Divisions et restructuration sociale: les compagnies minières étrangères dans les communautés rurales d’Amérique latine

David Aube*

 

151L’Amérique latine est une destination de choix pour les touristes nord-américains attirés par ses plages, ses forêts tropicales et ses paysages à couper le souffle. Par contre, ils ne sont pas les seuls séduits par cette région du monde et ses richesses historiques, culturelles et naturelles. Depuis des décennies, les compagnies transnationales foulent le terrain de multiples États. La recherche du profit les amène à convoiter la main-d’œuvre bon marché et un accès aux ressources naturelles au rabais. Un secteur profitant de ces avantages est celui de l’exploitation minière. Il faut dire que la colonisation de l’Amérique latine a été faite en partie à cause des richesses minérales, donc, il ne s’agit en rien d’un phénomène nouveau. Par contre, comme tout phénomène, la présence de « boom » affecte le degré d’importance de celui-ci. Depuis des générations, de l’or, de l’argent, du fer, etc… sont extraits des terres de ces pays qui n’en retirent que des profits minimes. L’industrie extractive transfère les ressources du « Sud » ou des pays plus pauvres vers le « Nord » ou les pays riches où elle est basée. Ces transferts sont souvent légitimés par des traités internationaux avantageant les riches ayant plus de pouvoir dans des relations de force.

L’anthropologie des mines est un sujet crucial à analyser afin de bien comprendre les effets sociopolitiques de l’exploitation minière sur un territoire. Bien que la grande majorité des œuvres soient axées sur les aspects techniques ou dénonciateurs, des œuvres classiques comme celles de June Nash[1] ou de Michael T. Taussig[2] touchent l’aspect anthropologique en abordant comme sujet les travailleurs. Il est essentiel de noter qu’une identité se forge dans ce groupe social et qu’aujourd’hui, lors d’une exploitation minière à ciel ouvert, le tio (démon) est devenu la mine tout simplement. Par ailleurs, Ricardo Godoy[3] apporte dès 1985 des données intéressantes sur les phases d’exploitation minière. Par contre, l’accent mis sur le mineral economics limite la portée sociale de ses résultats. C’est Ballard et Banks[4] qui vont décrire, en 2003, les acteurs principaux de l’instauration d’un projet minier. Toutefois, leur absence de définition du concept de « communautés locales » réduit l’analyse des dynamiques régionales de résistance et d’acceptation. Deux œuvres sur les compagnies minières canadiennes en Amérique latine et en Afrique, la première écrite par un collectif de chercheurs et d’acteurs impliqués sur le terrain[5] et l’excellent « Noir Canada »[6], m’ont permis de mettre en contexte, autant historique que social et politique, l’essor des entreprises d’ici dans des pays étrangers. Leur approche est loin d’être anthropologique, mais elle fournit des données qualitatives et quantitatives qui servent à établir des comparaisons entre les lieux d’exploitation.

Dans les prochaines pages, une analyse des impacts sociopolitiques des compagnies minières étrangères[7] sur des petites communautés rurales[8] d’Amérique latine permettra de mieux comprendre le besoin de réévaluer les pratiques de cette industrie. Utilisant des écrits académiques et des organisations non gouvernementales (ONG), je dresserai premièrement un historique condensé de l’industrie minière dans cette partie du monde. Par la suite, je traiterai des effets causés sur la structure sociale locale par l’augmentation de la polarisation et des divisions sociales, spécialement avec l’introduction d’un nouveau groupe temporaire, les ouvriers de la mine, qui affectent la position de la région face à l’entreprise minière. Ces impacts constituent la base sur laquelle vont s’appuyer les effets sociopolitiques de deuxième degré, qui sont directement politiques. Parmi ceux-ci, on retrouve des divisions municipales, accentuées par la création d’identités propres à chaque localité, l’émergence d’une élite protestataire liée à des organismes internationaux et une accentuation de la voix citoyenne et de la participation dans les affaires locales et nationales grâce à l’éducation relative à l’environnement facilitée par la naissance de mouvements sociaux.

Une étude de terrain menée dans la vallée de Siria, au nord du département de Francisco Morazan, au Honduras, lors de l’été 2008, servira d’assise pour les données puisqu’une partie de la population de cette région, spécialement les habitants du village d’El Porvenir, dénonce la compagnie minière canadienne anciennement Glamis Gold, devenue Goldcorp Inc. depuis 2000.

Plus ça change, plus c’est pareil

Avant l’arrivée des Européens en Amérique, les habitants du « Nouveau Monde » exploitaient aussi les minéraux par contre, leur système n’était pas similaire à ce qui se faisait en Europe. Il s’agissait surtout de petites exploitations artisanales qui pouvaient servir, entre autres, à la fabrication de symboles religieux et culturels. Sa valeur marchande n’était en aucun temps comparable à celle d’Europe. Toutefois, tout ceci est chamboulé avec la quête de la richesse par les conquistadors espagnols. Le mouvement de colonisation vers les terres continentales stimule le premier des trois booms miniers qu’a vécu l’Amérique latine depuis 1521.

