Équateur : la question indigène et ses dimensions économiques

Stéphane Boisson*

 

138-page-001Au mois de décembre 2006, une revue écono­mique publiée en Équateur, titrait à propos de l’année à venir, « 2007 en croissance… mais sans que la table soit mise ». L’article constate une croissance du PIB courant par habitant de 74 % de 2001 à 2006, sans pour autant que cette richesse soit partagée correctement entre les Équatoriens en raison de l’inégale répartition des revenus[1].

Marginalisées pour une part importante dans la société équatorienne, les populations indigènes sont à la fois une composante fondamentale de cette société, sans bénéficier cependant d’une situation suffisante de développement humain. Les indicateurs de pauvreté sont dans le rouge. Ceux du développement humain font foncièrement appa­raître une situation de sous-développement, de survie et de menaces d’ethnocide pour une grande part de ces populations.

S’interroger sur la place de ces populations à l’intérieur de la société équatorienne suppose de les définir et de voir quels sont les indicateurs éco­nomiques et sociaux les concernant.

Depuis janvier 2000, le processus de dollarisa­tion a-t-il modifié cette situation cette situation ? Non content d’abandonner un symbole majeur de la souveraineté nationale, le processus de dollari­sation a mis en place des régulations économiques qui renforcent dans une certaine mesure le proces­sus d’exclusion de ces populations au sein de la société équatorienne. Nous chercherons à montrer comment.

Cependant ces populations renvoient à des réalités particulièrement hétérogènes au sein de la société équatorienne, à la fois dans l’organisation des communautés, dans leur place au sein de la production, et dans leurs capacités à développer des échanges en Équateur comme à l’étranger. Entre le membre de la communauté d’Otavalo, zone touristique importante située au nord du pays et qui se consacre pour une part importante à la vente d’artisanat en Équateur comme à l’étranger, et les communautés noires de la vallée du Chota, grand fournisseur de joueurs de l’équipe nationale de football, et la communauté Shuar située dans l’Oriente, les différences sont si importantes qu’il serait difficile de construire une analyse homogène de ces populations. Il ne faut pas oublier que la nation équatorienne est plurinationale, au moins dans sa constitution.

La place de ces populations est liée à la ques­tion du processus de colonisation qui perdure encore sous diverses formes, en particulier dans la question de la propriété de la terre et de ses res­sources, le pétrole par exemple, mais aussi dans la reconnaissance politique et dans la représentation politique de ces populations. Se pose aussi la question de l’insertion de ces populations dans la sphère du travail, dans l’accès à l’éducation, à la santé et aux services publics.

Le projet politique indigène a vécu au cours des trente dernières années des avancées certaines. Ces populations se sont constituées en confédérations : CONAIE (Confederación de Nacionalidades Indí­genas del Ecuador), FEINE (Federación de Indíge­nas Evangélicos), FENOCIN (Federación Nacional de Organizaciones Campesinas, Indígenas y Negras), et en parti politique (Pachakutik). Ces organisations ont réussi à construire une cons­cience collective capable aujourd’hui de mobiliser ces populations comme ce fut encore le cas tout récemment en 2006. Elles partagent souvent une langue commune, le Kichwa par exemple, ainsi que des aspirations politiques communes sur la question de la protection de leur culture, de l’environnement et de la biodiversité, des ressour­ces que recèle le territoire où ils vivent. D’une certaine façon assiste-t-on à un processus de décolonisation ? De façon croissante, ce projet politique s’articule de plus en plus autour d’une lutte contre le néo-libéralisme et de ses manifestations.

Cependant le projet politique demeure parfois flou, et ambigu. Ce projet rencontre des difficultés dans la conception d’un syncrétisme politique entre les formes traditionnelles du pouvoir dans ces communautés et le nécessaire passage à la modernité dans une démocratie qui se veut mo­derne. Les aspirations politiques de ces popula­tions ont été souvent manipulées par les préten­dants aux diverses investitures et responsabilités politiques. L’épisode de la participation de six mois au gouvernement de Gutiérrez[2] semble avoir été une épreuve durement vécue par ces commu­nautés et les institutions qui les représentent. L’état des lieux de la participation politique indigène, et pas seulement dans sa forme représentative est plutôt inquiétant en Équateur, il ne suffit pas d’avoir des représentants, encore faut-il que la population ait les moyens d’accéder au débat poli­tique. La reconnaissance culturelle est souvent un pis-aller de la reconnaissance politique avec en arrière-plan permanent la question du sous-déve­loppement de ces populations.

1 – Définir les populations indigènes et mesurer leur poids démographique

Parmi les questions sensibles en Équateur, figure celle du recensement des populations dites indigènes. S’accorder sur leur importance numéri­que est un enjeu économique, social et politique. De 15 % à 30 % de la population de l’Équateur serait composée par des populations dites indigè­nes ou natives. Mais bien évidemment, les proces­sus d’acculturation, de métissage, depuis les dé­buts du processus de colonisation espagnole ont produit des effets “d’assimilation” non négligea­bles sur les populations indigènes, il n’en demeure pas moins que ces populations sont malheureuse­ment encore bien loin d’une véritable intégration.

