La Birmanie, rebaptisée par la junte dirigeante « Union of Myanmar »[2] en 1989, reste l’un des pays les plus fermés au monde. Face au système répressif du régime, aux restrictions à la circulation des étrangers à l’intérieur du pays et une censure généralisée sur toute information, les opposants et leurs soutiens à l’étranger tentent régulièrement d’alerter l’opinion publique[3] sur les atteintes aux droits de l’homme et la dégradation continuelle de la situation sociale et économique du pays.
La liste des méfaits de ce régime ultranationaliste est longue : emprisonnement des opposants — dont Madame Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix[4] — enfants-soldats[5], travail forcé et liens controversés avec les entreprises occidentales implantées dans le pays[6], etc.
Voilà près de vingt ans que les dirigeants Birman[7] sont mis au ban des nations, sans que cela n’ait pour autant entraîné un changement dans leurs choix politiques. Au contraire, la junte des généraux a su se maintenir au pouvoir malgré les pressions externes, les luttes armées menées par les groupes ethniques, les révoltes des étudiants et des moines bouddhistes[8].
Cette junte, fruit de l’histoire post-coloniale, a émergé au plus fort de la guerre froide comme bien d’autres dictatures de cette région d’Asie. Mais alors que la plupart des régimes autoritaires de la région se réformaient à partir des années 80, la Birmanie est restée sclérosée sous l’emprise de la junte militaire et de son parti unique.
La question du droit des populations minoritaires vivant sur les régions frontalières du pays est au cœur de la problématique birmane : celle d’un ensemble multiculturel hétérogène où la réalisation d’un État-nation via une relation centre – périphérie a été très conflictuelle. Cette relation portée par une vision ultra nationaliste des autorités issues de l’ethnie Birman a engendré une situation de lutte avec les ethnies minoritaires, accentuée par une loi sur la citoyenneté qui exclue une partie de ces populations.
Mais au-delà d’une relation complexe entre pouvoir central Birman et périphéries ethniques minoritaires, les généraux de Rangoon ont su s’adapter à l’évolution géopolitique régionale. Profitant d’une position géo-stratégique particulière, au carrefour entre les différents blocs asiatiques, ils ont su développer un patchwork de liens bilatéraux et régionaux. Privilégiant les rapports commerciaux, souvent au détriment de l’économie nationale, ils ont ainsi pu étouffer les critiques des pays voisins.
La Birmanie / Myanmar, en quelques chiffres….
Surface : 676 578 km2
Découpage administratif et politique :
– Sept « Divisions » à majorité ethnique Birman : (Yangon, Magway, Ayeyarwady, Mandalay, Sagaing, Tanintharyi, Bago).
– Sept « États » à dominante ethnique non-Birman : (Kachin, Mon, Rakhine, Kayah, Kayin, Chin, Shan).
Population (estimation PNUD, 2002) : 49 millions d’habitants, dont 13 millions vivant dans les États périphériques..
Religions : Bouddhistes ~ 85 à 90 % ; Chrétiens ~ 7 à 10 % ; Musulmans ~ 3 à 5 % ; Animistes ~ 1 %.
PIB par habitant : 1 027 dollars des États-Unis (estimation PNUD, année 2002).
(Thaïlande, 7 248 dollars des États-Unis ; Indonésie, 2 000 dollars des États-Unis ; Bangladesh, 1 730 dollars des États-Unis).
Espérance de vie (PNUD, 2002) : hommes : 55 ans ; femmes : 60 ans.
Indice du Développement Humain (PNUD, 2002) : 0,551 (classement : 132ème sur 177 pays).
et en quelques dates…
XIème siècle – XVIIIème siècle : Création des empires Mon (jusqu’au XIIème siècle) puis Birman.
1824 : Début de la colonisation britannique. En 1886, la Birmanie devient une province de l’Empire des Indes.
4 janvier 1948 : Proclamation de l’indépendance de la Birmanie.
Mars 1962 : Ne Win prend le pouvoir par un coup d’État.
1982 : Nouvelle loi sur la citoyenneté introduisant trois catégories de citoyens.
Mars – Septembre 1988 : Manifestations dans tout le pays. Répression faisant entre 3 000 et 10 000 morts.
La junte abroge la constitution. Création du SLORC (Conseil d’État pour la restauration de la loi et de l’ordre). La Birmanie devient le Myanmar et Than Shwe le nouvel homme fort de la junte.
