Éditorial: Les gouvernements progressistes en Amérique latine

 

Patrice Allard, Rédacteur en Chef de Informations et Commentaires

 

Couverture 1 n°170Avec la reconduite au pouvoir de Rafael Correa en Équateur, l’Amérique latine a connu en 2014 la réélection de nombreux chefs d’État dont les mandats venaient à expiration. En mars, ce fut le retour à la présidence de Michelle Bachelet au Chili. En octobre, les élections présidentielles brésiliennes confirmaient la confiance accordée au Parti des travailleurs en reconduisant Dilma Rousseff pour un second mandat. Ce même mois Evo Morales remportait une victoire électorale sans précédent en étant réélu président de la Bolivie dès le premier tour avec 60,1 % des suffrages, alors que son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS), obtenait 113 des 166 sièges du Parlement. Si nous ajoutons à ces résultats l’élection en avril 2013 de Nicolas Maduro en remplacement du président Hugo Chavez, au Venezuela, et, en 2011, la réélection de Cristina Kirchner en Argentine, nous ne pouvons que constater que le puissant mouvement, qui a vu des partis et mouvements diversement progressistes prendre démocratiquement le pouvoir dans plusieurs pays latino-américains à la fin des années 1990 et au début des années 2000, n’était pas qu’une simple réaction à la détresse sociale provoquée par les différents plans d’ajustement structurel qu’a connus la région, mais la recherche d’une autre voie de développement et de la construction d’une autre société.

Si les orientations prises à l’époque par ces différents partis et mouvements tranchent radicalement de celles des pouvoirs conservateurs qu’ils ont remplacés, la diversité des engagements et des politiques menées par chacun d’eux conduit à voir s’ouvrir un éventail de solutions tournées vers le progrès social plutôt qu’un nouveau modèle de société et de développement latino-américain. Nos catégories habituelles permettraient sans doute de les situer sur un prisme allant d’une gauche social-démocrate réformiste à une gauche plus radicale. Ce classement serait-il pertinent ? Différents éléments qu’il ne prendrait pas directement en compte seraient pourtant à considérer.

Par delà leurs différences, ces courants sont parvenus à une certaine entente. En novembre 2005, au sommet de Mar del Plata, l’action conjointe du Venezuela (Chavez), du Brésil (Lula) et de l’Argentine (Kirchner) a entrainé l’abandon du projet de zone de libre-échange avancé par les États-Unis (ALCA). La recherche d’une intégration économique propre à ce continent, en rupture avec les projets du puissant voisin du Nord a fait suite à ce premier succès. Les impulsions données au MERCOSUR (marché commun sud-américain), la création d’une alliance bolivarienne (ALBA) dotée d’organes d’intégration comme la création en 2008 d’une Union des nations sud-américaines (UNASUR) excluant de fait les Etats-Unis, témoignent de la pensée commune de voir l’intégration et le développement du continent s’opérer hors d’une tutelle économique et politique nord-américaine. L’attitude de chacun de ces pouvoirs progressistes vis-à-vis de la puissance dominante varie, allant de la recherche d’une rupture pour le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) à la seule conquête de marges de manœuvre pour accéder à une indépendance en matière de choix et de politiques économiques. Ainsi chacun de ces pays ne se retrouve pas dans les mêmes institutions, qu’elles relèvent ou non de ce continent. Le Chili de Michelle Bachelet participe ainsi également au Partenariat transpacifique[1] (avec le Mexique, la Colombie et le Pérou). Pourtant, sans doute du fait du rayonnement particulier des premiers chefs d’État issus du « virage à gauche » (principalement Hugo Chavez et Lula), un esprit nouveau arrive à être largement partagé en Amérique latine. Suivant celui-ci le développement économique et social du continent doit s’inscrire dans une coopération entre pays latino-américains et s’affranchir de la domination imposée par l’ordre économique international ancien, donc ne plus constituer une « chasse gardée » des États-Unis.

