Hommage à Alda Del Forno

 

150 Ce texte est celui que Gilbert Blardone, fondateur de notre revue « Informations et commentaires », a prononcé, lundi 26 avril 2010, lors de la cérémonie des funérailles d’Alda Del Forno, éditrice de notre revue et présidente de l’Association pour un nouveau développement.

Depuis 1998 avec Patrice Allard comme directeur et Alda Del Forno comme éditrice, la revue « Informations et Commentaires – Le développement en questions » a été réalisée, ici, à Grenoble dans le cadre de l’Association pour un nouveau développement, présidée alors par Gérard de Bernis auquel Alda a succédé. Cette revue, je l’ai lancée à Lyon en 1972 avec quelques jeunes collèges universitaires, disciples du grand économiste français d’origine lyonnaise, François Perroux. C’est à lui que nous devons notamment « l’économie du vingtième siècle », « l’économie des jeunes nations », et, aux presses de l’UNESCO « Pour une philosophie du nouveau développement ». Avec François Perroux, nous pensions alors que l’avenir du monde allait dépendre de plus en plus de ce qui se passerait en Asie, en Amérique latine, en Afrique, dans ce que l’on appelait « le Tiers monde ». Qu’il convenait donc d’en informer la jeunesse et de réfléchir à ce que devrait être nos futures relations avec ces continents, relations qui influenceraient nécessairement leur développement et le nôtre. La nouvelle revue devait être l’un des modestes moyens à notre disposition pour réaliser cette ambition.

Lorsque 26 ans plus tard, en 1998, il n’a plus été possible d’éditer la revue à Lyon, tout naturellement nous avons pensé que le professeur Gérard de Bernis, ami et successeur de François Perroux ainsi que ses collègues de Grenoble, les professeurs Rolande Borrelly, Patrice Allard, Alda Del Forno pourraient être intéressés de poursuivre l’aventure que représentait la gestion et l’édition de la revue dans l’esprit même qui avait présidé à sa création. L’accueil fut immédiat et chaleureux.

Depuis 12 ans, sous la direction de Patrice Allard, avec Alda comme éditrice et le soutien actif et compétent de leurs collègues et amis, la revue continue à jouer son rôle d’information, de réflexion et de proposition. Elle s’enrichit chaque année de nouveaux lecteurs et abonnés. La place prise, aujourd’hui, dans le monde par ceux que l’on appelle désormais « les pays émergents » et leur poids dans les relations internationales, témoigne de la justesse de l’intuition initiale.

Dans un contexte de mondialisation anarchique et de concurrence sauvage, il importe plus que jamais de rappeler, après François Perroux, que l’économie doit être au service de l’Homme et non l’inverse ; que l’argent est un moyen et non une fin. « Il faut déshonorer l’argent » n’hésitait pas à écrire François Perroux déjà en 1969, dans « Le pain et la parole ».

Alors qu’un capitalisme financier arrogant, sans scrupule, sans système réel de régulation écrase les hommes en imposant la loi du plus fort au lieu d’améliorer leur condition d’existence et de conforter leur joie de vivre, alors que ce capitalisme plonge la planète dans des crises à répétition et la conduit au chaos, il est plus nécessaire que jamais non seulement de contester ce système mais de proposer un autre type d’économie et de société. Maurice Allais, le seul économiste français Prix Nobel d’économie, n’hésitait pas en 2005 à affirmer « en réalité, l’économie mondialiste qu’on nous présente comme une panacée ne connaît qu’un seul critère, « l’argent ». Elle n’a qu’un seul culte, « l’argent ». Dépourvue de toute considération éthique, elle ne peut que se détruire elle-même ».

Depuis 12 ans Alda a été dans la revue qu’elle fabriquait, la cheville ouvrière de ce combat pour l’Homme et pour un développement à visage humain. Accueillante à tous, toujours souriante et détendue, attentive à ce que chacun proposait, elle savait qu’elle pouvait compter sur la collaboration de toute l’équipe du Comité éditorial, mais c’est à elle que revenait la responsabilité de construire pierre par pierre chaque numéro de la revue. Nous savons, par expérience, ce que cela représente de souci et de labeur quotidien lorsque ce travail s’ajoute aux tâches professionnelles et familiales.

Le meilleur hommage que nous puissions rendre à Alda Del Forno, aujourd’hui, c’est de lui promettre de continuer, dans la vie et à travers la revue, ce combat auquel, jusqu’au dernier moment, elle s’est totalement dévouée.

Merci Alda. Vous pouvez compter sur nous.

Au revoir.