Mai 1990 : La Ligue Nationale pour la Démocratie (d’Aung San Suu Kyi) obtient 82 % des sièges aux élections législatives générales. La junte refuse de laisser siéger l’Assemblée. Arrestation des principaux leaders et mise en résidence surveillée d’Aung San Suu Kyi (libérée en 1995).
Octobre 1991 : Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix.
Printemps 1993 : la junte ouvre une Convention Nationale, afin de définir une nouvelle Constitution. Les consultations dureront jusqu’en 1996, puis seront suspendues.
Janvier 1998 : La Birmanie intègre l’Association des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN).
Septembre 2000 : Nouvelle arrestation d’Aung San Suu Kyi. Libérée en 2002 puis arrêtée à nouveau en mai 2003.
Octobre 2004 : Le 1er ministre Kynn Nyunt est arrêté. Ses prérogatives sont réparties entre le nouveau Premier ministre, le Général Soe Win, et le général Maung Aye, chef des armées.
Février 2005 : Redémarrage de la Convention Nationale qui devrait durer jusqu’à 2007. Session annuelle de 3 mois. Arrestation de leaders nationalistes Shan. Combat sur la frontière thaï / birmane entre l’UWSA (ethnie Wa) et SSA-Sud (rebelles Shan).
Novembre 2005 : Transfert de la capitale à Pyinmana, à 400 km au nord de Rangoon. La nouvelle capitale est renommée NayPiDaw (« cité royale »).
Automne 2006 : Annonce d’un plan de restructuration de l’appareil de commandement militaire, visant notamment la mise à la retraite de près de 3 000 officiers.
Janvier 2007 : le numéro un de la junte, le Général Than Shwe est hospitalisé à Singapour. Cette hospitalisation (a priori pour un cancer du pancréas) lance les luttes pour la succession.
1 – Le rejet des droits des populations minoritaires
Issues de la colonisation britannique (1826 – 1948), les délimitations de l’espace birman sont à l’origine de tensions entre les différents peuples occupant cet espace. L’avènement de l’indépendance (4 janvier 1948) a fait très rapidement ressortir les relations conflictuelles entre une ethnie numériquement majoritaire (Birman) représentant les deux tiers de la population et une mosaïque de peuples[9] (entre 130 et 150 ethnies) dont certains comptent à peine quelques milliers d’individus.
Dès l’indépendance, les membres de la nouvelle élite au pouvoir[10] considérés comme les pères fondateurs de la Birmanie (dont Aung Saan[11], père d’ Aung San Suu Kyi), vont définir la relation politique sur un concept de dualité territoriale.
À partir d’une division territoriale précoloniale, établie autour de deux régions — centrale et méridionale à dominante Birman et Mon — et sept régions périphériques (appelées États fondateurs associés), la première constitution va porter les germes des tensions ethniques. En effet, en reprenant une approche duale de la société, la Constitution introduit un modèle territorial construit autour d’une majorité linguistique (Birman) et religieuse (Bouddhiste) imposant une identité culturelle dominante sur l’ensemble d’un territoire historiquement hétérogène.
L’opposition des minorités ethniques se définira alors principalement autour de cette double différenciation linguistique et religieuse, revendiquant espace politique, culturel et religieux face à un groupe ethnique central et dominant qui cherche à s’imposer à la périphérie de son espace territorial[12].
Au fil des décennies, le pouvoir central établira une stratégie basée sur la répression et le déplacement forcé de populations des régions périphériques (près de deux millions de personnes et probablement 200 000 morts entre 1950 et 1990). Ces déplacements de population demeurent encore aujourd’hui une forme d’agression développée de manière systématique par le gouvernement Birman et certains de ces alliés (UWSA[13] notamment). Ainsi, selon l’organisation Thailand Burma Border Consortium[14] environ 160 000 personnes auraient été déplacées depuis fin 2002 ; le déplacement concernerait plus de 240 villages.
Alors qu’à la fin des années 80 apparaît un déclin de la lutte armée des minorités, la junte doit faire face à des revendications populaires menées par les forces vives du pays souvent d’origine Birman, en particulier les étudiants, professions intellectuelles (enseignants, corps médical) ainsi que le clergé bouddhiste. Mais le pouvoir arrivera à nouveau à rebondir au prix d’une violence sans précédent, en particulier suite aux manifestations d’août 1988 : 3000 étudiants sont exécutés, plus de 10 000 autres doivent fuir la capitale, rejoignant des groupes d’opposition en exil ou les groupes armés sur la frontière Est ; la plupart d’entre eux ne survivront pas.