La reconduction au pouvoir, par des voies démocratiques, de ces différents courants et partis à la période récente marque l’appréciation populaire des choix et politiques conduites dans ces différents pays. Aux yeux de leurs citoyens, ils ont obtenu des succès indéniables. Quels sont ces succès ?

Le premier d’entre eux est politique. Quelle que soit la violence des oppositions internes et, surtout dans le cas du Venezuela, des pressions externes, au cours des dix dernières années, l’exercice du pouvoir politique, accompagné ou pas d’alternance (cas du Chili), s’est appuyé sur des processus électoraux et non sur des coups de force, dans les pays qui ont connu ce « virage à gauche ». Faut-il attribuer ce succès à l’importance de l’appui populaire des nouveaux gouvernants plutôt qu’à leur volonté de placer la participation des citoyens au centre de la gouvernance ? Quelle que soit la réponse, un temps nouveau s’est ouvert en Amérique du Sud.

Les diverses politiques de lutte contre la pauvreté et les inégalités ont connu une certaine efficacité. En retenant les six pays cités précédemment, il est clair que la pauvreté a reculé partout, parfois de manière spectaculaire. En Équateur, le taux de pauvreté a reculé de 37 % à 25 % en sept ans. En Bolivie, c’est le taux d’extrême pauvreté qui a été réduit de 34 % à 18 % en huit ans. Il n’est sans doute pas nécessaire de rappeler les effets bénéfiques provoqués par les politiques de hausse du salaire minimum, d’aides aux plus démunis (par exemple Bolsa Familia) mises en œuvre par le Parti des travailleurs (PT) au Brésil. Un bilan plus nuancé s’impose en matière de réduction des inégalités. Parfois atténuées, celles-ci restent importantes. L’exemple brésilien est révélateur. Après une réduction assez sensible, les inégalités ont eu tendance à ne plus s’atténuer[2]. Dans un continent où celles-ci atteignaient des extrêmes, ces corrections restent modestes, en dépit d’une hausse des revenus moyens. Cela laisse supposer que seule une réforme fiscale, par un accroissement de la progressivité de l’impôt, pourrait infléchir profondément la répartition des revenus.

Enfin la période de croissance économique soutenue qu’a connue la région a permis à ces gouvernements de trouver les moyens de financer ces mesures sociales et de conduire des politiques économiques favorables au développement, investissements dans les infrastructures, dans la technologie, l’éducation, l’électricité. Accompagnée par de nouvelles recettes d’exportation, cette croissance a aussi permis des politiques de désendettement extérieur, libérant ces pays de leur subordination aux directives des institutions financières internationales. Les politiques de diversification des clients et fournisseurs, en vue de réduire leur dépendance envers le grand voisin du Nord, ont connu des succès variés. Ainsi le premier client et fournisseur du Brésil est aujourd’hui la Chine alors que le Venezuela peine à s’affranchir de la puissance commerciale américaine.

Pourtant, au vu des résultats économiques récents et de la montée des difficultés en tous genres que rencontrent ces pays, nombre de commentateurs augurent la fin de cette période de progrès. Ce jugement doit-il être partagé ? Une certaine détérioration du climat social, des pressions extérieures renouvelées et le risque d’épuisement d’un modèle de croissance tirée par les activités extractives méritent un examen.