Cette première vague débute peu de temps après la conquête espagnole alors que les conquistadors utilisent les autochtones comme esclaves dans les mines. Selon André-Marcel d’Ans[9], c’est l’extraction des métaux précieux durant la période coloniale qui décide de l’emplacement des villes puisque les gens s’agglomèrent près des puits d’exploitation de minerais métalliques, donc près des ressources économiques et sociales de la région. Tegucigalpa, la capitale du Honduras, est fondée en 1578 suite aux découvertes de plusieurs mines d’argent dans les environs. La période coloniale voit ainsi des villes naître, être les centres d’une région et disparaître dans l’oubli dès que les richesses de la terre sont épuisées. La quête de gisements riches en minéraux dicte les politiques espagnoles visant purement et simplement l’enrichissement de la métropole à l’aide des ressources des colonies. Les dépenses de la famille royale demandent une augmentation constante de l’exploitation. Les esclaves travaillent dans des conditions extrêmement difficiles étant même exploités jusqu’à la mort. Bartolomé de Las Casas[10] décrit clairement les abus que subissent les populations autochtones et métisses soumises aux dirigeants espagnols. Ce contexte est antagoniste avec celui d’avant la colonisation puisque, comme le souligne Taussig[11], dans l’empire Inca, les métaux précieux étaient exploités non comme un tribut forcé, mais plutôt comme un cadeau à l’empereur divin. Ce premier boom est violent et n’a comme prémisse que de remplir les coffres de l’aristocratie espagnole et de payer ses dettes extravagantes.

La deuxième vague d’exploitation minière se situe vers la fin du XIXème siècle et elle est centrée sur des produits métallurgiques aidant la révolution industrielle en Europe et aux États-Unis. Ce boom est caractérisé par des concessions minières avec des restrictions minimes offertes à des compagnies étrangères[12]. Les États-Unis commencent à prendre de plus en plus de poids sur la scène internationale et leur influence sur l’Amérique latine s’accroît. La proximité géographique avec cette puissance mondiale fait en sorte que rapidement, le Sud devient la source d’approvisionnement en matières premières pour les industries qui se développent au Nord et en Europe. La majorité des pays de l’Amérique latine étant devenus des États indépendants, la relation entre métropole et colonie n’existe plus formellement. Par contre, les tarifs préférentiels pour les compagnies étrangères et l’absence de législation les contrôlant soulignent une inégalité toujours présente dans les relations de force entre les États. Ainsi, cette période souligne la subordination de l’Amérique latine face aux pays riches et indique que les projets nationaux n’ont pas permis de stabiliser les rapports de force au niveau international.

Le dernier boom débute dans les années 1980 et 1990 et est caractérisé par une recrudescence de l’exploitation minière de l’or et de l’argent[13]. Au cours des dernières années, l’Amérique centrale est redevenue une destination de premier choix pour les compagnies minières d’or. En 2005, plus de 23 sites importants se retrouvaient au Guatemala, Honduras, El Salvador, Nicaragua et Panama, la majorité étant exploitée par des compagnies canadiennes[14]. Comme les booms précédents, celui-ci est occasionné par la demande des pays industrialisés, incluant maintenant des puissances économiques asiatiques[15]. La mise en place de nouvelles régulations minières nationales favorisant les investisseurs, spécialement dans des régions où les investissements étaient plus réglementés auparavant, est aussi une tendance importante de cette phase[16]. Des concessions minières avec des droits presque illimités concernant l’environnement, l’utilisation de l’eau, le déplacement de population et des taxes minimes favorisent la présence de compagnies transnationales sur les territoires de l’Amérique latine. De plus, la privatisation de compagnies nationales dans plusieurs pays souligne l’effacement des États dans le contrôle de l’industrie minière sur leur territoire. Les États rivalisent pour attirer les investissements transnationaux que représentent les compagnies minières. Il faut souligner que la crise financière des années 1980, ayant affecté une majeure partie de l’Amérique latine, force à la recherche de capitaux afin de remplir les obligations financières des dettes encourues. La mise en place de lois avantageuses sert donc cette prémisse.

Cette troisième vague est si importante qu’en l’an 2000, l’Amérique latine comptait pour 30 % des investissements dans l’exploitation minière mondiale alors qu’en 1990, elle ne comptait que pour 12 %[17]. Il s’agit actuellement de la destination la plus fréquente pour les investissements miniers. Ces nouveaux projets d’exploitation se retrouvent généralement dans des zones frontalières ou protégées ainsi que dans des régions éloignées ou marginalisées où habitent des populations autochtones[18]. Les exploitations dans des régions « traditionnellement » minières comme le Brésil, le Pérou et le Chili ont augmenté et l’industrie s’est même étendue dans des pays qui n’avaient jamais été des centres miniers importants, comme l’Argentine et le Honduras. Ceci s’explique en partie par l’utilisation de nouvelles technologies permettant l’exploitation de minéraux dispersés dans le sol, couvrant de larges régions où la concentration en minéraux est faible[19]. Ces techniques allouent aux compagnies la possibilité de retirer des profits majeurs du sol grâce aux faibles coûts de production. Il y a donc une attraction immense pour les ressources de cette région du monde et, avec des lois avantageuses, il n’y a aucune raison pour qu’au niveau économique, leurs investissements ne soient pas rentables. D’ailleurs, les compagnies minières enregistrées dans le marché de la bourse canadienne en 2001 avaient des intérêts dans plus de 975 propriétés minières en Amérique latine[20]. L’importance de ce troisième boom est indéniable et les impacts, autant positifs que négatifs, sur les communautés touchées par ce phénomène sont multiples. Cependant, les deux prochaines sections soulignent à quel point les effets, et ici seulement au niveau socioéconomique, sont considérables pour des régions éloignées et souvent marginalisées économiquement et politiquement comme le démontre l’exemple de la vallée de Siria.