La première question importante repose sur l’existence d’un système statistique fiable permet­tant d’évaluer ces populations. Il y a encore peu de temps l’Équateur ne disposait pas d’un tel système. C’est au milieu des années 1990 que la Banque Interaméricaine de Développement[3] a financé la mise en place d’une base de données statistiques permettant la publication d’indicateurs économi­ques et sociaux couvrant l’ensemble du territoire équatorien. La crise de 1999 aurait pu avoir raison de ces recherches mais l’urgence pour les diri­geants de l’époque d’être en mesure d’évaluer les secteurs les plus en crise et d’essayer de répondre aux mouvements sociaux de cette décennie, a per­mis de poursuivre cette démarche afin de disposer des outils de décision pour la mise en place de politiques publiques se voulant plus efficaces. Que ce soit sur les questions concernant la pauvreté, sur la localisation des populations “ethniques”, et bien d’autres questions encore, cette base de données a eu le mérite d’éclaircir sensiblement la situation équatorienne. En 2001-2002 cette base de données a été étendue aux 26 populations indigènes d’Équateur, afin de déterminer des indicateurs de qualité de vie, de relation avec l’environnement, les inégalités économiques et les discriminations culturelles qui les affectent. La consultation de cette base de données SIISE (Sistema Integrado de Indicadores Sociales del Ecuador)[4], est particuliè­rement enrichissante quant aux statistiques concer­nant les différentes nationalités qui composent l’Équateur. Cet outil fut sans doute un moyen dé­terminant dans le processus de recon­naissance de ces populations comme ce fut le cas avec la Cons­titution de 1998.

La Constitution équatorienne de 1998 (arti­cles 1, 83, 84, 85 et 238) reconnaît le caractère plurinational de la population, c’est des nations et non d’une nation équatorienne dont il faut alors parler. À cette même période, un Conseil National de Développement des Nationalités et Peuples d’Équateur a ainsi vu le jour[5] (CODENPE). Com­ment ce conseil définit-il la notion de nationalité indigène et de peuples indigènes ? La nation indigène est une entité historique et politique qui a en commun une identité, une histoire, une culture, et qui vit sur un territoire déterminé avec ses pro­pres institutions et formes traditionnelles d’organisation sociale, économique, juridique, politique, et qui détient une autorité propre sur ce territoire. Le peuple indigène est quant à lui une collectivité originaire, et en relation avec des communautés ou foyers ayant des identités cultu­relles qui les distinguent des autres milieux sociaux de la société équatorienne, elle est régen­tée par des systèmes propres d’organisation sociale, économique, politique et légale. La Cons­titution équatorienne leur reconnaît ainsi un certain nombre de droits : droits culturels, droits de pro­priété des territoires considérés comme impres­criptibles, inaliénables et indivisibles, droits d’utilisation, d’usufruit, d’administration et de conservation des ressources renouvelables présen­tes sur ces territoires, droits de consultation sur la prospection et l’exploitation de ces ressources, droits sur la biodiversité, droits de propriété intel­lectuelle sur les connaissances. Nul doute que ces populations ont obtenu ainsi une reconnaissance officielle non négligeable ; bien évidemment, cela ne signifie en rien que ces droits soient forcément respectés et mis en œuvre. On peut ainsi distinguer trois niveaux “démographiques” ethniques :

Nationalités indigènes  → Peuples indigènes →  Communautés indigènes

Cependant la définition de ces populations apparaît comme relativement complexe, et l’utilisation de critères explicites est encore loin de convenir à la diversité et aux réalités de l’Équateur.

1.1 – Que représentent alors numériquement ces populations ?

D’après un document publié par le Ministère des Affaires Étrangères Équatorien (Fernando García Serrano, La Proyección Multicultural del Ecuador), cette question du recensement est cependant loin d’être résolue même si le pays dispose d’un système statistique. Les sources statistiques les plus récentes datent de 2000 et 2001. On peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles ces données n’ont pas été actuali­sées depuis. Dans chacune de ces enquêtes furent retenus des critères de langue et d’autodéfinition par les personnes interrogées de leur appartenance aux populations indigènes.

 

 

Tableau 1

Autodéfinition Parle une langue native Parlant une langue native ou s’autodéfinissant comme…
Indigènes 6,1 4,6 6,6
Afro-équatoriens 5,0
Noirs 2,3
Mulâtre 2,7
Métisses 73,1
Blancs 10,8

Source : INEC (Instituto Nacional de Estadísticas y de Censo l’équivalent de l’INSEE), 6ème recensement de la population, et 5ème enquête de résidence. Élaboration des données : SIISE.

 Dans d’autres enquêtes comme celles concer­nant par exemple le secteur agricole et la pêche, 21 % de la population interrogée se considèrent comme indigène, 1,5 % comme noire, 72 % comme métisse, et 5,5 % comme blanche. La sur-représentation des populations indigènes dans ces activités économiques explique sûrement cette part élevée.