L’insécurité constitue un des éléments qui contribuent à la détérioration de ce climat. Au Venezuela ce phénomène atteint des sommets. Avec un taux d’homicide de 53,7 pour 100 000 habitants en 2012, ce pays se classe au deuxième rang des États les plus dangereux de la planète. Sa position sur une des « autoroutes » du trafic de stupéfiants n’y est pas étrangère. Cependant, c’est aussi sur le terrain politique que la violence s’étend, avec, en septembre 2014, l’assassinat d’un député du PSUV. Les scandales de corruption contribuent également, par le discrédit qu’ils entraînent, à un alourdissement du climat politique dans certains de ces pays. Au Brésil, au scandale des mensalao (accusation d’achat de voix électorales) qui contraignit plusieurs responsables du Parti du Travail dont des ministres à démissionner, s’ajoutent aujourd’hui les accusations de malversation portées contre l’entreprise pétrolière publique, Petrobras, qui seraient de nature à compromettre des membres importants du parti au pouvoir. L’inflation, atteignant des niveaux élevés, par exemple en Argentine (18 % l’an officiellement reconnus), est également un sujet de mécontentement important. Au Brésil, la simple augmentation de 20 centavos du prix du billet d’autobus à Sao Paulo le 2 juin 2013 a servi de détonateur pour amorcer un mouvement de grande ampleur avec 65 000 manifestants à Sao Paulo et 100 000 à Rio de Janeiro le 17 juin et 1,5 million le 21 juin à travers tout le pays. Les nouvelles aspirations des Brésiliens qui ont vu leur niveau de vie s’accroître s’inscrivent dans des urgences qu’il n’est pas simple de satisfaire. Insécurité, corruption, inflation sont des phénomènes récurrents, fréquents sur tout le continent (et pas seulement sur celui-ci). D’autres sujets de tensions sociales émergent également.

Malgré les progrès accomplis par l’action de ces nouveaux gouvernements, des mouvements sociaux traduisent aussi l’impatience des populations confrontées à leur lenteur. Ces retards concernent souvent l’amélioration des services publics. L’enseignement est souvent au centre de revendications et d’actions sociales  telles les manifestations des étudiants argentins réclamant la gratuité de l’enseignement ou les protestations des Brésiliens envers la mauvaise qualité de l’enseignement public primaire et secondaire. Ces revendications, fort légitimes, montrent la difficulté pour les pouvoirs établis de trouver les moyens de lutter contre la pauvreté tout en assurant parallèlement une modernisation des services publics et des infrastructures.

Le cas du Venezuela reste particulier. Les motifs de protestation ne manquent pas qu’il s’agisse d’une très forte inflation, estimée à 63 % l’an, ou bien des pénuries (réelles ou organisées ?) de produits de base. Cependant les protestations sociales qui en résultaient, ont été instrumentalisées par une opposition politique unifiée et revancharde. L’action des partis d’opposition regroupés au sein du MUD à travers un « accord de transition » visait plus à une déstabilisation du régime, voir à son renversement par un coup d’État, qu’à la satisfaction de revendications populaires. En plus des accusations de complot qui en ont résulté (incarcération du leader Leopoldo Lopez, mise en examen de la députée Maria Corina Machado), le soupçon d’une complicité extérieure, venant ici des États-Unis, a été avancé. Cela tend à montrer que les pratiques politiques et financières de la grande puissance à l’encontre de régimes politiques qu’elle juge peu respectueux de ses intérêts restent d’actualité. Les démêlées de l’Argentine avec des fonds spéculatifs en sont une autre illustration. Au motif que ces fonds n’avaient pas accepté la restructuration de la dette de ce pays, la justice américaine a demandé le remboursement immédiat des montants qui leur étaient dus, provoquant, en Argentine, une cessation partielle des paiements.

La question de l’éventuel épuisement d’un modèle de croissance tiré par un ou des secteur(s) exportateur(s) est d’une autre nature et pose le problème des stratégies de développement. En retenant les six pays évoqués ci-avant, leur diversité est la première caractéristique qui retient l’attention. Le tableau 1 ci-dessous en présente deux de ses principaux aspects.