 Ouverture de la structure sociale

Avant de continuer, il est essentiel de présenter succinctement la région de la vallée de Siria, au Honduras, puisqu’elle servira de base pour la présentation des effets sociopolitiques. La vallée de Siria est composée de trois municipalités : Cedros, San Ignacio et El Porvenir. Il s’agit d’une région majoritairement agricole où les industries permanentes se font rares. Similairement à d’autres régions en conflit, ce ne sont pas tous les habitants qui partagent la même opinion. Les habitants de la vallée de Siria ne font pas exception à la règle. Des divergences énormes sur l’exploitation minière, principalement entre les municipalités de San Ignacio et El Porvenir (Cedros est beaucoup moins touchée par la présence de la mine) affectent la cohésion sociale régionale, limitant ainsi la force du mouvement protestataire. Du côté de l’élite de San Ignacio, les emplois créés et les impôts que retire la municipalité aident à façonner son discours en faveur de la mine. Pour ceux d’El Porvenir, les maladies récurrentes de la population, le manque d’eau sur le territoire et l’absence de travail sur le site d’exploitation, expliquent en partie ses critiques du projet minier. D’ailleurs, un comité régional : El comite ambientalista del valle de Siria (le Comité environnemental de la vallée de Siria), représenté en majorité par des individus d’El Porvenir, a été mis sur pied dans le but de dénoncer l’entreprise et faire connaître la position des habitants contre l’exploitation[21]. Il ne faut pas croire qu’aucune dispute régionale n’existait avant l’arrivée de la compagnie minière. Par contre, l’augmentation des tensions entre habitants et municipalité depuis le début de la phase d’exploitation est considérable. La création d’une identité municipale joue en partie dans ce phénomène comme je l’expliquerai dans la prochaine section.

Le premier aspect qui peut sembler bouleversé par l’exploitation minière est l’environnement. Toutefois, le social est directement lié aux changements environnementaux. La destruction des ressources naturelles et aussi du paysage régional affecte directement l’aspect social des communautés. Une division et polarisation sociale s’installent presque automatiquement dans les communautés avec la mise en place de la phase d’exploitation, très destructrice, mais qui crée plus d’emplois que lors de la phase d’exploration. La force de ces dernières dépend des capacités de mobilisation et de promotion du discours dans les différents partis engagés (en opposition, favorable, et même des individus se présentant comme neutres). Les protestataires s’affichent en premier lieu contre la destruction de l’environnement. Cependant, comme c’est le cas avec la majorité des mines d’or à ciel ouvert utilisant du cyanure comme méthode d’extraction, l’augmentation des problèmes de santé va devenir le centre d’attention des individus s’opposant à l’exploitation minière. Les mines, autant souterraines qu’à ciel ouvert, ont le pouvoir d’affecter la santé des travailleurs et de la population environnante, spécialement lorsque les lois nationales ne sont pas contraignantes et qu’en plus, les mesures de contrôle sur les compagnies sont minimes, pour ne pas dire absentes. Dans un pays pauvre comme le Honduras, une entreprise engendrant des millions de profits, ayant un capital économique de taille, et, par ce fait même, politique, est en mesure d’imposer un certain rapport de force qui lui est favorable lorsque des problèmes environnementaux et de santé émergent dans les populations qui voisinent l’exploitation minière. À la base, les rapports de force entre l’entreprise (généralement étrangère, mais utilisant un appui local) et les habitants sont inégaux. De ces rapports inégaux entre grands groupes vont naître des inégalités et des divergences majeures entre les individus choisissant de s’allier à la compagnie minière et ceux optant pour les dénonciateurs ou les indifférents.

Les créations d’emplois, bien que souvent inférieures à ce qui avait été promis lors de la présentation du projet, permettent aux compagnies minières de s’implanter moralement et idéologiquement avec leur éthique capitaliste dans une partie de la population et, donc, de la région. Avec la création d’une classe ouvrière, l’hégémonie capitaliste et l’idéologie néolibérale se répandent dans la vallée de Siria et se différencient des anciennes hégémonie et idéologie de la région, axées sur une vision communautaire de bien-être général de groupe. Cependant, les travailleurs de la mine ne font que goûter à la réalité de la classe ouvrière et à l’idéologie qui lui est associée. Contrairement à ce que démontre Gavin Smith[22], cette identité n’est pas permanente, puisque le transfert dans la classe ouvrière n’est jamais définitif pour la grande majorité des mineurs, qui retournent à l’agriculture et à l’élevage à la suite de leur congédiement[23]. Ce changement de position sociale n’est pas accepté passivement par ces acteurs. Les classes émergentes à la suite de l’arrivée de la mine sont fragiles et non rigides, comme souligne Eric R. Wolf[24]. Ces individus sont influencés par la conjoncture internationale et leur système culturel est affecté par la présence de ce développement capitaliste[25]. Cependant, la rapidité de l’exploitation minière à ciel ouvert limite l’intériorité de ces changements qui sont vécus par un groupe marginal de travailleurs et leurs affins. Andrew Webster[26] souligne l’existence d’un important jeu de relations de classes dans le développement, où des factions sont en compétition pour l’amélioration ou la stabilisation de leur position dans la hiérarchie sociale. Ainsi, la structure des classes est ouverte et prête à être bouleversée pour accomplir ce que les membres des classes désirent. Cette ouverture, favorisée par l’exploitation minière, est de première importance pour l’édification des classes et l’émergence des frictions régionales. Il est alors nécessaire d’aller plus loin que Webster et d’étudier les raisons ayant favorisé l’ouverture et les raisons pour lesquelles les individus l’acceptent.

