Efficacité et efficience des stratégies locales du développement en contexte globalisé: L’exemple d’une analyse SWOT de l’entreprise domestique au Kasaï oriental (RDC)[1]

Alphonse Nkongolo, Mulami Kapweka

171Hier havre de paix, fleuron et locomotive de l’économie du continent noir, déclencheur potentiel du développement de l’Afrique, à en croire Frantz Fanon[2], aujourd’hui la République démocratique du Congo (RDC) peine à se mettre debout malgré ses multiples richesses (humaines, naturelles, culturelles…) qui restent l’objet de convoitise de tous genres.

En effet, depuis son accession à l’indépendance, le peuple congolais n’arrive toujours pas à poser les fondements d’un État politiquement fort, économiquement compétitif et socialement stable. Malgré les multiples richesses naturelles qui font dire de ce pays qu’il est un scandale géologique, les différents rapports du Programme de l’Organisation des Nations Unies pour le développement de ces dernières années, classent le développement humain de ce pays toujours dans les dernières places sur la liste des pays du monde.

La conséquence immédiate visible, perceptible dans la population, c’est le refuge de la plupart des Congolais dans les activités informelles, activités précaires, mais vitales pour cette population. Ce sont des activités auxquelles font partie ce que nous appelons les Entreprises domestiques (ED) qui font l’objet de notre recherche et de nos analyses.

Face à cette précarité de la vie socioéconomique du peuple congolais, le problème qui se pose est celui de savoir ce qu’il faut faire pour sortir le pays de cette situation humainement désastreuse afin d’atteindre le développement qualitatif auquel tout homme aspire en ce monde. Quels sont les facteurs et les conditions à réunir pour relever ce défi ? Autant de questions qui préoccupent et doivent préoccuper tout le monde, le Congolais comme le non Congolais qui aime ce pays ou s’intéresse à lui.

À ces interrogations majeures, pour les uns, la solution à la question du développement du Congo (et par conséquent des pays en voie de développement) doit nécessairement passer par la solidarité internationale. Il s’agit là d’une vision déterministe, pyramidale et descendante du développement, puisque décidée d’en haut ; une vision miracle et providentielle, puisque sans l’implication directe et substantielle des bénéficiaires ; une solution magique puisqu’offerte comme un prêt-à-porter ; une solution paternaliste puisque faisant des bénéficiaires d’éternels assistés, au lieu d’en faire les protagonistes de leur propre développement ; une vision déterministe et linéaire du développement puisque résultat d’une sorte de copier-coller qui estimerait que les pays sous-développés n’ont plus rien à inventer, il suffit qu’ils prennent ce qui est déjà inventé sous d’autres cieux et qu’ils l’appliquent dans leur contexte pour que le développement se mette en marche chez eux. Pense-t-on, par exemple, qu’un entrepreneur domestique qui aurait comme activité un salon de coiffure n’a pas besoin d’inventer sa paire de ciseaux puisqu’elle existe déjà et que la tâche lui a déjà été facilitée !

Dans les faits, c’est cette solution descendante qui a caractérisé et caractérise encore certaines politiques de développement, dites politiques d’aide au développement. En effet, il est à reconnaître que ces politiques d’aide au développement ont eu effectivement à faire leurs preuves dans l’histoire de l’humanité depuis, entre autres, le Plan Marshall, plan conçu et appliqué au lendemain de la seconde Guerre mondiale. Cependant, comme toute médaille a son revers, il n’y a pas non plus de doute à reconnaître par ailleurs que ces politiques d’aide au développement ont présenté et présentent encore aujourd’hui autant de mérites qu’elles ont des limites aussi dangereuses pour un développement authentique et durable, surtout quand on les applique, dans un contexte africain, comme un prêt-à-porter. Car un peuple perpétuellement assisté ne peut pas effectivement et durablement se développer. Le cas de l’ex-Zaïre en est une preuve irréfutable. Il a reçu des milliards de dollars pendant des années qui n’ont permis qu’à rendre plus pauvre les pauvres, à les faire croupir sous le poids de la dette et de la faim, ces deux armes de destruction massive. Pour cette raison, comme pour bien d’autres, le peuple congolais est aujourd’hui meurtri, chosifié, animalisé, paupérisé à l’extrême et gémit sous le poids d’une dette extérieure à payer sans en connaître l’origine et sans n’avoir jamais joui de son droit d’être le premier bénéficiaire des richesses naturelles de son pays.