Tableau 1 : Produit intérieur brut (PIB) par habitant et taux de croissance en 2014

PIB réel par habitant, en dollars Taux de croissance, en %
Argentine 12 777,6 -1,7
Bolivie 3 030,6 5,2
Brésil 11 067,5 0,3
Chili 14 911,3 2,0
Équateur 6 269,5 4,0
Venezuela 6 869,6 -3,0

Source : Fonds monétaire international, estimations 2014. Sur le site : www.imf.org

La diversité de leurs PIB par habitant traduit des différences importantes en matière de niveau de développement, donc des différences de niveau de vie, de niveau de productivité et de diversification des activités économiques. Cette diversité n’empêche pas l’existence de points communs qui réunissent ces pays. Le premier d’entre eux concerne le rôle économique important joué par l’État, ce qui est la marque des régimes (diversement) progressistes qui viennent d’être reconduits au pouvoir. Le second tient en un secteur exportateur important, le plus souvent producteur de produits bruts, présent dans chacune de ces économies, qui, par l’ampleur de son activité, est à la fois une source conséquente de revenu comme de recettes d’exportation et lui fait jouer un rôle moteur dans l’économie. Le tableau 2 présente succinctement pour chaque pays ces différents secteurs.

Tableau 2 : principaux secteurs exportateurs

Pays Secteurs exportateurs
Argentine Agriculture : céréales et produits de l’élevage
Bolivie Industries extractives : Produits miniers et produits gaziers
Brésil Agriculture (soja, café, sucre), industries extractives (minerai de fer) et industries manufacturières
Chili Industries extractives (le cuivre représente 50 % des exportations et 18 % du PIB
Équateur Industrie pétrolière (le pétrole représente 60 % des exportations du pays)
Venezuela Industrie pétrolière (pétrole et gaz)

Source : « Le bilan du monde », Édition 2015, Le Monde, Paris, 2015.

Le Brésil pourrait sembler échapper à ce modèle d’économie connaissant un ou plusieurs secteurs exportateurs importants du fait de la relative diversification de ses exportations. Cependant cela pourrait être trompeur : la part des produits bruts ou demi-transformés dans les exportations de ce pays passe de 47,5 % en 2000 à 62,9 % en 2010, ce qui montre le renforcement de l’importance de l’agriculture et des industries extractives.

En partant de ces caractéristiques et des politiques sociales, la croissance économique élevée qu’ont connue ces pays avant 2012-2014 peut être expliquée à partir de deux moteurs. Le premier est la hausse de la consommation des ménages permise par une hausse du pouvoir d’achat. Les différentes politiques sociales ont entraîné, de manière variable d’un pays à l’autre, des hausses des salaires et des revenus, des progrès en matière de normes sociales conduisant à une amélioration du niveau de vie[3]. Le deuxième repose sur ces secteurs exportateurs dont l’activité, dans une conjoncture favorable de hausses de la demande mondiale et des cours des matières premières, a permis d’améliorer le solde de la balance commerciale et, par les recettes fiscales qu’ils apportaient, de financer plus facilement les politiques sociales.

Le renversement qui se produit en 2012-2014 pourrait être attribué au changement de la conjoncture internationale qui s’est traduit par la baisse des cours de nombreux produits bruts. L’examen de la colonne taux de croissance du tableau 1 confirmerait cette causalité. Certains pays sont frappés directement par la baisse des cours des produits bruts qu’ils exportent, ce qui les conduit à un ralentissement de leur croissance ou à la récession. D’autres y échappent, soit parce que les produits bruts exportés ne subissent qu’une faible baisse de leurs cours (cas du Chili), soit parce qu’une augmentation importante de la production de ces produits compense la baisse de leurs cours (cas de la Bolivie et de l’Équateur).

Ceci pourtant ne peut constituer qu’une explication partielle. En effet, les politiques sociales ont eu pour effet de développer le marché intérieur par la consommation des ménages. Ce marché intérieur pourrait donc rester le moteur d’une croissance économique, à la condition qu’une augmentation de la production intérieure accompagne son essor. Il convient donc de porter aussi le regard sur les activités économiques domestiques en essayant de comprendre pourquoi celles-ci n’ont pas pu suivre le rythme d’expansion de la demande interne.