Dans un système capitaliste où l’accent est mis sur la richesse matérielle, la possibilité d’augmenter ses possessions et ainsi son statut social est considérable. Ceci se fait en premier lieu avec le travail. Par contre, aujourd’hui la technologie est devenue un aspect central de l’exploitation minière. Les mines à ciel ouvert ou souterraines demandent moins de main-d’œuvre et lorsque le besoin de travailleurs se fait sentir, ils doivent être qualifiés pour opérer sur les machines et les nouveaux systèmes. Dans les régions éloignées, ces qualifications sont très rarement disponibles. Ainsi, ce sont des personnes des pays d’origine de la compagnie qui viennent remplir ces postes.

            Au Honduras, l’industrie minière produisait 1 400 emplois directs et 5 000 emplois indirects en 2007 alors que le secteur du tourisme en produisait 34 207 et 43 006 respectivement. La vallée de Siria contenant une population de 23 500 personnes n’a constaté la création que de 200 emplois pour les locaux avec la mine San Martin[27]. Certaines communautés acceptent parfois l’exploitation minière sur leur territoire à la suite des promesses d’emplois faites par la compagnie. La situation est similaire dans bon nombre de sites d’extraction où les postes créés ne comblent pas ceux perdus au niveau agricole. Les compagnies minières savent très bien que l’attrait pour le travail est un moyen de faire accepter le projet aux communautés éloignées. Sanabria[28] mentionne d’ailleurs qu’en Bolivie, des actes de résistance autant de la part des mineurs que des non mineurs sont motivés par le droit moral de travailler. Ce non-respect des promesses actionne plus activement le mouvement de résistance des populations qui dénonce le manque d’emploi. Les gens veulent travailler et veulent ce qui leur a été promis. Les frictions entre les protestataires et les travailleurs sont monnaie courante puisqu’un groupe conteste le gagne-pain de certaines personnes.

               Les compagnies sont conscientes de l’anxiété pour un emploi et elles jouent avec les peurs des travailleurs pour réduire au silence les actions militantes ou les demandes d’amélioration de conditions[29]. La demande pour des emplois étant toujours présente, les compagnies peuvent se permettre de mettre à l’écart des travailleurs revendiquant des droits et de meilleurs salaires. De plus, l’augmentation des travailleurs précaires, de 8 % à 33 % entre 1989 et 1995 en Amérique latine, influe sur la sécurité des emplois. Les travailleurs sous contrat précaire reçoivent peu de protection des lois gouvernementales ou des unions syndicales et n’obtiennent qu’une fraction du salaire des employés permanents. Ils travaillent aussi de longues heures, ont des horaires irréguliers, n’ont pratiquement pas de sécurité d’emploi et ont un taux d’accident élevé[30]. Dans la vallée de Siria, une majorité des travailleurs n’avaient pas de contrat permanent et n’étaient embauchés que pour de courtes périodes. De plus, des problèmes de santé récurrents limitent leur capacité de travail lorsque leur contrat est terminé. Il y a donc une montée rapide, mais une baisse tout aussi prononcée du statut social des employés miniers dans leur rang socio-économique régional. Les travailleurs, ayant un pouvoir de négociation déjà minime, se doivent donc de composer dans des conditions extrêmement difficiles, mais auxquelles ils ne peuvent s’opposer sous peine de perdre leur emploi et leur revenu. La présente situation n’a guère changé depuis ce que notait Godoy[31] : « Pour réduire les coûts et éviter d’exercer des responsabilités politiques, les entreprises minières, sous la protection de l’État tendent à verser des salaires au-dessous du minimum de subsistence (…) forçant les mineurs à rentrer chez eux à l’expiration de leur contrat de travail ou bien lorsqu’ils atteignent l’âge de la retraite ».[32]

            Le manque de postes stables et la création de quelques emplois précaires mènent à une redéfinition locale de ce qui constitue le marché du travail dans un système capitaliste mondial.