Ce n’est pas tout. L’assistance à perpétuité porte à des antivaleurs dont les conséquences sur le processus de développement vrai sont incalculables. Elle a notamment conduit à la corruption dans le camp des gouvernants qui en sont les bénéficiaires effectifs et les premiers gérants. Les petites gens, au lieu d’en être les bénéficiaires privilégiés, sont totalement exclues du circuit de ces aides. En plus de la corruption, ces politiques d’aide ont conduit à la dépendance perpétuelle et infantilisante de tout le système étatique (politique, économique, social…) qui, en RDC, est resté dans son essence centrifuge et extraverti.

Par ailleurs, si, pour les uns, la solution pour tirer la RDC du gouffre doit impérativement passer par la solidarité internationale, pour les autres, par contre, en opposition aux aspects négatifs de l’aide internationale stigmatisés précédemment, soutiennent qu’un vrai développement doit partir de la base, à l’instar de la racine d’un arbre. Car on ne peut pas prétendre développer un pauvre sans sa participation dès la conception du projet en sa faveur jusqu’à son évaluation en passant par sa réalisation.

Pour ceux qui défendent cette alternative, le développement est et doit être inductif, ascendant, contingent, contextuel, localement conçu, dépendant d’un ensemble de facteurs qu’il faudrait impérativement prendre en considération, notamment les potentialités territoriales, les coutumes et les traditions, l’analyse territoriale des besoins vitaux des protagonistes eux-mêmes, le rôle territorial de l’État et de l’Église (ou mieux des Églises), et des autres structures fiables présentes sur le territoire. C’est là le rôle de l’analyse SWOT[3], qui est ici appliquée à l’ED telle qu’elle se présente au Kasaï orientale, notre province d’origine.

La vision descendante du développement et celle ascendante se situent en opposition, chacune comportant des aspects positifs et négatifs. Une synthèse, pourvu qu’elle soit équilibrée, pourrait être porteuse de solutions inédites au problème du mieux-être de la population congolaise. Cependant, à regarder de près, l’ED, qui joue un rôle central dans une vision ascendante du développement, n’est en rien l’égal des acteurs de l’autre vision, les entreprises multinationales et autres grands de ce monde qui ont envahi tous les secteurs de la vie de nos populations. La recherche d’une synthèse devrait donc commencer par redynamiser les ED. Et c’est l’analyse SWOT qui permet, non seulement de saisir les forces et faiblesses, les opportunités et les menaces de ce genre d’entreprise, mais aussi de voir par où commencer pour rendre l’ED du Kasaï orientale viable et performante.

En effet, point n’est besoin de prouver que ces deux visions prises séparément ne portent à rien, et d’ailleurs elles n’ont porté à rien jusqu’à ce jour. Pour preuve, le pays, comme nous l’avons souligné, a reçu autant d’aides qui n’ont rien changé à sa situation, si ce n’est qu’à augmenter sa dette extérieure et à rendre plus pauvre les pauvres. En plus, même si visiblement la vision ascendante du développement peut être la meilleure des deux, il n’est pas certain que l’ED qui, de quelque manière, joue un rôle moteur dans cette vision, dans son état actuel, soit la solution efficace et efficiente au problème du développement de l’ex-Zaïre. En conséquence, c’est plutôt, à notre avis, la conjugaison de ces deux visions qui porte en soi le secret du développement vrai et durable.

Pour cela, et donc pour arriver à d’inattendues surprises innovatrices, fruit de la conjugaison de ces deux visions, le point de départ obligé semble être le foyer domestique, l’ED, dont le rôle et l’apport à l’économie domestique et national ne sont pas à négliger. Par ED, il faut entendre toutes les activités génératrices des revenus qui font vivre et survivre tant de familles congolaises actuellement. Il s’agit des solutions ou stratégies locales de tous genres qu’invente la population congolaise pour répondre au défi du mieux-être. Ces ED peuvent être distinguées en quatre catégories :

– les ED de production (par exemple la production de l’alcool indigène) ;

– les ED d’art (par exemple la potière ou la fabrication des vases d’argile) ;

– les ED de service (par exemple les petits restaurants et salons de coiffure) ;

– les autres ED (où il est possible de classer les commerçants ambulants).

