Les États-Unis et Hugo Chavez

Charles Lancha*

 

134-page-001Nul n’ignore que les relations entre les États-Unis et le Venezuela de Hugo Chavez sont, à l’heure qu’il est, extrêmement tendues du point de vue politique. Il suffit de rappeler que, tout dernièrement, Donald Rumsfeld, Secrétaire d’État à la défense, un des responsables majeurs de la guerre en Irak — engagée au mépris du droit international et qui, selon les dires du président George W. Bush, a provoqué la mort de 30 000 civils irakiens — comme des violations massives des droits de l’homme en Afghanistan, à Abou Ghraib et Guantanamo[1], n’a pas hésité à comparer le Président de la Révolution bolivarienne à… Hitler ![2] Une question se pose donc. Comment en est-on arrivé à une situation aussi conflictuelle ? Comment se fait-il que le Venezuela d’aujourd’hui figure désormais sur la longue liste des pays jugés comme ennemis par les États-Unis ?

Il serait erroné de considérer que, avant l’arrivée de Hugo Chavez au pouvoir en décembre 1998, tout allait pour le mieux entre Washington et Caracas. Les conflits d’intérêts commerciaux ou politiques ne manquaient pas. Ils ont donné lieu à une longue étude de Carlos Romero[3]. En fait, ces divergences ne portaient pas véritablement à conséquence. D’un point de vue stratégique, le Venezuela était solidement arrimé à l’Oncle Sam. Ce dernier constituait le premier pays importateur de pétrole vénézuélien et il était un fournisseur privilégié du Venezuela — 45 % de ses importations — Washington était tellement assuré de la fidélité des gouvernements successifs à Caracas qu’il ne tenait guère compte de leurs avis. Une des exigences américaines en dit long sur l’idée que les États-Unis se faisaient de la souveraineté du pays caribéen. Non contents d’avoir obtenu le droit en 1991 d’arraisonner des navires ou des avions soupçonnés de trafic de drogue dans les eaux internationales proches de la frontière maritime vénézuélienne, ils prétendaient élargir ce droit aux eaux intérieures et à l’espace aérien du Venezuela.

Il va de soi qu’un nationaliste comme Hugo Chavez ne pouvait admettre une telle volonté d’ingérence. Pourtant, au moment de son élection à la présidence en décembre 1998, il adopte une attitude conciliante vis-à-vis de Washington. Il déclare à l’ex-président Jimmy Carter : « Il n’y a aucune animosité à l’égard des États-Unis. Nous allons démontrer que nous ne sommes pas ce que beaucoup ont dit de nous »[4]. Dans le même esprit, il déclare : « Je crois que nous devons être de grands alliés… Nous serons des alliés, sans aucun doute »[5]. À l’évidence, pourtant, son amitié affichée avec Fidel Castro n’est guère appréciée par l’Administration américaine. De même, comment celle-ci pourrait-elle voir d’un bon œil sa dénonciation de la mondialisation libérale et de la dictature économique des marchés, même s’il en est encore à vanter la troisième voie de Tony Blair[6] ? Alain Abellard porte ce jugement : « Il veut rassurer les États-Unis… et les autres pays dont la présence est indispensable pour couvrir les besoins en capitaux qu’exige la situation économique ».

En avril 1999, 88 % des votants approuvent la désignation d’une Assemblée constituante ayant pour mission de rédiger une nouvelle constitution. Le 25 juillet, l’Assemblée nationale constituante est élue et traduit un succès triomphal pour Hugo Chavez : sur les 131 élus, 123 appartiennent à son mouvement. Le 1er juillet, la nouvelle assemblée prend le pas sur le Congrès désavoué par les urnes. L’opposition dénonce un « coup d’État » et un véritable climat de guerre civile commence à s’instaurer. En août, deux parlementaires américains envoyés par le Congrès de Washington au Venezuela pour évaluer la situation estiment que « tout se déroule constitutionnellement, contrairement à ce que dit la presse des États-Unis »[7]. Tel n’est pas l’avis de la Maison Blanche qui déclare « observer avec une préoccupation croissante » l’évolution politique au pays de Bolivar. Comment ne le serait-elle pas au vu de l’intention proclamée de Hugo Chavez d’instituer une véritable démocratie sous le sceau de l’égalité politique mais aussi « voire surtout, l’égalité sociale, économique et culturelle ». Compte tenu des objectifs de la Révolution bolivarienne, Ignacio Ramonet ne s’étonne pas des réactions qu’elle suscite : « Au simple énoncé de ces projets, les acteurs principaux de la mondialisation peuvent-ils faire autre chose que diaboliser le président Chavez et sa révolution anti-libérale[8] ?