Sur la question de l’usage des langues natives, les recensements de la population font apparaître des proportions encore différentes. Dans les enquêtes sur les conditions de vie, en 1995, 1998 et 1999, les personnes parlant une langue native sont respectivement 3,5 %, 3,8 % et 5,8 % de la population interrogée. Dans l’enquête sur le sec­teur agricole et la pêche en 2000, la part des foyers où l’on parle une langue native et l’espagnol s’élève à 17,5 %. Dans l’enquête datant de 2000, sur la mesure des indicateurs sur l’enfance et les foyers2, les parts sont sensiblement équivalentes.

Globalement les données les plus récentes font apparaître les résultats synthétisés dans le tableau 2, ci-dessous.

Tableau 2 : Population équatorienne s’autodéfinissant comme…
Indigène Noire Métisse Mulâtre Blanche autre Total
830 418 271 342 9 411 890 332 637 1 271 051 39 240 12 156 608
6,83 % 2,23 % 77,42 % 2,74 % 10,46 % 0,32 % 100,00 %
Source : INEC, 6ème recensement de la population, et 5ème enquête sur les conditions de vie, novembre 2001.

Ces données nous conduisent à faire plusieurs remarques. La première est qu’il semble bien diffi­cile de retenir des critères pertinents pour définir et mesurer le poids démographique des peuples indi­gènes en Équateur. De plus, la méthodologie de ces enquêtes renvoie à la difficulté d’interroger des populations qui ont intégré un habitus certain de “marquage social” qui ne les autorise pas forcé­ment à afficher leur appartenance culturelle malgré les efforts de reconnaissance de ces cultures. Les hiérarchies sociales fondées sur la couleur de peau, sur l’usage de langue, ou sur les cultures, sont un héritage certain du processus de colonisation, et le développement de l’affirmation culturelle est encore loin d’avoir permis à l’ensemble de ces populations de revendiquer leur appartenance, surtout dans les enquêtes. Ces difficultés renvoient aussi au rapport de pouvoir qui peut exister entre ces communautés et les institutions étatiques char­gées d’élaborer ces statistiques. En effet « être indien, c’est tantôt un stigmate imposé par le regard de l’autre et vécu dans la honte, tantôt une revendication de dignité bafouée et une stratégie de lutte et d’auto-promotion politique et sociale parfaitement “moderne” »[6]. Il faut souligner aussi que le processus de scolarisation a tendance à diminuer la part des personnes parlant une langue native. Les populations indigènes dénoncent d’ailleurs les situations de racisme, de violences physiques et verbales sur l’utilisation de la langue par exemple.

Un autre critère de mesure de la place des populations indigènes en Équateur, est la question des territoires, qu’ils soient reconnus officielle­ment comme leur propriété, droit d’usage ou qu’ils soient occupés “illégalement”. La question de la propriété foncière est à la fois une question déter­minante sur le plan économique, permettant l’accès à des ressources, mais ces territoires cons­tituent aussi dans une certaine mesure la base d’un pouvoir politique.

Si l’on observe la répartition territoriale des populations indigènes, on peut constater que cel­les-ci se situent majoritairement dans la partie centrale (la Sierra) et dans la partie Est du pays (Oriente). En ce qui concerne la partie amazo­nienne, cette zone correspond pour une part im­portante à la localisation des champs pétroliers équatoriens. Pour ce qui concerne la Sierra, ces populations ne pèsent pas évidemment le même poids stratégique sur les ressources pétrolières.

Sur les territoires occupés par ces populations, quels sont ceux qu’elles possèdent ?

Les données statistiques sur ce sujet recouvrent les territoires occupés et les territoires reconnus comme appartenant légalement aux populations indigènes.

138 1.jpg Encuesta de Medición de indicadores de la niñez y los hoga­res, EMEDINHO, 2000.

Les territoires reconnus comme appartenant effectivement à ces populations correspondraient à 15,44 % du territoire équatorien et 8,28 % sur la base du critère d’occupation de ces territoires. Cette base territoriale est ainsi relativement res­treinte et la question de l’accession à la propriété foncière apparaît encore comme une question importante pour ces populations.

La question de la revendication territoriale, étroitement liée au processus de distribution iné­galitaire résultant du processus de colonisation, demeure une question prépondérante. Les lois de réforme agraire, le remembrement des terres, la division des terres de certaines haciendas, ont, certes, conduit à un accès plus facile à la propriété foncière. Mais la question reste aujourd’hui encore entière. Au modèle “d’administration ethnique” a succédé un modèle d’étatisation des conflits agrai­res[7]. Les populations indigènes sont davantage confrontées à la négociation étatique de la question agraire ce qui entraîne régulièrement des conflits sur le droit d’usage de ces terres. Ce n’est plus au grand propriétaire des haciendas, au prêtre ou à l’administrateur politique à qui elles doivent s’adresser mais à un pouvoir politique central. On peut considérer que les principaux mouvements des années 90 sont nés de cette question de la propriété foncière et du droit d’usage de ces terres. Les conflits se sont déplacés entre les intervenants, mais demeurent vivaces et constituent encore aujourd’hui une raison majeure des mouvements sociaux indigènes.