Dans cette classification, aucune de ces ED n’est ni viable, ni vraiment performante. Tout est précaire et reflète la précarité elle-même.

À ce stade, il est important de noter que ces deux visions ascendante et descendante du développement font que la RDC se trouve aujourd’hui comme à la croisée de deux voies de telle sorte qu’il est urgent et impérieux de concevoir une vision du développement du Congo qui soit capable de conjuguer harmonieusement ces pôles visiblement antagonistes. C’est de cette conjugaison harmonieuse que devra se dégager la contribution substantielle de la RDC à la globalisation[4]. Comme le dit M. Yunus, « Pour que la mondialisation profite à tous, nous devons avoir un code de la route équitable, des panneaux de signalisation et des agents de circulation. La loi du plus fort doit être remplacée par les règles protégeant la place des pauvres sur l’autoroute. En leur absence, le libre marché mondial tombera sous le contrôle de l’impérialisme financier[5] ». Dans les faits, le développement par la voie de l’international, qui fascine les Congolais, est plus occidental et occidentalisé qu’il ne peut pas être global et donc applicable en tout temps et en tout lieu sans qu’il ne crée certains problèmes d’adaptation.

C’est pour répondre au défi de conjugaison des pôles antagonistes que la Théorie de la Régulation sociale (TRS) de Jean-Daniel Reynaud, sans être une théorie proprement économique, peut être d’un grand secours. En effet la TRS est née dans un contexte professionnel et ses concepts majeurs sont le conflit, la règle, le compromis. C’est parce qu’elle vise le juste milieu des visions antagonistes qu’elle peut être utilisée comme base pour soutenir la conjugaison des visions descendante et ascendante du développement qui renferme le secret du développement de tout pays.

Par ailleurs, étant donné que la majeure partie de la population congolaise n’a pas d’autre alternative, l’ED ne peut être niée puisqu’elle est, non seulement le reflet des mécanismes de résistance des pauvres contre la pauvreté et, par conséquent, reflète la pauvreté (la précarité) elle-même, mais aussi constitue un signal très fort de l’économie politique d’un pays qui se porte mal. Ainsi, s’il faut sauver les foyers domestiques congolais, il faut aller les rejoindre là où ils se sont réfugiés, dans les ED qui sont le refuge de ces foyers.

À cette fin, il est utile de déterminer le degré d’efficacité et d’efficience de l’ED dans le contexte du Kasaï, à travers ses points forts et faibles, ses opportunités et menaces, afin d’indiquer en quoi et comment l’ED peut devenir un support pour le développement de la province ou du pays.

Cette démarche n’a de sens que supportée par une hypothèse centrale qui, fruit de l’expérience familiale de l’auteur, de l’observation critique des efforts de lutte contre la pauvreté menés à travers l’histoire de l’humanité et de la lecture de certains auteurs, peut être formulée ainsi :

– concevoir une nouvelle vision rendant viable et performante l’ED par la mise en place des institutions d’encadrement adaptées et l’adoption des mesures efficaces en RDC, serait la meilleure stratégie pour combattre efficacement la pauvreté, et faire du pauvre Congolais l’artisan de son propre développement.

Cette hypothèse centrale ne peut avoir de portée opérationnelle qu’à la condition d’être accompagnée de deux hypothèses complémentaires spécifiques qui peuvent être libellées ainsi :

– il est possible de modifier des modèles ou des politiques de développement avérés inefficaces et actuellement à l’œuvre dans l’économie mondiale, à deux conditions : d’abord, redéfinir les priorités et rompre totalement d’avec les dogmes du passé, et, ensuite, s’organiser en suivant une autre logique, la logique de la pyramide renversée. Sans cette condition sine qua non, rien et absolument rien ne pourrait changer dans l’économie mondiale, et aucun objectif pour le développement des pays pauvres ne pourrait être atteint ;

– plus le renforcement, l’encadrement de l’ED est garanti, surtout en milieu rural congolais, moins sera à redouter l’émergence de phénomènes sociaux préjudiciables, comme l’exode rural massif, l’émigration clandestine, le travail des enfants, la précarité des emplois et la trop grande dépendance économique du peuple aux aides extérieures, qui constituent des formes de pauvreté et d’exclusion sociale.