L’approbation massive de la nouvelle constitution en décembre 1999 — 71,9 % des suffrages exprimés, 54,2 % d’abstentions — ne fait qu’accentuer le fossé entre chavistes et anti-chavistes au niveau national et international. C’est que le texte constitutionnel consacre la propriété privée et la libre disposition des biens mais impose des règles au marché. La privatisation de la compagnie Petroleos de Venezuela — à l’origine de 40 % des revenus fiscaux — est interdite, les investissements étrangers sont réglementés, les fonds de pension privés sont exclus, la sécurité sociale ne saurait donner lieu à des activités lucratives — à l’encontre de ce qui a cours dans toute l’Amérique latine — la semaine de travail est ramenée à 40 heures, le salaire minimum est augmenté. Autant de prescriptions qui font enrager les milieux d’affaires. Leur hostilité est vouée à l’impuissance. En juillet 2000, Hugo Chavez est réélu à la présidence de la République par un score sans appel : 59,03 % des votants. Il recueille sur son nom 3 193 828 suffrages. Juan Jesús Aznarez souligne le caractère exceptionnel d’un tel succès : « En termes de pourcentages, jamais auparavant un gouvernant n’avait obtenu une telle victoire »[9]. Les candidats chavistes occupent de leur côté 99 des 165 sièges à l’Assemblée nationale.

Dès sa réélection, Hugo Chavez s’engage à poursuivre sa « révolution pacifique »[10] et stigmatise à nouveau le libéralisme. Dans la nouvelle étape qui s’ouvre, il accorde la priorité aux réformes économiques dans un esprit de dialogue avec les chefs d’entreprise. En septembre, il demande au Parlement de lui accorder des pouvoirs spéciaux pour gouverner par décret, l’espace d’une année, dans le domaine socio-économique. En octobre, il se heurte à une première grève de la Fédération des Syndicats Pétroliers, représentants de l’aristocratie ouvrière, qui exige une hausse des salaires. Il échoue dans sa tentative, de type péroniste, de marginaliser la Confédération des Travailleurs du Venezuela, bureaucratique et corrompue et de lui substituer une centrale syndicale acquise à ses vues, « bolivarienne ». Ses projets économiques prennent forme : il s’agit d’édifier un modèle « humaniste, autogestionnaire et compétitif » avec pour « principal investissement » celui de « l’éducation, du capital humain »[11]. La dimension sociale s’affirme avec vigueur : 2,1 milliards de dollars sont budgétisés pour l’école, les hôpitaux, le logement, la technologie.

Ces orientations nouvelles, « étatistes », « interventionnistes » aux yeux de beaucoup, qui tranchent radicalement avec les politiques poursuivies depuis 20 ans par les deux partis dominants, l’Action Démocratique et le COPEI, heurtent l’Administration américaine qui, à de multiples reprises, manifeste sa « profonde préoccupation ». Les États-Unis de George W. Bush, irrités par le rapprochement du Venezuela avec Cuba, le sont également par la suspension des manœuvres conjointes entre les deux pays, par l’interdiction notifiée aux avions militaires américains de survoler le territoire vénézuélien en vue de surveiller les guérillas colombiennes et, surtout, par la dénonciation du Plan Colombie[12].

