look Good”, sur le site : http://www-wds.worldbank.org/external/default/WDSContentServer/WDSP/IB/2014/07/23/000470435_20140723133415/Rendered/PDF/896300WP0Niger0Box0385289B00PUBLIC0.pdf.

[5] Remi Adekoya, “Can Muhammadu Buhari curb the lavish lifestyles of Nigeria’s political elite ?”, The Guardian, 29 May, 2015 ; sur le site : http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/may/29/muhammadu-buhari-lavish-lifestyles-nigeria-elite.

[6] Ibidem.

[7] Barbara Barungi, African Economic Outlook, Nigeria 2014, sur le site :

http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/CN_Long_EN/Nigeria_EN.pdf.

[8] Barbara Barungi, art. cité, 2014.

[9]  Remi Adekoya, art. cité, 2015.

[10] David Harvey, A Brief History of Neoliberalism, Oxford UP, Oxford, 2007.

[11] George Magnus, Uprising: Will Emerging Markets Shape or Shake the World Economy ? , Wiley, Chichester, West Sussex UK, 2011.  (Traduction de l’auteur)

[12] Dangote Group History, sur le site : http://www.dangote-group.com/aboutus/history.aspx

[13] Ibidem

[14] James Whittington, “Nigerian wealth fails to trickle down”, BBC News sur le site : http://news.bbc.co.uk/2/hi/business/6572289.stm. (Traduction de l’auteur).

[15] Forbes Billionaire Profile, Aliko Dangote sur le site : http://www.forbes.com/profile/aliko-dangote.

[16] Forbes Billionaire Profile, Mike Adenuga, sur le site : http://www.forbes.com/profile/mike-adenuga/?list=billionaires.

[17] Erin Burnett, « Erin Burnett Interviews Wale Tinubu, Oando CEO, Dollars and Danger: Africa, The Final Investing Frontier – Nigerian Oil », CNBC Squawkbox. 1 May 2011 ; sur le site : <http://video.cnbc.com/gallery/?video=1146863039&gt;.

[18] Transcorp Nigeria. « Our Company. » Transcorp Nigeria, 30 Apr. 2011 ; sur le site : <http://www.transcorpnigeria.com/our-company/company.html&gt;.