La pertinence de cet ensemble d’hypothèses dépend de leur vérification. Celle-ci est rendue possible par l’étude des ED au Kasaï oriental qui a été l’objet du travail de recherche évoqué ici, qui a débuté par des enquêtes menées sur le terrain, suivies par l’analyse de leurs résultats.

Qu’en est-il des ED au Kasaï orientale ?

Comme toutes les entreprises, ces ED sont confrontées à divers problèmes. Il s’agit du problème de leur financement (c’est-à-dire de l’épineuse question de les doter d’un capital suffisant), celui de leur approvisionnement et de la concurrence à laquelle elles sont confrontées (c’est-à-dire de leur accès à différents marchés) et celui des divers corps de métiers qui constituent le cœur de chacune d’elles. L’analyse SWOT permet d’approfondir la connaissance de ces ED du point de vue de leur organisation propre et de leur insertion dans l’environnement spécifique du Kasaï. Il s’agit ici de relever les points forts et faibles, les opportunités et les menaces en rapport avec différents facteurs, le capital, les marchés, les formes d’organisation de celles-ci.

Les points forts à mettre à l’actif de ces ED tiennent aux rôles qu’elles jouent au Kasaï : un rôle primordial pour la survivance économique des familles mais également sont-elles à la fois des lieux de créativité et de promotion de la propriété privée. Leurs points faibles se situent sous trois axes : un axe organisationnel, un axe financier et un axe technique. Ces trois axes renvoient à trois des quatre rouages du développement dont on parle depuis les économistes classiques (capital, technologie, ressources humaines et naturelles), ce qui revient à dire qu’aujourd’hui les trois quarts de ces rouages ne fonctionnent pas dans les ED du Kasaï.

Plusieurs opportunités peuvent aider au succès d’une transformation positive des ED. Il est possible de les énoncer ainsi :

– la croyance qui peut être considérée, dans une certaine mesure, comme facteur de développement. Le peuple kasaien est fondamentalement religieux. Il compte 55 % de catholiques, 25 % de protestants, 15 % d’animistes et 5 % de musulmans ;

– les ressources humaines. Le peuple kasaien représente de l’ordre de 8,5 % de la population de la RDC ;

– les ressources naturelles ou environnementales. La nature a doté le peuple kasaien de grandes richesses. Si la RDC est aujourd’hui le premier producteur mondial de diamants industriels, c’est d’abord grâce à ce diamant du Kasaï.

Les menaces à une transformation des ED en outil de développement et moyen de lutte contre la pauvreté sont de trois ordres :

– l’absence des conditions nécessaires, c’est-à-dire, nous l’avions noté précédemment, les difficultés financières, techniques et organisationnelles ;

– les effets des héritages historiques ;

– l’influence de la culture et des paramètres ethniques.

Comment s’appuyer sur ces forces, profiter des opportunités pour combattre les faiblesses et éloigner les menaces ?

Il s’agit de concevoir et de proposer une vision nouvelle capable de relever les défis financiers, les défis techniques et organisationnels qui menacent et affaiblissent l’ED au Kasaï oriental. Il s’agit en quelque sorte de trouver les mécanismes capables de formaliser l’informel, des mécanismes pour sauver l’ED de ce fourre-tout appelé informel. Cette vision nouvelle peut être celle proposée par l’organisation non gouvernementale (ONG) « Fondation Budisangi pour le développement rural » (Fobuder). Elle conduit à penser qu’il existe des mécanismes permettant à l’ED congolaise, si elle est bien encadrée (par l’État et d’autres structures alternatives telles l’Église et les ONG internationales ou locales, comme Fobuder), de pouvoir contribuer à l’économie congolaise et à faire sortir la population congolaise de la misère où elle patauge.

Pourquoi et comment s’organiser, se financer, et quels sont les techniques à acquérir pour le renforcement des capacités de l’entrepreneur domestique et de son entreprise ? Telles sont les trois questions qui constituent les trois points forts rendant possible une formalisation de l’informel. L’ED étant l’expression de l’informel, pour la formaliser il faudrait, selon l’aboutissement de cette recherche :

1/ Favoriser l’esprit associatif au sein de la population congolaise. C’est la condition sine qua non du développement de nos communautés. Au sein d’une communauté, il faudrait qu’on arrive, par exemple, à des associations telles que associations des coiffeurs, des cultivateurs, des vendeurs de telle ou telle marchandise, de telle sorte que les protagonistes de chacune de ces activités aient la possibilité de faire ensemble l’analyse de leurs potentialités et de leurs difficultés, d’imaginer ensemble des solutions possibles.