            Par ailleurs, un effet social non négligeable et critique pour les relations régionales se manifeste à travers le fait que seulement certaines personnes obtiennent du travail sur le site : d’où l’émergence de divisions sociales. La mine San Martin engendre des conflits entre les gens soutenant le projet minier (les travailleurs et ceux qui en retirent des bénéfices socio-économiques) et ceux qui le rejetent (gens affectés négativement par la mine) comme je le mentionnais en début de section. Des divisions entre familles en résultent et rendent les négociations entre les partis plus difficiles. Des dynamiques d’inclusion / exclusion se mettent alors en place dans ces communautés. En identifiant son groupe selon des caractéristiques bien définies, des règles claires de ce qu’il faut pour être inclus sont apparues. La base idéologique (pour la compagnie néolibérale ou pour la protection de la région contre celle-ci) peut ainsi devenir un facteur divisant. Il ne faut pas concevoir ces stratégies d’inclusion et d’exclusion comme purement instrumentales. Le déséquilibre dans le rapport de force et les changements dans ce qui constitue pour un membre l’appartenance à la communauté ou non, illustrent la flexibilité des critères d’adhésion à un groupe[33]. Les définitions d’appartenance changent selon le contexte et elles sont constamment en mouvance. Cette inclusion / exclusion est liée à la pression sociale d’être rattaché à un groupe défini, car ceci permet de revendiquer au nom de celui-ci. Cependant, cette pression sociale demande aux membres du groupe un certain degré d’obéissance envers ses normes et son idéologie. Des mécanismes de contrôle, comme les potins, visent à s’assurer que les limites ne seront pas outrepassées. Ils ont une force qui homogénéise lorsqu’ils sont dirigés vers le groupe propre et ils sont un moyen de stéréotyper lorsqu’ils sont employés contre l’autre groupe[34]. Les potins sont : « jamais “désintéressés”, c’est un effort partisan (d’une classe, d’une faction, d’une famille) pour faire avancer ses revendications et défendre ses intérêts contre ceux des autres »[35]. Ils permettent donc d’inclure ou d’exclure des gens selon leurs intérêts et demandes.

            Les compagnies minières en Amérique latine créent une brèche dans la structure sociale des petites communautés rurales en y introduisant leur hégémonie et leur idéologie ainsi que les conséquences sociales qui y sont associées. Un système de classe et de statut accentué vient bouleverser la structure et créer des tensions entre les groupes qui se forment pour défendre leur position. Ainsi, des contestataires, dominant le mouvement de résistance, et les gens favorables à la mine, car ceux-ci deviennent plus nombreux grâce au discours sur le développement prêché par l’idéologie néolibérale, s’affrontent de diverses façons sur le terrain.

 Identités et politique locale

            La montée des tensions force les individus à trouver des techniques afin d’éviter de créer un conflit sans fin et de s’écarter de la question de fond qui est de remettre en question les pratiques actuelles des compagnies minières à l’étranger. Un mouvement social de protestation peut se créer, comme c’est le cas avec le Comité environnemental de la vallée de Siria, et il est possible de noter une recrudescence de la participation citoyenne dans les affaires publiques autant du côté des protestataires que des gens favorables à la mine qui désirent faire valoir leur position.

            Des divisions sociales entre individus s’opèrent selon leur position par rapport à la thématique de l’exploitation minière. Cependant, dans des régions où les conséquences et le lieu d’exploitation sont dispersés sur plusieurs territoires, des positions territoriales, ou même municipales, comme c’est le cas avec la vallée de Siria, seront adoptées. Ces positions deviennent l’identité du groupe acceptées par une majorité. À San Ignacio, l’élite étant en faveur de la mine, en plus de la présence de nombreux travailleurs et de leurs familles, elle a aidé à façonner le discours municipal dominant et ainsi l’identité « pro-mine » qui caractérise à l’interne autant qu’à l’externe cette municipalité. À El Porvenir, la présence du comite ambientalista del valle de Siria, l’appui des ONG et la hausse des maladies dans la population depuis le début de la phase d’exploitation ont favorisé l’émergence d’un discours « anti-mine » et environnemental. L’adoption de ces identités territoriales limite les possibilités de dialogue entre les groupes et ne propage qu’une tension inutile dans un contexte où ce que reçoit la population de la région en redevances et avantages est insuffisant et devrait être accru puisqu’il est extrêmement ardu d’arrêter l’exploitation lorsqu’elle est commencée.

            Les individus sont confrontés à une pression sociale afin de promouvoir le discours « anti-mine » et en faveur de la protection de l’environnement dans les communautés contre l’exploitation abusive des ressources naturelles. Une identité collective forte axée sur la protection environnementale et la résistance est en constante création. La résistance écologique soutient et valide le nouveau qualitatif identitaire de ces populations. La contestation peut se faire de deux façons : soit de manière cachée ou publique[36]. Un discours public illustre le discours du subordonné lorsqu’il est en présence du dominant[37]. De l’autre côté, un discours caché signifie un discours qui a lieu « en coulisse », en dehors de l’observation directe du dominant[38]. La participation citoyenne peut alors avoir une apparence de tranquillité alors qu’en réalité, elle bouillonne de vie que ce soit au niveau du discours ou de gestes « invisibles » visant à souligner son apport et son soutien au réseau d’information qui se développe et aux actions contre la multinationale. Ainsi, il serait erroné de croire que, dans un mouvement social, spécialement lorsqu’il devient un phénomène de résistance, tous les individus participent de façon visible et active dans l’élaboration des moyens de résistance et aux manifestations publiques de mécontentement, lorsqu’il y en a. La participation citoyenne protestataire se caractérise par l’approbation du discours écologique (éducatif et contestataire) des ONG et leaders locaux et par la légitimité donnée aux leaders du mouvement de les représenter devant des instances de différents niveaux.

            La présence d’un mouvement social a l’avantage de faire prendre conscience aux individus, actifs et passifs, de l’importance d’être renseignés sur les sujets directement liés à la vie régionale, nationale et internationale. L’information factuelle et circonstancielle gagne en priorité, ce qui est avantageux lors de plusieurs situations, comme lors d’une élection municipale ou présidentielle dans un pays comme le Honduras. Ignorer le thème environnemental dans une région en résistance écologique est une mort politique certaine pour ceux qui veulent représenter le territoire. L’éducation relative à l’environnement créée ou augmentée suite au mouvement de résistance favorise l’implication dans les décisions politiques et sociales d’une majorité d’individus. Je dis « majorité », car il est certain que quelques personnes ne s’intéressent pas à la politique locale et nationale et encore moins à la problématique environnementale, ce qui est tout à fait normal.