En 2001, on assiste à une montée en puissance de l’opposition qui ne fait pas mystère de sa volonté de déstabilisation du régime afin d’entraîner la chute de Hugo Chavez. Les patrons décrètent une journée de lock-out le 10 décembre, le jour même où le président proclame 49 décrets-lois et notamment la Loi des Terres — véritable réforme agraire. La bureaucratie syndicale de la Confédération vénézuélienne des travailleurs — avec Carlos Ortega à sa tête — se joint aux patrons. Les États-Unis ne font pas mystère de leur hostilité déclarée à l’égard du leader vénézuélien. Dans son éditorial du 27 mai 2001, le journal espagnol El País — détracteur systématique de Hugo Chavez — en propose l’interprétation suivante : « Washington considère Chavez pratiquement comme un ennemi en raison de son amitié avec Fidel Castro et de ses relations avec les FARC et d’autres groupes guérilleros, et pour avoir tenté d’assurer son emprise sur l’OPEP contre les États-Unis. Par ailleurs, Chavez a comparé les bombardements contre l’Afghanistan avec l’attaque terroriste du 11 septembre contre New York et Washington ». Cet énoncé, tendancieux, prouve au moins une chose c’est que l’hôte de la Maison Blanche n’a guère de considération pour les petits pays et a tôt fait d’en assimiler certains à des ennemis à abattre, à plus forte raison s’ils sont riches en pétrole. Il ne saurait admettre l’indépendance de la politique extérieure du comandante. Le déplacement de ce dernier à Cuba et dans trois pays membres de l’OPEP — la Libye, l’Iran, l’Irak — le range automatiquement dans le camp des adversaires des États-Unis. Autre grief : le 5 février, le secrétaire d’État Colin Powell déplore que le Venezuela ne se soit pas associé à la guerre d’Afghanistan « autant qu’il aurait pu le faire » et se montre sceptique sur l’orthodoxie démocratique du régime chaviste. Franklin Gonzalez, directeur des études internationales à l’Université Centrale du Venezuela est certainement dans le vrai lorsqu’il relève l’implication de Washington dans les affaires intérieures de son pays, au mépris de sa souveraineté : « Tous les mouvements entrepris depuis la grève patronale du 10 décembre l’ont été en concertation avec l’ambassade nord-américaine à Caracas »[13].

Le scénario chilien qui conduisit à la chute de Salvador Allende semble se reproduire. Au Venezuela comme au Chili, l’oligarchie précipite la crise économique par la fuite des capitaux — 100 millions par jour — et la pratique de la surenchère. Forte du soutien déclaré de Washington, elle ne se borne plus à exiger le retrait du décret-loi sur la réforme agraire ou celui sur l’impôt sur le revenu mais, au nom d’une singulière conception de la démocratie, elle met en demeure le président de la République de démissionner. Temir Porras Ponceleon et Maximilien Arvelaz, sociologue et politologue vénézuéliens, nous éclairent sur la logique de tels diktats : « Car de réformes il ne saurait être question à leurs yeux qu’allant dans le sens d’une libéralisation de l’économie même si les pays d’Amérique latine en ont subi les conséquences néfastes. Si des « casseroles » retentissent en Argentine pour demander plus de justice sociale, au Venezuela c’est une élite rancunière qui les brandit pour exiger le maintien de ses privilèges »[14]. Les deux auteurs mettent en exergue une autre appréhension de l’Administration états-unienne : le risque de contamination dans les pays voisins du modèle et ils concluent : « Par son ingérence, le gouvernement américain parviendra peut-être à étouffer la “révolution bolivarienne” avant qu’elle ne fasse des émules, mais le risque qu’elle s’étouffe dans un bain de sang est désormais plus qu’une probabilité ».