Tableau 3 : Territoires indigènes (en hectares et %)
Nationalités territoires reconnus légalement part en % du territoire national territoires occupés par les populations indigènes part en % du territoire national total
Awa 121 000 0,47 5 500 0,02 126 500
Cofán 33 571 0,13 148 907 0,53 182 478
Chachi 105 468,52 0,41 105 468,52
Epera 1 500 0,01 1 500
Huaorani 716 000 2,79 716 000
Secoya 39 414,5 0,15 39 414,5
Shuar 718 220 2,80 182 468 0,64 900 688
Achuar 884 000 3,45 133 014 0,47 1 017 014
Siona 7 888 0,03 47 888 0,17 55 776
Tsa’chila 19 119 0,07 19 119
Zaparo 271 000 271 000
Shiwiar 189 397 0,74 189 397
Kichwa Amazonica 1 115 000 4,35 1 569 000 5,53 2 684 000
Total 3 959 578 15,44 2 348 777 8,28 6 308 355
Source : SIISE, INEC, calculs réalisés à partir des données

(NB : Les données concernant la part en pourcentage de ces territoires sont calculées à partir d’un territoire total de 256 444 km2).

1.2 – Les indicateurs sociaux des populations indigènes

Si l’on s’intéresse en premier lieu à l’accès à l’éducation, on ne peut que constater l’existence de fortes inégalités.

Dans la population âgée de 24 ans et plus, la durée des études selon les groupes sociaux va du simple au triple si l’on prend le critère d’autodéfinition de la population ou de la langue parlée. Les populations indigènes sont restées pour une part importante à l’écart du processus de scola­risation. Les données concernant l’analphabétisme rejoignent ces constatations. Le taux d’analpha-bétisme des populations parlant une langue indigène est à peu près neuf fois supérieur à celui des populations urbaines parlant l’espagnol.

Tableau 4 : Scolarité moyenne selon le groupe ethnique, la langue et l’autodéfinition

Langue parlée Scolarité (nombre d’années en moyenne)
Espagnol seulement 7,4
Langue native seulement 2,1
Langue étrangère seulement 9,9
Espagnol et langue native 3,5
Autodéfinition Scolarité (nombre d’années en moyenne)
Population Indigène 3,3
Population noire 5,8
Population métisse 7,3
Population mulâtresse 6,5
Population « blanche » 9,2
Total 7,2
Source : SIISE, 6ème recensement de la population, INEC, 2001.

Pour les indicateurs de pauvreté, le constat est celui d’une forte inégalité entre les zones urbaines et rurales face à la pauvreté. Allant du simple au triple lorsque l’on mesure la pauvreté selon le ni­veau de satisfaction des besoins élémentaires. Comme nous l’avons vu précédemment, les popu­lations indigènes davantage concentrées en zone rurale sont ainsi les plus touchées par la pauvreté. Nous verrons plus loin comment cette pauvreté a évolué après le processus de dollarisation.

Tableau 5 : Pauvreté mesurée selon la non-satisfaction des besoins élémentaires
Régions Zone rurale/urbaine pourcentage effectifs Population totale
Sierra Rural 80,15 1 961 855 2 447 599
Costa Rural 91,75 1 696 319 1 848 683
Amazonía Rural 90,91 321 532 353 653
Insular Rural 76,0 2 075 2 730
Zone non délimitée Rural 86,60 62 864 72 588
Sierra Urbaine 32,41 976 817 3 013 139
Costa Urbaine 55,04 2 316 215 4 207 540
Amazonie Urbaine 53,42 104 046 194 766
Insulaire Urbaine 34,49 5 488 15 910

Source : SIISE, recensement de la population et des ménages, INEC, 2001.

Si l’on s’intéresse à l’accès à la santé, on peut constater que parmi les personnes qui ont des pro­blèmes de santé et qui n’ont pas accès aux soins, elles sont beaucoup plus nombreuses en pourcen­tage dans les populations parlant une langue indi­gène, 45,8 % contre 29,8 % pour les autres, selon les données du SIISE. Les dépenses de santé sont globalement bien inférieures en milieu rural qu’en milieu urbain soit un écart de quasiment 30 % se­lon la même source. Les infrastructures publiques sont dans un état conséquent de sous-développe­ment en milieu rural (dispensaires, accès à l’eau potable, etc.). D’après ces mêmes données, 90 % des habitations en milieu rural non pas accès aux services publics de base, d’accès à l’eau potable, à la collecte des eaux usagées, à l’électricité.

On pourrait multiplier ainsi les indicateurs qui traduisent les inégalités et l’état de pauvreté de ces populations. Nous nous intéresserons maintenant aux effets du processus de dollarisation sur ces populations.

2 – Les conséquences du processus de dollarisation

Sans conteste, le processus de dollarisation mis en place par le président Jamil Mahuad en janvier 2000 est à l’origine de transformations importantes à l’intérieur de la société équatorienne. L’intro-duction unilatérale du dollar comme monnaie na­tionale (les États-Unis ne sont pas à l’origine de ce processus), a été envisagée comme la seule solu­tion de sortie de la crise monétaire que vivait le pays. Parmi les conséquences importantes du pro­cessus de dollarisation et la mise en place de nou­velles formes de régulation, il est possible de dis­tinguer plusieurs conséquences majeures. Il est nécessaire de rappeler que l’économie équato­rienne semble bien souffrir avec ses ressources pétrolières du syndrome de la “maladie hollan­daise”[8], comme de nombreux pays en développe­ment qui disposent de telles ressources.

