Note de la rédaction
La cybercriminalité est-elle devenue un véritable problème mondial ? Non seulement les simples citoyens, mais aussi les entreprises, les organismes financiers et les institutions publiques sont atteints. Fraudes liées aux technologies de l’information et de la communication, le phénomène s’étend aux multiples activités : fraudes bancaires et économiques, espionnages, piratages de base de données, attaques informatiques, pédophilies, introduction de virus, etc.
Pour éclairer ces questions, nous reprenons les informations publiées par EU-LOGOS Athena[2].
Face à l’ampleur et à la rapidité du phénomène, les institutions publiques et les organisations internationales réagissent peu à peu. Au niveau de la Communauté européenne, un nouveau centre de lutte contre la cybercriminalité sera établi pour faciliter la coopération entre les forces de police en Europe. Le centre sera établi au cœur de l’Office européen de police, Europol, à La Haye (Pays-Bas). Il constituera le point focal européen dans la lutte contre la cybercriminalité et se concentrera sur les activités illicites en ligne menées par des groupes criminels organisés, et plus particulièrement sur celles qui génèrent des profits considérables, comme la fraude en ligne impliquant le vol des détails de comptes bancaires et de cartes de crédit. Les experts de l’Union européenne (UE) œuvreront également à la prévention des cybercrimes concernant les opérations bancaires et réservations sur l’Internet, ce qui permettra d’accroître la confiance des consommateurs en ligne. Le Centre européen de lutte contre la cybercriminalité aura également pour objectif de protéger les profils sur les réseaux sociaux en ligne contre le piratage et contribuera à la lutte contre l’usurpation d’identité sur l’Internet. Enfin, il se focalisera sur les cybercrimes lourds de conséquences pour leurs victimes, tels que l’exploitation sexuelle des enfants en ligne, et sur les attaques informatiques à l’encontre d’infrastructures et de systèmes d’information critiques de l’Union.
En 2011, près de 73 % des ménages européens disposaient d’une connexion à l’internet à domicile, et en 2010, plus de 36 % des citoyens européens effectuaient des opérations bancaires en ligne. Quatre-vingts pour cent des jeunes européens se connectent entre eux par le biais des réseaux sociaux en ligne, et environ 6 milliards d’euros changent de mains chaque année dans le monde du fait du commerce électronique. Par conséquent, la cybercriminalité augmente et ses auteurs ont mis en place un marché lucratif gravitant autour de leurs activités illicites, où des informations concernant des cartes de crédit peuvent être vendues entre groupes criminels organisés pour la modique somme d’1 € par carte, une fausse carte de crédit pour un montant environnant les 140 €, et des détails de comptes bancaires pour 60 € à peine. La cybercriminalité vise également les médias sociaux : jusqu’à 600 000 comptes Face book sont bloqués chaque jour après avoir été la cible de plusieurs types de tentatives de piratage, et plus de 6 700 000 ordinateurs différents transformés en zombies ont été recensés en 2009.
Le Centre européen de lutte contre la cybercriminalité mettra les États membres en garde contre les menaces informatiques majeures et attirera leur attention sur les faiblesses des défenses de leurs installations en ligne. Il repérera les réseaux de criminels informatiques organisés ainsi que les contrevenants les plus importants présents dans le cyberespace. Il apportera un soutien opérationnel au cours d’enquêtes sur le terrain, au niveau tant de l’analyse que de la création d’équipes communes d’enquête sur la cybercriminalité.
Pour exécuter ses missions et pour mieux soutenir les enquêteurs, procureurs et juges qui s’occupent d’affaires ayant trait à la cybercriminalité dans les États membres, le nouveau centre rassemblera les informations provenant de sources libres, du secteur privé, des services de police et du monde universitaire. Il servira également de base de connaissances pour les services nationaux de police des États membres et mettra en commun les initiatives de formation et le savoir-faire en matière de cybercriminalité au niveau européen. Il sera également en mesure de répondre aux questions des enquêteurs, procureurs et juges qui s’occupent d’affaires ayant trait à la cybercriminalité, ainsi qu’à celles émanant du secteur privé qui portent sur des problèmes techniques ou analytiques spécifiques.
Le centre servira de plate-forme pour les enquêteurs européens sur la cybercriminalité, leur offrant la possibilité de s’exprimer d’une même voix dans les discussions avec le secteur des technologies de l’information, d’autres entreprises du secteur privé, de la communauté des chercheurs, des associations d’utilisateurs et les organisations de la société civile. Enfin, il est voué à devenir le partenaire naturel dans les interactions avec d’autres partenaires internationaux et initiatives internationales en dehors de l’UE dans le domaine de la cybercriminalité.
Le centre devrait être opérationnel à partir de janvier 2013. Cette initiative est promue dans le cadre de la « stratégie de sécurité intérieure de l’UE en action » adoptée le 22 novembre 2010 par la Commission. Le centre complète des propositions législatives telles que la directive relative aux attaques visant les systèmes d’information, dont le texte fait actuellement l’objet d’un débat au Parlement européen, ou encore la directive visant à combattre l’exploitation sexuelle des enfants en ligne et la pédopornographie, adoptée en 2011.
Notes:
[1] Le texte de la communication intégrale est disponible en ligne (en anglais) ; <http://ec.europa.eu/home-affairs/doc_centre/crime/docs/Communication%20-%20European%20Cybercrime%20Centre.pdf>
[2] Publié par : <info@eu-logos.org>, le 2 avril 2012.