En avril 2002, il paraît prévisible que les États-Unis ne vont pas devoir recourir, comme ils en ont eu la sinistre habitude tout au long du XXème siècle, à la force des armes pour se défaire d’un régime progressiste. Le 12 avril, leurs alliés de l’intérieur — l’oligarchie vénézuélienne et une partie de l’Armée — après une intense mobilisation dans la rue de leurs partisans des classes moyennes, déposent le président Hugo Chavez El País du 13 avril intitule son éditorial : « Coup d’État contre un caudillo ». Ce titre, à lui seul, traduit que la démocratie a été bafouée même s’il cherche à atténuer la portée du putsch. Somme toute, n’y a-t-il pas lieu de se féliciter de l’éviction d’un « caudillo » ? Le grand journal espagnol, champion autoproclamé de la démocratie, salue d’ailleurs avec enthousiasme la déposition du premier magistrat et subodore le rôle joué par Washington : « L’ombre des États-Unis — qui importent du Venezuela 13 % du brut qu’ils consomment et qui hier accusaient Chavez d’être l’artisan de sa propre chute— peut être pressentie en coulisse ». Ce n’est pas un hasard si l’ambassadeur des États-Unis à Caracas et son homologue espagnol s’empressent de se rendre auprès du chef des putschistes, le patron des patrons, Pedro Carmona. Il s’agit pour eux de tenter de lui donner une légitimité internationale. De fait, dès février, Washington était parfaitement au courant de la préparation d’un coup d’État. Selon Newsweek, des militaires dissidents vénézuéliens en avaient informé l’ambassade états-unienne à Caracas. Le 16 avril, la Maison Blanche se voit contrainte d’admettre qu’elle était au courant des menées factieuses. Elle nie toutefois toute implication directe alors que, d’après le New York Times, plusieurs hauts responsables de l’Administration états-unienne, au cours des derniers mois, avaient eu des entretiens avec les dirigeants de l’opposition. À l’occasion de ces rencontres, ils avaient approuvé le projet d’écarter du pouvoir par la violence le président élu : « Nous ne les avons pas découragés, nous leur avons adressé des signes subtils et informels qui indiquaient que cet homme [Chavez] ne nous plaisait pas ; nous ne leur avons pas dit de ne pas se hasarder [à déclencher le coup d’État], nous ne leur avons pas offert des armes ». Cette déclaration est à rapprocher des propos embarrassés du porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer : « Il est certain qu’il y a eu des réunions avec l’opposition, y compris avec Pedro Carmona, mais chaque fois nous avons maintenu le principe qu’il fallait respecter les mécanismes démocratiques. Nous avons dit, de plus, de façon explicite, que les États-Unis n’appuieraient pas un coup d’État ». Ce même Fleischer avait exprimé, au lendemain du putsch, la « satisfaction » de la Maison Blanche à la suite de la « démission » du président Chavez. Il n’y a donc pas lieu d’être surpris si, au sein de l’OEA, les États-Unis furent le seul pays qui refus de condamner la violation des principes démocratiques à Caracas. C’est en vain que le représentant états-unien Roger Noriega tenta de convaincre l’assemblée de l’OEA que la chute de Hugo Chavez correspondait aux intérêts de tous et qu’il ne convenait donc pas de la condamner. Philippe Boulet-Gercourt souligne la conception fluctuante de la démocratie de l’actuelle Administration américaine, comme de la plupart de ses alliés occidentaux : « On a pu voir, avec ce coup d’État militaire manqué, à quel point le respect des institutions démocratiques chez George Bush était à géométrie variable. Au lendemain de ce qui est apparu d’emblée comme un golpe, le Quai d’Orsay a été une des rares chancelleries occidentales à déplorer « l’atteinte à l’ordre institutionnel ». À Washington, on ne s’embarrasse pas de telles nuances »[15]. Ignacio Ramonet a été, lui aussi, sensible à l’indifférence quasi générale — à l’exception des pays latino-américains — face à la tentative de renversement d’une démocratie : « Ce qui stupéfie, tout d’abord, c’est la quasi-absence d’émotion internationale devant le crime parfait commis contre un gouvernement qui conduit, dans le plus grand respect des libertés, un programme modéré de transformations sociales et incarne l’unique expérience de socialisme démocratique en Amérique latine »[16].