Premièrement la dollarisation, comme système rigide de fixation des prix, a conduit à faire des salaires et du volume de l’emploi les variables d’ajustement face à la concurrence des importa­tions, et pour maintenir la compétitivité-prix des exportations. La taille du marché équatorien, l’absence historique d’un processus d’industriali­sation, rendent l’économie particulièrement dé­pendante des échanges extérieurs ; le taux d’ouverture de l’économie équatorienne s’élève à plus de 55 % selon les données prévues pour 2006. Avec le processus de dollarisation, il est au­jourd’hui impossible pour l’économie équato­rienne de pratiquer une politique de dévaluation compétitive. En cas de choc exogène, par exemple un phénomène climatique comme el Niño, il est impossible pour l’économie équatorienne de pro­céder à un ajustement par la monnaie. La place de l’économie équatorienne dans la division interna­tionale du travail est marquée par l’exportation de produits issus du secteur primaire. Au mois de septembre 2006 sur 1 044,1 millions d’exporta­tions, ces produits représentaient 825,7 millions de dollars soit quasiment 80 % des exportations. La dollarisation a renchéri le prix des exportations équatoriennes. L’économie équatorienne ne béné­ficie pas, malgré la qualité de certains de ses produits agricoles, d’un retour en termes de valeur ajoutée, la transformation des produits primaires étant généralement réalisée à l’extérieur du pays, pétrole inclus. Les niveaux de productivité du tra­vail sont relativement faibles.

Pour les populations indigènes occupées majo­ritairement dans le secteur agricole, la dollarisation a eu des conséquences plutôt négatives sur le ni­veau moyen des salaires et sur le volume de l’emploi. Si, dans un premier temps, la stabilisa­tion de l’inflation, résultat du processus de dollari­sation, a permis de maintenir le niveau de salaire réel et de rattraper le choc de l’hyper-inflation, dans un deuxième temps la dollarisation a entraîné pour ces populations un accès beaucoup plus diffi­cile aux ressources monétaires. La dollarisation semble bien avoir amorcé un véritable processus de détérioration des termes de l’échange internes à l’Équateur. Les prix relatifs des biens agricoles comparés aux prix des biens transformés et manu­facturés ont diminué. Cette détérioration des prix agricoles comparés à l’évolution de l’indice des prix (voir graphique ci-dessous) participe de la diminution du pouvoir d’achat des populations agricoles et donc des populations indigènes même s’il peut exister une faible compensation, résultat du processus d’inflation contenue. Le paysage des zones rurales équatoriennes était déjà ainsi forte­ment marqué par une situation de pauvreté, la dol­larisation semble bien avoir renforcé ce processus de paupérisation. La dollarisation a donc davan­tage profité aux zones urbaines et aux couches moyennes émergentes. Et, comme l’écrit la revue Gestion, les populations indigènes et noires continuent d’être à la traîne dans leur développement social comparée à la majorité blanche et métisse[9].

Transferts de revenus de la campagne à la ville, relation entre les prix agricoles et l’indice des prix à la consommation en %

 138 2.jpg

Source : Banque Centrale d’Équateur, indices des prix des produits

De 2000 à 2004, le pourcentage de la popula­tion pauvre comparé à la population totale est passé de 75 % à un peu plus de 50 % en zone ur­baine, et de quasiment 90 % en 2000 à 2004 à 87 % en 2004 pour les zones rurales, soit une ré­duction d’un tiers pour les zones urbaines, et une réduction quasi insignifiante pour les zones rura­les. Ce processus s’est accompagné de transferts de population à l’intérieur du pays, mais a surtout engendré un processus d’émigration. L’ajustement sur le marché du travail par les quantités a produit un processus majeur de redistribution de la popu­lation en Équateur. Le processus migratoire a été massif. Il est difficile d’estimer exactement ce processus sur le plan numérique, entre 1,5 million et deux millions. Les raisons de ces difficultés s’expliquent principalement par le caractère sou­vent illégal de ces mouvements de population. Le “coyotérisme”, activité des passeurs clandestins qui organisent l’émigration illégale, est devenu un “service” économique quasiment à part entière et qui se paye cher dans les campagnes équatorien­nes. Les deux destinations privilégiées sont l’Espagne et les États-Unis. La communauté équatorienne en Espagne représente une des com­munautés les plus importantes, et, sous forme de boutade, il se dit que New York est la deuxième ville équatorienne. Ces transferts de population s’accompagnent dans l’autre sens de transferts de revenus, les remesas qui constituent aujourd’hui une source importante du revenu équatorien, 360 millions de dollars en 2004, en deuxième position derrière les revenus pétroliers. L’utilisation de ces revenus renforce la dépendance aux importations puisqu’une grande partie est utilisée pour l’achat de biens manufacturés. Les populations les plus pauvres et les plus touchées par les difficultés d’accès à l’éducation, en particulier les populations indigènes, ne représentent pas cependant les can­didats types au processus migratoire, ces popula­tions quittent plutôt les zones rurales pour venir grossir les rangs des principales villes d’Équateur, Quito, la capitale, à peu près un million d’habitants et Guayaquil, qui avec à peu près deux millions d’habitants constitue le centre économique du pays. Il n’en demeure pas moins que ces processus de déplacement de populations affectent significa­tivement le marché du travail. La dollarisation est loin d’être la seule raison expliquant ces processus migratoires, mais semble bien avoir fortement renforcé ces processus.