Quant aux minorités, leur fragmentation interne, l’affaiblissement de leur capacité de combat et le manque de soutiens externes dû à la fin de la guerre froide vont les amener à négocier des cessez-le-feu. Ainsi, à partir des années 90, le général Kynn Nyunt, devenu premier ministre, va-t-il lancer une série de longues négociations avec la plupart des guérillas historiques. Sept régions spéciales sont créées et bénéficient d’une autonomie plus ou moins large, allant de la simple reconnaissance des coutumes et langues locales, à l’autonomie politique et militaire (cas de la Région Spéciale N°2 tenue par l’United Wa State Army, ex-mouvement rebelle devenu l’allié incontournable de la junte). Les régions les plus autonomes sont situées sur les frontières chinoises et thaïlandaises. Cette localisation va alors permettre à plusieurs ex-groupes rebelles de développer des zones de non-droit et d’intensifier les activités illégales ou de trafic[15] : casinos, prostitution, stupéfiants[16], pierres précieuses, armes.
2 – La loi sur la citoyenneté, outil du ségrégationnisme Birman
Malgré la signature de cessez-le-feu avec une large partie des anciennes guérillas ethniques, aucun avancement n’a été fait sur la question de la citoyenneté définie par la loi de 1982. Celle-ci reste un élément de privation des droits de l’homme contraire aux différentes chartes internationales[17]. Contrairement à la loi précédente de 1948, qui conférait l’égalité de droit à tous les citoyens, la loi de 1982 crée trois classes de citoyens : les citoyens « de plein droit », les citoyens « associés », les citoyens « par naturalisation ».
Cette loi sur la citoyenneté divise la société en créant des classes de citoyen de seconde et troisième catégorie, et ouvre ainsi la voie à des politiques discriminatoires et ségrégationnistes. Les communautés issues de la colonisation sont directement concernées, en particulier les populations d’origine indienne ou chinoise qui n’ont pu obtenir la citoyenneté après la décolonisation, mais surtout la minorité ethnique Royinga. Les Royingas (environ un million de personnes) appartiennent à un groupe ethnique de confession musulmane situé principalement à l’ouest du « Rakhine State » (partie frontalière avec le Bangladesh). Ils sont particulièrement harcelés depuis les années 90 ; après un exode d’environ 250 000 personnes en 1991-1992 (soit 25 % de la population) vers des camps de réfugiés au Bangladesh, puis le retour sous protection du Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies au début des années 2000, les Royingas se voient cantonnés dans des villages sans autorisation de déplacement et soumis à des restrictions sur le mariage, les activités économiques et les pratiques religieuses[18].
3 – Une paupérisation croissante de la population
Les conséquences d’un demi-siècle de répression ont eu des effets particulièrement négatifs au niveau social, éducatif et économique pour l’ensemble des populations du pays. La Birmanie était le premier exportateur mondial de riz à la décolonisation, son système éducatif était particulièrement performant et présenté comme une référence dans les années 60[19]. Mais la junte a pratiqué une militarisation de la société au détriment de l’ensemble des autres secteurs.
En 2005, les dépenses du Ministère de la Guerre représentent plus de 30 % du budget national et l’armée regroupe environ 350 000 hommes. Les secteurs éducatifs et de santé avec moins de 3 % du budget national sont à l’abandon : les dépenses annuelles dans ces deux secteurs sont inférieures à 0,50 euro par habitant.
On assiste donc à une déstructuration des bases de la société birmane et à un éclatement des classes sociales. La classe moyenne (enseignants, médecins, fonctionnaires), qui avait émergé après la décolonisation, a vu son pouvoir d’achat s’effondrer à la fin des années 80. En 1987, le Myanmar basculait ainsi parmi les Pays les Moins Avancé (PMA) ; en 1999 la Banque mondiale estimait qu’entre 25 et 30 % de la population vivait au-dessous du seuil d’extrême pauvreté, soit prés de 20 millions de personnes ayant moins de un dollar par jour[20].
Abandonné par l’État, le système national de santé s’effondre et les maladies infectieuses se développent. Près de 30 000 personnes meurent chaque année du paludisme, la tuberculose fait des ravages, et l’épidémie du VIH-SIDA frappe toutes les classes de la société. Selon les rapports des Nations Unies et des organisations humanitaires, au moins 600 000 personnes sont déjà infectées par le virus, dont 200 000 femmes et 15 000 enfants.
Le pays étant sous embargo depuis la mise en résidence d’Aung San Suu Kyi, l’aide publique au développement est quasi inexistante ; seule l’aide octroyée directement par les organisations internationales (agences de Nations Unies et ONG) permet de délivrer quelques services de base aux populations.