Dans les mois qui suivent le soulèvement, Hugo Chavez joue la carte de l’apaisement aussi bien vis-à-vis de l’opposition interne que de Washington[17]. Sans succès. Ses adversaires ne désarment pas. En août, le Tribunal Suprême absout les militaires auteurs du coup d’État[18]. En octobre, il se voit menacé d’une grève indéfinie et les manifestations et contre-manifestations reprennent. Les opposants exigent à nouveau la démission du président, ce à quoi ce dernier se refuse catégoriquement. Pourquoi capitulerait-il alors que, dans la rue, le nombre de ses partisans surpasse celui de ses adversaires ? À l’égard des États-Unis, il fait montre d’une grande souplesse. En visite à Paris, il déclare : « Je crois dans la bonne foi des États-Unis, qui ont assuré qu’ils ne soutenaient pas le coup d’État »[19]. Et, dans l’espoir de dissiper les rancoeurs et les craintes de George Bush, il ajoute même que le Venezuela « sera un fournisseur fiable » du grand voisin du Nord et que son pays n’a « aucune intention de porter atteinte à ces excellentes relations »[20]. Peine perdue. Le bras de fer se poursuit et s’intensifie en décembre par une nouvelle grève générale qui paralyse l’essentiel de l’industrie pétrolière, le poumon économique du pays. Une fois encore, l’opposition met en demeure le président de se démettre.

Les États-Unis s’empressent de voler au secours du coup d’État pétrolier. Ils se prononcent pour des élections anticipées au Venezuela alors même que cette initiative serait anti-constitutionnelle. La constitution prévoit, à mi-mandat, la possibilité d’un référendum révocatoire. H. Chavez rejette donc la proposition de Washington qui revient à la charge, en avançant l’idée d’un référendum[21]. La grève factieuse est un nouvel échec pour l’oligarchie. Le 22 décembre, à l’issue de quatre semaines de paralysie de l’industrie pétrolière, l’armée prend le contrôle de la flotte et les navires, avec de nouveaux équipages, reprennent leurs activités.

En janvier 2003, l’opposition revient à la charge en déclenchant de nouvelles grèves. George Bush suit de près la situation. Il nomme un furieux anticastriste, Otto Reich — Cubain né de parents autrichiens — comme son envoyé spécial à Initiatives de l’Hémisphère Occidental. Le précédent Sénat, à majorité démocrate, avait refusé sa nomination comme secrétaire pour l’Amérique latine au Département d’État eu égard au rôle qu’il avait joué dans les aides illégales à la contra nicaraguayenne. Le républicain Richard Lugar, nouveau président de la Commission des Affaires Etrangères, confirma le refus, Otto Reich étant considéré comme favorable aux méthodes autoritaires en Amérique latine.

L’Administration américaine se montre d’autant plus préoccupée de l’impasse vénézuélienne que l’imminence de la guerre en Irak lui fait craindre une baisse sensible de ses approvisionnements en pétrole. Elle approuve donc l’initiative du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva — investi le 1er janvier — en faveur d’une médiation d’un « groupe de pays amis du Venezuela » — Brésil, États-Unis, Espagne, Mexique, Chili et Portugal — chargé de trouver « une issue pacifique à la crise vénézuélienne »[22]. Peu de résultats vont en découler. L’ascendant politique du président Chavez s’affirme d’autant plus qu’il se montre capable, contre toute attente des spécialistes, à reprendre en main l’industrie pétrolière, vitale. Dans Le Monde du 13-14 août 2003, Marie Delcas relève la portée de l’événement : « Les experts pétroliers n’hésitent pas à parler d’exploit ». Le Venezuela est redevenu le cinquième exportateur mondial de brut. Otto Reich, l’émissaire de Bush, ne s’en montre pas moins « préoccupé » par le « chemin emprunté ». Au journaliste qui lui demande de préciser les violations des droits de l’homme à l’origine de pareil souci, il désigne le « harcèlement » contre les médias, feignant d’ignorer le rôle insurrectionnel qu’ils ont joué pendant des mois et la liberté totale dont ils jouissent[23].

Dans les mois qui suivent, c’est la question du référendum révocatoire qui est au centre des débats. Dans un discours, devant ses partisans, Hugo Chavez s’insurge contre l’immixtion des États-Unis dans les affaires intérieures de son pays[24]. Il s’en prend ouvertement à George Bush accusé d’avoir été partie prenante dans le complot d’avril et il fait planer la menace d’un embargo pétrolier contre l’Oncle Sam[25]. Il met en garde Washington : « M. Bush doit savoir que, s’il lui venait à l’esprit l’idée folle d’imposer un embargo au Venezuela, ou pire de l’envahir, plus une goutte de pétrole du Venezuela ne lui arrivera »[26]. Avertissement pris très au sérieux à Wall Street où le cours du brut s’envole pour enregistrer son plus haut niveau depuis l’invasion de l’Irak, 37 dollars le baril.