Lorsqu’on se penche sur les conditions du mar­ché du travail, on peut constater que le taux de chômage est relativement élevé atteignant quasi­ment 12 % mais de façon plus préoccupante le taux de sous emploi est quant à lui de l’ordre de 45 %. Le taux de sous emploi correspond au pour­centage de personnes occupant une activité dans le secteur “moderne” inférieure à 40 heures par se­maine ou qui reçoivent un salaire inférieur au sa­laire minimum vital. Lorsque l’on observe l’évolution du sous-emploi depuis le processus de dollarisation, on constate une nette aggravation de ce taux. Les populations indigènes, par effet de démultiplication, sont ainsi encore plus touchées par cette détérioration des conditions sur le marché du travail.

La dollarisation est intervenue au moment où les inégalités avaient tendance à s’accroître. Ainsi le coefficient de Gini[10] qui avait atteint jusqu’à 0,64 au moment de la crise économique et au lendemain de la dollarisation en 2000, est revenu vers 0,55 en 2004, et semble se maintenir à ce niveau depuis. La dollarisation n’a pas conduit à une réduction des inégalités même si l’on note une amélioration pour les populations urbaines, celles qui sont liées par exemple aux activités d’importation favorisées par le processus de dollarisation. La dollarisation a eu comme résultat un transfert de pouvoir d’achat entre la campagne et la ville, entre les couches moyennes émergentes et les populations rurales pauvres. Les transferts des migrants se font d’ailleurs majoritairement en direction des zones urbaines plutôt que rurales. On peut alors s’interroger sur l’idée que la dollarisation semble bien renforcer le processus de concentration des revenus et de paupérisation des couches populai­res, voire d’exclusion des populations indigènes.

Le taux de conversion au moment de la dollari­sation sous-estimait volontairement la valeur du sucre par rapport au dollar, 25 000 sucres pour un dollar, ce qui a participé au recul de la dette glo­bale. La dollarisation a joué un effet de réduction sur le niveau de la dette globale. En 1999 elle re­présentait 101,2 % du PIB contre 80,7 % en 2000, soit 16,872 milliards de dollars en 1999 contre 14,059 milliards de dollars en 2000. La dette in­terne de l’État, qui était libellée pour une partie en sucres, a diminué de 9 % sur cette période (de 3,112 milliards de dollars en 1999 à 2,830 mil­liards de dollars en 2000). Quant à la dette externe, celle-ci a diminué sur la même période de 18,4 %. Elle s’élevait, avant la dollarisation, à 13,76 mil­liards de dollars, puis à 11,229 en 2000, et selon les dernières statistiques à 10,305 milliards de dollars au mois de novembre 2006. La dollarisa­tion aurait ainsi dans un premier temps joué un rôle positif sur le niveau de la dette globale et sur la dette externe en particulier. Mais la dollarisation est loin de constituer le seul facteur de réduction de la dette globale, l’augmentation du prix du pétrole par exemple a joué aussi un rôle particuliè­rement important. Cependant, sur le moyen terme, cela n’a pas empêché la dette interne d’augmenter de nouveau, 3,377 milliards de dollars en janvier 2007, même si sa part dans le PIB a diminué depuis.

Un deuxième effet du processus de dollarisa­tion fut donc, pour l’État équatorien, l’impossibilité d’utiliser la monnaie comme ins­trument de relance de l’activité économique et d’endettement pour financer son budget. Il faut dire que la dette publique et le remboursement de cette dette et de ses intérêts pèsent lourdement sur le budget de l’État et du même coup sur l’ensemble de l’économie équatorienne. Au mois d’octobre 2006 celle-ci s’élevait à quasiment 3 400 millions de dollars, comparés au revenu total de l’État qui s’élevait à la même période à quasiment 500 millions de dollars, soit quasiment 7 fois le budget de l’État et 40 % du PIB de l’Équateur en 2005. Les coupes franches dans le budget de l’État furent légion depuis le début du processus de dollarisation, mais c’est surtout l’incapacité pour ses dépenses publiques sociales d’atteindre leurs objectifs de lutte et d’éradication de la pauvreté pour ces populations qui posent problème. Tout cela donne l’impression que, non content de vivre à nouveau un plan d’ajustement structurel imposé par les créanciers, l’Équateur s’était retrouvé à s’imposer lui-même cette rigueur en raison de la dollarisation, comme si le pays avait assimilé à nouveau le Consensus de Washington. Malgré la création de différents fonds sociaux, celui du CODENPE par exemple et la création d’un “Front Social”[11] dont les objectifs sont la lutte contre les inégalités sociales, les indicateurs de la pauvreté ne semblent pas avoir reculé suffisamment pour l’instant. L’économie équatorienne et son système monétaire et bancaire passe par une période de diète monétaire sérieuse à tendance déflationniste.