            Dans la vallée de Siria, tous les individus que j’ai interrogés lors de ma recherche de terrain, en 2008, avaient une opinion précise sur l’exploitation minière dans la région. À El Porvenir, où le discours environnemental et l’éducation sur les méfaits de la mine étaient omniprésents, les habitants étaient en très grande majorité contre l’exploitation minière dans leur région. Par contre, dans la municipalité voisine de San Ignacio, la position majoritaire était inversée et le taux d’indifférence grandement augmenté. L’éducation environnementale était beaucoup plus ardue à San Ignacio, et ceux qui tentaient de mettre en place un discours écologique et le propager risquaient la marginalisation sociale. Ainsi, les citoyens désireux de participer aux affaires publiques devaient prendre en considération la position dominante afin de ne pas être exclus de l’arène politique. C’est à ce niveau que le discours caché devient intéressant pour ces individus qui désirent quand même s’exprimer et aider la population à s’éduquer sur le sujet. Par contre, la perte de capital social chez certains, à cause de leurs positions respectives dans les deux municipalités, pouvait signifier une marginalisation qui est difficile à accepter dans des petites communautés où les liens entre individus sont rapprochés.

            Il ne faut donc pas s’étonner de l’oscillation dans le niveau de participation citoyenne sur les thèmes écologiques autant dans la vallée de Siria que dans une autre région éloignée. Par contre, tous les débats entourant l’exploitation des ressources naturelles préparent les individus à exercer un rôle plus central dans les décisions politiques en demandant plus d’informations sur les différents enjeux collectifs. Pour certains, s’impliquer dans le débat, dans un mouvement social, devient une source d’apprentissage qui leur permet d’acquérir de l’expérience sur la scène politique. Pour les gens qui s’impliquent indirectement, par leur prise de position à travers leurs discours public et caché, l’éducation acquise à l’aide de la problématique environnementale rappelle leur rôle premier dans les prises de décisions au niveau des affaires publiques. La compréhension de l’importance de sa « voix »[39] devient un outil politique important. Les individus peuvent mettre en perspective le poids de leur participation et s’assurer que les groupes qui s’affrontent connaissent leur position et la valeur de celle-ci.

            Il est évident que dans une région dont une partie de la population est en résistance contre un type d’exploitation de ressources naturelles, l’éducation environnementale faite par les groupes sociaux et les ONG, nationales et internationales qui aident à rééquilibrer le rapport de force avec la compagnie et son capital politique, économique et social, a un poids considérable dans la balance lors des prises de décisions politiques publiques. Cependant, il serait erroné de présenter la politique selon un schéma de parti traditionnel comme nous sommes habitués de la voir. L’adhésion à un parti politique n’a rien à voir avec le mouvement social. Je me le suis fait rappeler à plusieurs occasions lors de ma recherche de terrain, alors que des partisans des deux partis majoritaires au Honduras (National et Libéral) s’unissaient dans une lutte transcendant la politique traditionnelle. Il s’agit d’une situation retrouvée dans plusieurs mouvements sociaux, mais qui est importante à souligner puisque ceci engendre des pressions provenant de tous les milieux politiques sur les prises de décisions publiques touchant le thème de l’environnement.

            Par ailleurs, l’appropriation d’une identité contestataire contre l’exploitation sauvage des ressources naturelles mène directement à une prépondérance du discours écologique. L’arène politique et sociale est grandement touchée par cette hausse d’intérêt pour l’environnement. L’éducation qui est transmise dans la population par les leaders du mouvement social contestataire transforme les priorités d’une grande partie des individus. Puisque les problèmes sont actuels et que les individus ont de l’information à leur sujet, ils désirent des réponses et des solutions des dirigeants en place, autant locaux que nationaux. Grâce à l’aspect éducatif qui est lié à un mouvement social, le niveau de connaissances sur le sujet est augmenté et les décideurs publics se doivent de tenir compte des faits, des connaissances de la population et de la présence d’un groupe dénonçant des problèmes environnementaux lorsqu’ils s’adressent à la population et qu’ils proposent des avenues pour améliorer la situation. Une surveillance des politiques et des discours publics est maintenue par les groupes d’opposition afin de s’assurer que les dirigeants politiques n’aillent pas à l’encontre de la position identitaire adoptée par plusieurs habitants de la région.

            Il est central pour les acteurs locaux de gagner en capital politique en abordant la question environnementale et en proposant des actions concrètes auxquelles les gens peuvent s’associer. Ce ne sont pas seulement les leaders politiques actuels qui peuvent profiter du capital politique lié à ce discours. Des personnes voulant entrer dans la politique locale arrêtent leur position selon les préoccupations des habitants de leur région. De plus, les individus impliqués dans le mouvement social gagnent directement en capital politique et social puisqu’ils sont associés à un discours spécifique et à la diffusion de l’information, donc au processus éducatif en place sur le territoire. L’image qui se crée de ces personnes et l’influence locale qu’elles accumulent leur permet de devenir des acteurs dans les politiques publiques de leur territoire, ou du moins, d’être influents auprès des dirigeants actuels. Il y a donc une émergence de certains acteurs locaux, mais aussi de la présence citoyenne dans la politique régionale qui est mise en place par l’acquisition et la transmission de connaissances chez les habitants.