2/ Avoir des structures d’encadrement des entrepreneurs domestiques, structures fiables et spécifiques pour relever les défis organisationnels. L’État, sans lequel il y aura un « laisser faire », l’Église et des organisations de base fiables, comme l’ONG Fobuder, ont un rôle important à jouer dans cet encadrement.

3/ Capitaliser toutes les initiatives de base, surtout en ce qui concerne l’autofinancement. Cela permettrait de relever le défi financier. C’est notamment le cas de la « ristourne » appelée Cinkudimba en langue luba. De plus le microcrédit a aussi toute sa place, surtout pour soutenir les associations sectorielles, conformément à la première recommandation.

4/ Revaloriser nos cultures et leurs techniques en ce qu’elles ont de meilleur. Par exemple, tous les proverbes et contes capables de donner un ton comme un mot d’ordre à la prise de conscience de s’organiser à la base pour ne pas aller en ordre dispersé, devraient être capitalisés.

5/ S’ouvrir à d’autres réalités, puisqu’il n’y a pas de développement vrai et durable qui s’effectuerait en vase clos. C’est à cette condition que toute communauté peut prétendre apporter sa part dans et à la mondialisation au lieu d’en subir les effets. Subir et appliquer la politique de la chaise vide dans la mondialisation est plus nocif à la redynamisation des stratégies locales de développement. C’est en se rendant présent sur l’échiquier mondial que l’on peut militer pour le changement des mécanismes d’octroi d’aides dites « aides au développement », aides qui se sont révélées, à plus d’un titre, plus fatales que bénéfiques pour les pays pauvres. Car il faudrait que ces aides profitent réellement aux pauvres du pays et qu’elles soient effectivement des aides qui viennent pour donner un coup de main, et non pour tout faire à la place du bénéficiaire.

Notes:

[1] Cet article est issu de la dissertation de soutenance de la thèse de Doctorat, rédigée par Monsieur Alphonse Nkongolo Mulami Kapweka et présentée par lui à la Faculté de Sciences sociales de l’Université pontificale grégorienne le 3 juillet 2014. L’auteur est coordonateur de Caritas développement.

[2] La RDC, placée au cœur de l’Afrique, reste une nation stratégique dont Frantz Fanon et d’autres penseurs avaient reconnu et reconnaissent encore l’importance et le rôle incontournable pour le développement de l’Afrique : « L’Afrique a la forme d’un revolver et sa gâchette se trouve au Congo ». Cf. Frantz Fanon, L’An V de la révolution algérienne, Éditions Maspero, Paris, 1959.

[3] SWOT (Strength, Weakness, Opportunities and Threat) est un instrument de planification stratégique développé dans les années 1960-70 et attribué à Albert Humphrey. Cet instrument est souvent utilisé pour la connaissance d’un territoire (ou d’une institution) dans lequel on voudrait investir avec pour but de minimiser les risques et de maximiser les chances de réussite.

[4] Dans ce texte les deux termes « globalisation » et « mondialisation » sont utilisés indifféremment sans tenir compte des détails qui les différencient. Car, en commun, les deux entraînent l’interdépendance au niveau mondial. Toutefois, les puristes qui mettent en exergue la différence entre les deux concepts, soutiennent que la mondialisation est un système qui tend à harmoniser et à atténuer les liens d’interdépendance entre les nations. Elle concerne les activités humaines et les systèmes politiques, avec la libre circulation des biens, des services, des connaissances, des hommes et des capitaux à travers le monde. On l’emploie surtout pour désigner la mondialisation économique et la diffusion des informations au niveau mondial à travers le numérique. C’est en gros le processus d’extension du capitalisme au reste du monde. Tandis que la globalisation est un système qui façonne le monde à l’image d’une puissance qui croit détenir la vérité. Les tenants de la globalisation/mondialisation oublient que la théorie linéaire et déterministe qui inspire leurs politiques de développement porte en elle plus la capacité de destruction des valeurs culturelles et traditionnelles des pays du tiers-monde, qui pourraient être un support pour un développement authentique, que celle de construction du bien-être dans ces pays.

[5] M. Yunus, Vers un nouveau capitalisme, Jean-Claude Lattès éditeur, Paris, 2009.