Dans les campagnes équatoriennes, l’accès à cette monnaie est devenu plus difficile. Les possi­bilités de financement de la production agricole sont particulièrement réduites voir inexistantes, il est difficile pour une petite entreprise en milieu urbain de trouver des sources de financement pour ses investissements, est-il besoin d’imaginer alors quelles sont les conditions de financement d’un indigène pour sa petite exploitation agricole.

Enfin, dernier processus, davantage sociologi­que, est le poids symbolique que cette monnaie fait peser sur les relations sociales. Dans l’imaginaire collectif, le dollar représente bien évidement la présence des États-Unis, et apparaît comme rassu­rant pour les catégories sociales favorisées qui voient là le moyen de préserver leur revenu et leur pouvoir d’achat ainsi que leurs avoirs monétaires, alors que cette monnaie se fait rare et chère dans les campagnes équatoriennes et qu’elle entretient la symbolique du rapport de force que l’économie étasunienne fait peser sur le continent latino-américain.

3 – Mouvements sociaux et représentation politique des indigènes en Équateur

Un des premiers grand mouvement social indi­gène eu lieu sous la présidence Rodrigo Borja Cevallos en 1988 qui attribua à ces populations 1,7 million d’hectares de territoire. En mars 2006, la CONAIE (Confédération des nationalités indigè­nes d’Équateur) renouait avec la pratique des bar­rages pour manifester son refus du traité de libre-échange [ou Traité de libre commerce : TLC] avec les États-Unis[12]. Au même moment, la CEPALC (Commission économique pour l’Améri-que latine et la Caraïbe) publiait un article qui affirmait que « l’impact du TLC sur l’agriculture équatorienne sera de grande ampleur. Les asymé­tries entre les deux pays sont énormes. Pour les produits de base comme le riz, le maïs, l’avoine, le blé et la pomme de terre, les États-Unis ont en moyenne des rendements de 424 % supérieurs à ceux de l’Équateur ». Les populations indigènes ayant visiblement conscience des enjeux économi­ques du libre-échange, de nouveau une perte de leur pouvoir d’achat, résultat d’une concurrence accrue sur les produits agricoles, seraient ainsi à l’avant-garde d’une révolution bolivarienne récla­mant leur souveraineté sur les ressources naturel­les, sur les territoires, et sur le partage des richesses nationales.

Les populations indigènes sont devenues un acteur politique et social important en Équateur. Sans développer un long historique de ces mou­vements, on peut considérer que l’Équateur a joué un rôle pionnier dans la construction des mouve­ments politiques indigènes. L’Équateur avait en effet entrepris, dès les années 60, un processus de colonisation des territoires du bassin amazonien. Si, dans un premier temps, les populations indigènes furent menacées de “clochardisation”[13], dans un deuxième temps, des congrégations religieuses, les Salésiens, vont aider ces populations à faire reconnaître leurs droits, et va se développer une politique de reconnaissance culturelle. Ces congrégations religieuses auront au passage permis l’émergence de cadres à l’intérieur de ces communautés capables d’éveiller la conscience politique des populations indigènes. Dans un deuxième temps et plus récemment les mouve­ments évangélistes ont pris le relais. Ces popula­tions vont cependant s’émanciper peu à peu de la tutelle religieuse et adopter des stratégies visant à la fois à sauter par-dessus l’État-nation, en recherchant des appuis et une représentation dans les institutions internationales, mais en même temps en jouant le jeu de la représentation politique nationale.

Ces stratégies ambivalentes ont cependant conduit les mouvements sociaux et les organisa­tions politiques indigènes dans une situation diffi­cile : « écartelés entre le pouvoir et l’utopie, la CONAIE et Pachakutik semblent aujourd’hui être victimes de leurs succès précoces. Démoralisé par l’échec des six mois de co-gouvernement avec Lucio Gutiérrez — qui s’employa dès avant la rupture à diviser et manipuler le mouvement —, affaibli par une certaine érosion de sa base rurale et par la bureaucratisation de ses cadres souvent devenus gestionnaires de programmes financés par l’État et la coopération internationale, le mouve­ment indigène équatorien a du mal à adapter sa stratégie à la complexité d’un pays culturellement divisé entre la montagne andine et les populations métisses de la côte, démographiquement domi­nantes[14] ». On pourrait penser que les mouvements indigènes sont entrés dans un trou d’air ce qui semble, observé depuis la vieille Europe, para­doxal, même si ces mouvements sont arrivés à point nommé pour une partie de la gauche équato­rienne, au moment de l’effondrement du mur de Berlin.