            L’influence homogénéisatrice de l’éducation environnementale[40] sur le discours public d’un territoire en protestation est grandement utile au mouvement de résistance et à sa légitimation nationale et internationale. Les protestataires se servent de cette uniformité pour confronter la compagnie en soulignant le capital social et politique qu’ils tirent du discours populaire et politique. Ce pouvoir accru de confrontation peut aussi être utilisé afin de faire pression en faveur de certaines politiques publiques locales avantageant les visées environnementales des contestataires et soulignant la divergence de la vision purement économique généralement promue. L’éducation relative à l’environnement favorise la reconfiguration du discours économique vers un discours incorporant l’environnement. Les acteurs locaux échouant dans cette tâche subiront un discrédit populaire qui peut être très rapide et sans pitié.

            La confrontation en faveur de l’environnement se fait, bien sûr, dans un climat sociopolitique favorable. Ainsi, à San Ignacio, les acteurs locaux qui désirent entrer dans la politique locale se dissocient de la lutte, même s’ils en étaient des acteurs de premier plan, afin que cela n’affecte pas leurs objectifs politiques. C’est tout le contraire à El Porvenir, où les individus centraux du mouvement de résistance sont courtisés par certains prétendants puisque s’associer à eux signifie gagner en légitimité et en capital social. Les divisions régionales, selon l’identité choisie par les communautés, influencent les associations sociopolitiques qui se forment et la force du mouvement sur la possibilité d’apporter des changements dans la politique publique régionale.

            Les mouvements sociaux de protection des ressources naturelles dans les pays les plus démunis sont donc des sources d’éducation pour les acteurs principaux et la population. La création d’une identité municipale et la transmission de son discours permettent d’augmenter le capital social de chaque groupe qui s’affronte sur la thématique. De plus, la pression populaire, associée à la hausse d’intérêt des individus sur la problématique, autant en faveur que contre, influence les prises de décisions des acteurs actuels et futurs sur les politiques publiques puisque aller à contre-courant signifie sa perte politique et même sociale dans certains cas.

Conclusion

            Il est indéniable que les petites communautés rurales comme celle de la vallée de Siria subissent des changements sociopolitiques lorsqu’une compagnie minière s’installe sur le territoire. Au niveau social, des rapports de force inégaux entre les acteurs (compagnie minière, population locale) viennent dès le début créer une division sociale accentuée par les alliances qui se font entre les différentes factions. La puissance de l’entreprise et sa capacité à créer des emplois favorisent l’implantation de l’hégémonie capitaliste et son idéologie néolibérale chez ceux qui en tirent profit dont les travailleurs et les dirigeants municipaux qui en retirent des recettes pour la commune. Même si le statut de classe ouvrière n’est que temporaire, il permet une ouverture dans la structure sociale régionale. Les frictions entre groupes opposés s’accroissent avec l’anxiété crée par les emplois précaires. Un phénomène d’inclusion et d’exclusion se constitue sur des bases de positions personnelles alors que les groupes en place utilisent des mécanismes de contrôle, dont des potins, afin de s’assurer que ceux qui divergent soient ramenés à l’ordre. Au niveau politique, des identités municipales ou territoriales selon la position des dominants vont augmenter les divisions. Ainsi, ceux qui sont contre l’opinion dominante doivent utiliser des techniques de résistance, surtout associées à la façon de faire connaître sa voix, afin de ne pas être marginalisés. Les identités territoriales sont propagées par les mouvements sociaux, autant ceux de résistance que ceux de promotion de la mine, et de leurs aspects d’éducation populaire. Ignorer l’identité dominante sur un territoire donné est une perte politique et sociale pour ceux qui désirent représenter la population. Certains acteurs locaux se servent de cette dynamique pour gagner en capital politique et social rapidement et s’immiscer dans le monde politique local. L’ouverture de la structure sociale, influant directement sur le politique, du fait de la compagnie minière, remet donc en jeu ce que sont les petites communautés rurales à la base, c’est-à-dire au niveau identitaire.

 

Notes:

*  Université de Montréal.

[1]  June Nash, We Eat the Mines and the Mines Eat us : Dependency and Exploitation in Bolivian Tin Mines, Columbia University Press, New York, 1979.

[2]  Michael T. Taussig, The Devil and Commodity Fetichism in South America, The University of North Carolina Press, 1980.

[3]  Ricardo Godoy, « Mining : Anthropological Perspectives », Annual Review of Anthropology, Vol. 14, 1985.

[4]  Chris Ballard, Glenn Banks, « Resource Wars : the Anthropology of Mining », Annual Review of Anthropology, Vol. 32, 2003.

[5]  José De Echave, « Mining and Communities in Peru : Constructing a framework for Decision-Making », in Liisa North, Timothy D. Clark et Viviana Patroni (sous la dir. de), Community Rights and Corporate Responsability : Canadian Minig and Oil Companies in Latin America, Between the Lines, Toronto, 2006.

[6]  Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique, Éditions Écosociété, Montréal, 2008.