En 2006, près de cinq millions de personnes dépendaient essentiellement de l’appui apporté par les organisations humanitaires dans les domaines essentiels tels que l’eau potable, l’accès aux soins et la sécurité alimentaire. Mais avec moins de 3 euros par habitant et par an, la Birmanie reste très en deçà de l’aide fournie aux pays de la région[21] et des besoins des populations du pays.
4 – Une transition démocratique peu probable
La junte militaire n’apparaît plus aujourd’hui menacée par une opposition interne, que ce soit celle des rebellions ethniques ou celle des groupes d’opposants politiques : la LND d’Aung San Suu Kyi a été fortement ébranlée avec l’arrestation de ses leaders mais aussi par les interdictions des quinze dernières années qui n’ont pas permis l’émergence de nouveaux cadres du parti (vieillissement des opposants historiques).
Bien au contraire, la junte profite de l’affaiblissement de ses opposants pour redéfinir une nouvelle stratégie de pouvoir. Celle-ci passe par l’ouverture économique régionale[22] et par la tentative de s’habiller d’une nouvelle constitution. Ainsi, depuis mai 2004, une Convention Nationale[23] a été convoquée par trois fois par la junte militaire. Cette Convention cherche à donner une image de transition vers la démocratie ; bien que rejetée par la LND et les derniers opposants armés, la junte a réussi à regrouper une majorité des représentants des minorités ethniques. Cette initiative, fortement critiquée par les États-Unis et l’Union Européenne, en raison de l’absence des représentants LND (parti d’Aung San Suu Kyi), est néanmoins perçue positivement par les partenaires régionaux de la Birmanie (pays de l’ASEAN, Inde et Chine)[24]. Dans cette lignée, les veto chinois et russe à une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU à l’initiative des États-Unis en février 2007 confirment les fortes divergentes d’appréciation de la situation des droits de l’homme en Birmanie mais surtout, à nouveau, les enjeux économiques régionaux.
À travers cette Convention, dont l’objectif est de déterminer les principes d’une nouvelle constitution, la junte cherche ainsi à s’assurer une (nouvelle) future légitimité. Il n’est donc pas surprenant de constater que les mille représentants à cette Convention ont été triés sur le volet et sont pour la plupart issus de la junte elle-même, de son organisation de masse (USDA), des minorités ethniques ayant fait allégeance, ou encore des ex-groupes de guérillas.
La Convention est un outil politique qui pourrait permettre à la junte d’assurer son pouvoir tout en donnant l’image d’un basculement vers une démocratie. L’USDA est un appareil de propagande[25] qui contrôle depuis une décennie l’ensemble des organisations populaires et administrations publiques. En transformant l’USDA en parti politique, les généraux continueraient à détenir le pouvoir sous un pluralisme politique d’apparence.
Si la junte n’est plus fortement menacée par les opposants politiques et le nationalisme de ces minorités, elle connaît en revanche une mutation interne. La succession du numéro un Than Shwe (atteint probablement d’un cancer du pancréas) va certainement être l’occasion de redistribuer les cartes du pouvoir politique et des ressources du pays. Alors que le pays avait été conduit jusqu’à présent par les leaders de l’indépendance, une nouvelle génération de militaires marqués davantage par un intérêt d’enrichissement personnel est en train d’apparaître et se presse aux portes du pouvoir.
Notes:
* Ancien responsable en Birmanie de l’ONG « Aide Médicale Internationale ». Cette ONG intervient depuis 1984 auprès des populations birmanes, en Birmanie et dans les camps de réfugiés en Thaïlande. Voir <www.amifrance.org>.
L’article a été rédigé en mars 2007.
[2] Le nom complet est Pyidaungsu Thamada Myanmar Naing – Ngan Daw. Ce choix est refusé par les groupes d’opposition politique. Il évoque le premier grand État unifié qui exista entre le XVème et XVIIème siècle, et symbolise pour beaucoup une forme du nationalisme de l’ethnie Birman.
[3] Une nouvelle campagne vient d’être lancée en Europe (Birmanie : menace sur la paix), à l’initiative d’un collectif d’organisations, notamment pour faire libérer les prisonniers d’opinion, estimés à au moins 10 000 prisonniers. Voir <www.info-birmanie.org>.
[4] Toujours en résidence surveillée, depuis la répression sanglante des élections de 1988 qui avait donné la victoire à son parti NLD (Ligue Nationale Démocratique).
[5] Rapport 2004 de Human Rights Watch. 20 % des 350 000 soldats birmans auraient moins de 18 ans.