Pour d’autres analystes[15], les mouvements de 2006 furent le moyen pour les mouvements sociaux indigènes de reprendre un ascendant sur la vie politique équatorienne. L’expérience du pou­voir, et l’échec de cette expérience seraient à l’origine d’un processus de radicalisation des diri­geants de ces mouvements. La plateforme de mo­bilisation des mouvements de 2006 s’appuyait sur le rejet des négociations pour la signature du TLC avec les États-Unis, sur la volonté de mettre fin au contrat de la compagnie pétrolière OXY avec le l’État équatorien, le troisième point portait sur le refus d’engagement de l’État équatorien dans le plan Colombie de lutte contre le narco-trafic et la fin de la présence américaine en Équateur sur la base militaire de Manta, et enfin dernier point la convocation d’une Assemblée Constituante afin de réformer les institutions politiques nationales. Ces points furent repris dans le programme du nouveau Président élu en Équateur et qui a pris officielle­ment ses fonctions le 15 janvier 2007, Rafael Correa, professeur d’économie, à la tête d’un mouvement politique, Alianza País, qui se voulait une synthèse du mouvement des Forajidos (les hors-la-loi) à l’origine du renversement du gouver­nement de Gutiérrez en avril 2005 et des aspira­tions des populations indigènes, même si l’appui des fédérations indigènes ne fut pas totalement acquis au nouveau président. Ainsi ces mouve­ments indigènes semblent-ils avoir eu le mérite de replacer au centre du débat politique national les préoccupations et les problèmes principaux vécus en Équateur[16]. Pour ces mouvements la cause de tous les maux se focalise sur la lutte contre le néo-libéralisme et ses manifestations : traité de libre-échange, dollarisation, dette publique et privée, plan Colombie, avec derrière un renouveau du rejet des États-Unis. En effet pour les populations indi­gènes agricoles la signature du TLC signifie un nouveau processus de reconversion de leur pro­duction face à la concurrence des produits agrico­les états-uniens. Mais plus encore cela signifie pour ces populations un processus de destruction des organisations de production traditionnelles et de l’environnement.

Il reste donc à espérer, pour les populations in­digènes, que les promesses et les engagements pris par le président se réalisent concrètement, sans sous-estimer, bien évidement, le peu de marge de manœuvre que celui-ci aura, à la fois sur le plan économique et social, et, bien évidemment, sur le plan politique.

Éléments complémentaires de bibliographie

Carlos Larrea Maldonado, Pobreza, dolarización y crisis en el Ecuador, ediciones ABYA-YALA, ILDIS-FES (Instituto Latinoamericano de Investigaciones Sociales), IE (Instituto de Estudios Ecuatorianos), FLACSO (Facultad Latinoamérica de Ciencias Sociales Sede Ecuador), janvier 2004.

Paul Beckerman et Andres Solimano, Crisis y Dolarización en el Ecuador, Observatorio social del Ecuador, 2002. <http ://www.frentesocial.gov.ec/siise/siise.htm>.

 

Notes:

* Professeur de Sciences Économiques et Sociales, lycée français de Quito.

[1] Gestion n° 150, décembre 2006,

<www.gestion.dinediciones.com>.

[2]  Lucio Gutiérrez, élu président en octobre 2002, a été destitué de son poste en avril 2005. [ndlr].

[3] BID (Banco Interamericano de Desarrollo), De datos confiables, políticas viables,

<http://www.iadb.org/idbamerica/index.cfm?&thisid=1522&&gt; janvier 2003.

3 <http://www.frentesocial.gov.ec/siise/siise.htm>.

[5] <http://www.codenpe.gov.ec&gt;.

[6] Marc Saint Upéry, Le rêve de Bolivar. Le défi des gauches américaines, La Découverte, Paris, 2007.

[7] Augusto Barrera Guarderas, « Mouvements et pouvoirs de gauche en Amérique latine, Points de vue de latino-américains, Équateur : le mouvement indigène, entre le social et le politique », Alternatives Sud, Centre Tricontinental, éditions Syllepse, 2005.

[8] Développement rapide du secteur pétrolier au détriment des autres secteurs qui souffrent alors d’une pénurie d’investissements [ndlr].

[9] « Los desafíos y oportunidades de la política social », p. 23, Gestion n° 149, novembre 2006.

[10] Indicateur d’inégalité des revenus qui varie de 0 (égalité totale) à 1 (inégalité extrême) [ndlr].

[11] Le “Front Social” est l’équivalent des Comités interministé­riels en France, réunissant transversalement sur des questions sociales, les ministères du “Bien être social”, de l’Éducation, de la Santé, du Travail, du Logement ainsi que les organismes spécifiques aux questions sociales comme le CODENPE.

[12] « Les indiens contre le traité de libre-échange », Courrier international, n° 804, 30 mars – 5 avril 2006, p. 27.

[13] Marc Saint Upéry, Le rêve de Bolivar. Le défi des gauches américaines, op. cit.

[14] Ibid.

[15] Ana María Larrea Maldonado, Movimiento indígena, lucha contra el TLC y racismo en el Ecuador, Observatorio Social de America Latina, Consejo Latinoamericano de Ciencias Sociales, juillet 2006, <http://bibliotecavirtual. clacso.org.ar/ar/libros/osal/osal19/maldonado.pdf>.

[16] Alejandro Moreano, Ecuador en la encrucijada, Observatorio Social de America Latina, Consejo Latinoamericano de Ciencias Sociales, juillet 2006, <http:// bibliotecavirtual.clacso.org.ar/ar/libros/osal/osal19/Moreano. pdf>.