[7]  Le choix des compagnies minières étrangères provient du fait qu’elles dominent l’industrie extractive dans cette partie du monde.

[8]  Communauté rurale signifie une communauté où le travail agricole domine le système économique.

[9]  André-Marcel D’Ans, Le Honduras : difficile émergence d’une nation, d’un État, Karthala, Paris, 1997.

[10]  Bartolomé De Las Casas, A Short Account of the Destruction of the Indies, édité et traduit par N. Griffin, Penguin Book, Londres, 1992.

[11]  Michael T. Taussig, op. cit. 1980.

[12]  Liisa North et Timothy D. Clark, « Mining and Oil in Latin America : Lesson from the Past, Issues for Future » in (sous la dir. de) Liisa North, Timothy D. Clark et Viviana Patroni, Community Rights and Corporate Responsability : Canadian Mining and Oil Companies in Latin America, Between the Lines, Toronto, 2006.

[13]  Liisa North et Timothy D. Clark, ibid. , 2006.

[14]  Latin America Press, « The Impact of Mining », Vol. 37, n° 2, 2005 :

<http://www.latinamericapress.org/article.asp?iancode=1&artcode=4136&gt;

[15]  Liisa North et Timothy D. Clark, ibid. , 2006.

[16]  José De Echave, op. cit. , 2006.

[17]  José De Echave, op. cit. , 2006.

[18]  Chris Ballard et Glenn Banks, art. cité, 2003.

[19]  Latin America Press, art. cité, 2005.

[20]  Liisa North et Timothy D. Clark, art. cité, , 2006.

[21]  Le Comité environnemental de la vallée de Siria est en contact étroit avec des ONG nationales et internationales qui lui permettent d’avoir des fonds pour organiser des rencontres, assurer le déplacement des membres et des habitants de la région lors de manifestations publiques et d’aller à l’étranger, comme aux rencontres des actionnaires de Goldcorp Inc. afin de critiquer la situation présente. De plus, ces fonds servent aussi dans des démarches judiciaires devant les autorités honduriennes et internationales.

[22]  Gavin Smith, Livelihood and Resistance: Peasants and the Politics of Land in Peru, University of California Press, Berkeley,1989.

[23]  L’exemple de la mine San Martin dans la vallée de Siria est éloquent à ce sujet. La mine a fonctionné à plein régime pendant huit ans (2000-2008) afin d’exploiter le plus rapidement possible les ressources. Par la suite, la phase de fermeture est entrée en branle et seulement une infime fraction des travailleurs a gardé des emplois. Les autres, qui avaient quitté leur rôle de travailleurs agricoles, sont retournés aux sources ou certains, ne désirant plus avoir cette position sociale, ont dû, en grande majorité, migrer vers le Nord (États-Unis principalement) afin de trouver du travail. Il n’est pas sans dire que certains anciens travailleurs miniers sont mécontents de cette situation, alors que d’autres ne peuvent tout simplement plus travailler suite à des accidents de travail.

[24]  Eric R. Wolf, Europe and the People Without History, University of California Press, Berkeley, 1982.

[25]  Eric R. Wolf, ibid.

[26]  Andrew Webster, Introduction to the Sociology of Development, deuxième édition, Palgrave Mcmillan, Londres, 1990.

[27]  Henriquez Dominguez, Katia Lizbeth et Francisco Rene Ramos Groos, Valorisacion economica ambiental de la explotacion minera en El Salvador desde el enfoque de economia politica : caso de proyecto el dorado, municipio de San Isidro des departamento de Cabanas, Mémoire de maîtrise, Facultad de ciencias economicas y sociales, Universidad centroamericana « Jose Simeon Canas », San Salvador, 2007.

[28]  Harry Sanabria, « Resistance and the Arts of Domination », Latin American Perspective, Vol. 27, janvier 2000.

[29]  June Nash, op. cit. 1979.

[30]  Timothy D. Clark, art. cité, 2006.

[31]  Ricardo Godoy, art. cité, p. 206, 1985.

[32]To minimize costs and avoid political liabilities, mining firms under the auspices of the state tended to pay workers below subsistence wages […] forcing miners to return home after their contract in the mine expired or once the workers reached the age of retirement.”

[33]  Chris Ballard et Glenn Banks, art. cité, 2003.

[34]  Norbert Elias, Logiques de l’exclusion, Fayard, Paris,1997.

[35]  James C. Scott, Weapons of the Weak. Every Forms of Peasant Resistance, Yale University Press, New York, 1985.

« never “disinterested”; it is a partisan effort (by class, faction, family) to advance its claims and interests against those of others »

[36]  James C. Scott, op. cit. 1990.

[37]  Dominant indique la personne ou le groupe (comité régional, entreprise, etc…) possédant le plus de capital (social, politique et économique) et qui est en mesure de sanctionner de diverses façons ceux qui s’opposent à sa domination discursive.

[38]  James C. Scott, ibid.

[39]  Arjun Appadurai, « The Capacity to Aspire : Culture and the Term of Recognition », in Vijayendra Rao et Michael Walton (sous la dir. de), Culture and Public Action, Standford University Press, Stanford, 2004.

[40]  Il est essentiel de noter que sur le territoire en faveur de la mine, l’éducation populaire sert aussi à homogénéiser le discours mais selon leur propre position. Ainsi, une bataille discursive, directement associée aux nouvelles identités a lieu entre les groupes dominants.