En comparant l’évolution contemporaine des économies chinoise et brésilienne, Pierre Salama[4] évoque un phénomène de « désindustrialisation précoce » qui frapperait le Brésil. Ce phénomène se caractériserait par une détérioration de la compétitivité résultant d’une hausse des salaires plus rapide que l’augmentation de la productivité, d’une spécialisation industrielle maintenue sans changement dans des activités de faible contenu technologique et d’une insuffisance de l’investissement qui serait centrale puisque cette insuffisance conduit par elle-même à une faible augmentation de la productivité et au non développement d’activités à fort contenu technologique. Selon l’auteur l’origine de cette « désindustrialisation précoce » se situe dans le « mal hollandais » c’est-à-dire les effets néfastes résultant de l’essor rapide d’une activité lucrative, extractive et/ou exportatrice (pour la Hollande, le pétrole et le gaz de la Mer du Nord). Cette activité nouvelle d’une part attire les capitaux au détriment des autres activités du pays, d’autre part, par l’appréciation de la monnaie qui résulte des nouvelles exportations ou des investissements étrangers attirés par la nouvelle activité, rend moins onéreuse l’importation de produits plutôt que leur fabrication dans le pays.

Cette conclusion ne s’applique bien sûr qu’au Brésil. Cependant dans les autres pays pris ici en compte, il est permis de se demander si l’engouement dont bénéficient les importants secteurs exportateurs, qu’ils soient extractifs ou agricoles, n’est pas de nature à produire des effets comparables. Ceci ne conduit pas à une condamnation des politiques menées. Celles-ci ont permis de franchir une première étape sur la voie d’un développement, mais il y a d’autres étapes à franchir. Ceci impose de construire une autre stratégie de développement tenant compte de l’insuffisante diversification des activités, de la faiblesse des réponses apportées par les producteurs nationaux à l’essor du marché intérieur et de la poursuite nécessaire de l’effort de progrès social[5]. Si la réélection des courants progressistes souligne un certain succès dans le franchissement de cette première étape, ce sont les étapes ultérieures qui rendront irrévocables les progrès accomplis.

Notes:

[1] Cf. Hikari Ishido, « Le partenariat transpacifique : son ambiguïté et son implication en vue d’un mode de vie soutenable », Informations et commentaires, n°169, octobre-décembre 2014.

[2] Cf. Jose Silvestre Prado de Oliveira, Karla Braz, Bruna Fazao, « Le Brésil après le « Mondial ». La Coupe du monde 2014 : impacts socioéconomiques et conséquence pour le pays », Informations et commentaires, n°169, octobre-décembre 2014.

[3] Dans le cas du Brésil, les hausses de revenu ont permis un accès plus aisé des ménages au crédit. L’augmentation de la consommation était donc également stimulée par un endettement croissant des ménages. De plus ce pays, disposant d’industries manufacturières, a pu bénéficier de la conjoncture favorable des pays des Centres pour accroître ses exportations de produits industriels. Source : Otaviano Canuto et alii, « Le défi de la compétitivité », Centre for Policy Research, Londres, 27 février 2013, traduit et reproduit par Problèmes économiques, n°3085, première quinzaine de mars 2014.

[4] Pierre Salama, « Chine-Brésil : industrialisation et « désindustrialisation précoce » », Fondation Maison des Sciences de l’homme, Working Paper Series, n°6, Paris, mars 2012, reproduit sous le titre « Brésil : une “désindustrialisation précoce”» par Problèmes économiques, n°3085, première quinzaine de mars 2014.

[5] Les nouvelles orientations de la politique économique brésilienne vers plus de rigueur constituent une réponse conjoncturelle à une situation donnée. C’est leur perpétuation qui mènerait à un échec par oubli de voir le futur autrement qu’à travers la perpétuelle restauration des « grands équilibres » de l’économie nationale.