[6] Parmi celles-ci, le pétrolier Total a fait l’objet de deux plaintes en France et en Belgique, pour utilisation de travail forcé. Voir le site Internet de la FIDH sur les suites juridiques de ces plaintes. <www.fidh.org>.
[7] La langue anglaise utilise deux termes « burmese » et « burman » : le premier correspond à l’ethnie majoritaire, le second aux habitants de la Birmanie sans notion ethnique. Nous utiliserons ici le terme Birman pour parler de l’ethnie, et birmans / birmanes (minuscule et au pluriel) pour parler des différentes populations du pays.
[8] Près de 90 % de la population birmane est bouddhiste. Le clergé représente un véritable contre-pouvoir face aux militaires. L’implication de certains de dignitaires religieux a été fortement réprimée suite aux manifestations de 1988. Des dizaines de moines ont été exécutés, jetés en prison ou isolés dans les monastères reculés du pays.
[9] Si les ethnies dites minoritaires ne représentent qu’environ un tiers de la population, elles occupent cependant plus de 50 % du territoire dont les principaux espaces de richesses (mines de pierres précieuses, forêt de teck, ressources hydrauliques).
[10] Issue du mouvement indépendantiste des années 30, Dobhama Asi Ayone.
[11] Assassiné en juillet 1947, six mois après la signature de l’accord d’indépendance.
[12] Le schéma perdure jusqu’à aujourd’hui comme le montrent les affrontements encore en 2006 entre la KNU (Karen Nation Union) groupe armé de l’ethnie Karen, à forte proportion chrétienne, vivant à la frontière avec la Thaïlande.
[13] United Wa State Army, ex-groupe rebelle contrôlant une partie de la frontière chinoise et thaïlandaise, dont plusieurs dirigeants font l’objet d’un mandat d’arrêt international pour trafic de stupéfiants.
[14] En charge notamment de la coordination et de la gestion des camps de réfugiés sur la frontière Thaï / Birmane. Selon l’organisation, le nombre total de déplacés internes en Birmanie seraient aujourd’hui de plus de 500 000 personnes. D’autre part, 1,5 million de Birmans seraient réfugiés en Thaïlande, dont prés de 200 000 dans les camps de réfugiés.
[15] Voir Lettre internationale des drogues, Bulletin de l’Association d’Études Géopolitiques des Drogues, trimestriel.
[16] La Région Spéciale n° 2 – Wa produirait actuellement 40 % de l’opium birman, mais surtout 80 % des amphétamines de type stimulants ATS consommées en Thaïlande, soit environ 700 millions de capsules. Une ATS coûte entre 0,25 et 2 euros. Le trafic d’ATS devient ainsi aussi lucratif que celui de l’héroïne, tout en étant beaucoup moins contraignant à produire.
[17] Voir Amnesty International, Myanmar, la minorité Rohingya : déni des droits fondamentaux, mai 2004.
[18] Sans document de propriété de la terre, ils ne peuvent avoir accès à la citoyenneté. Ceci les empêche alors de se déplacer. En effet, la carte d’identité attribuée aux citoyens de « plein droit » est nécessaire pour se déplacer entre les différentes parties du pays. De même, la construction de mosquée est interdite. Enfin, une politique d’implantation de population bouddhiste est mise en place à travers la distribution de terres à d’anciens prisonniers venus d’autres parties du pays.
[19] Un médecin birman obtenait, après une année d’échange, le droit d’exercer au Royaume-Uni. La validation a été retirée dans les années 80.
[20] Banque mondiale, 1999.
[21] En 2000, le montant per capita apporté au Cambodge était de plus de 30 dollars des États-Unis.
[22] Principalement des investissements thaïlandais, chinois et indiens destinés à financer des infrastructures énergétiques (gaz offshore en mer d’Andaman, métaux et minerai dans les États Kachin, Shan), des réseaux routiers permettant le développement des échanges entre ces mêmes investisseurs, ainsi que des activités de sous-traitance textile (frontière thaïlandaise) ou agro-alimentaire.
[23] Une Convention Nationale avait également été lancée en 1993 et abandonnée en 1996. À l’époque, il s’agissait de faire bonne figure, tant auprès des groupes armés qui acceptaient de signer les cessez-le-feu que des investisseurs internationaux.
[24] Lors de l’ouverture de la seconde partie de la Convention en février 2005, les représentants des Nations Unies et de la Russie étaient également présents.
[25] Voir International Crisis Group, « Myanmar: New Threats to Humanitarian Aid », Update Briefing, Asia Briefing, n° 58, 8 décembre 2006, <www.icg.org>.