La victoire éclatante de Hugo Chavez au référendum révocatoire du 15 août 2004 — 58 % de suffrages favorables contre 41 % à l’opposition — le situe en position de force face aux États-Unis. En 1998, il avait obtenu 3 600 000 voix ; en 2000, 3 700 000 ; le 15 août 2004, 4 917 000. Le président garantit à Washington la stabilité du marché pétrolier — souci majeur du colosse du Nord auquel il fournit 17 % de ses importations de brut — et il invite G. Bush à « réfléchir et à respecter le gouvernement et le peuple du Venezuela »[27]. Ce dernier répugne à admettre cette nouvelle victoire électorale démocratique du leader bolivarien. Sa réaction immédiate est de contester l’issue du référendum et de réclamer une enquête « rapide, complète, transparente » sur les supposées fraudes dénoncées par l’opposition. Comme l’OEA et la Fondation Carter confirment le triomphe de Chavez, l’organisation patronale Fedecámaras et les États-Unis n’ont d’autre recours que de s’incliner et d’avaliser le verdict des urnes dès le 17 août, au grand dam de l’opposition qui refuse d’entendre raison avant d’être une fois de plus battue aux élections régionales et municipales — véritable « raz-de-marée rouge » — le 31 octobre[28].

Cette série de succès démocratiques ne modifie aucunement la vision que l’Administration américaine se fait du chavisme. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance d’un long article du sénateur républicain Richard G. Lugar, président du Comité des Relations Extérieures des États-Unis, intitulé « Les intérêts des États-Unis au Venezuela »[29]. Ce texte propose une vision caricaturale du Venezuela bolivarien où les droits humains et civils seraient bafoués, où le scrutin du 15 août serait entaché de « graves irrégularités », où la liberté d’expression n’existerait plus, un pays autoritariste allié de Fidel Castro, de Evo Morales et des FARC[30]. Le sénateur républicain préconise une stratégie d’affrontement avec Hugo Chavez sur tous les plans : politique, économique, diplomatique, tout ceci au nom d’une démocratie bien comprise, libérale.

Dans un tel climat de tension entre les deux pays, l’achat d’armes du Venezuela à la Russie, au Brésil et à l’Espagne, à la fin de l’année 2004 et au début de 2005 fournit à Washington un prétexte d’alarme supplémentaire. En décembre, Bush s’inquiète sur « les finalités ambiguës de tels contrats »[31]. Adam Ereli, porte-parole du Département d’État, redoute qu’une partie de ces armes ne soit destinée aux guérillas colombiennes ou à des terroristes. Peter H. Smith, professeur de sciences politiques à l’Université de Californie, à San Diego, remet les choses au point. Pour lui, le fond du problème est que Washington agit toujours à l’encontre de Caracas comme s’il avait affaire à un gouvernement illégitime, ce qui s’avère contre-productif. Il souligne le caractère irréaliste de la politique latino-américaine de Bush : « Je crois que la Maison Blanche a l’espoir que tous les présidents ressemblent à Vicente Fox ou à Alvaro Uribe, c’est-à-dire des leaders de centre-droit qui sympathisent avec les États-Unis. Mais on a l’impression que les vents soufflent dans une direction opposée »[32].

Il est certain que la résistance à l’hégémonie US en Amérique latine s’affirme aujourd’hui avec Néstor Kirchner en Argentine, Lula au Brésil, Evo Morales en Bolivie, tous sous l’influence du leader vénézuélien. C’est ce que met en exergue Antonio Caño : « En ce moment d’agitation en Amérique latine, l’ex-lieutenant colonel Hugo Chavez est le dirigeant le plus influent sur le cours des événements dans tout le continent, le leader qui a éveillé le plus d’intérêt dans cette région depuis le triomphe de Fidel Castro et c’est lui qui rivalise avec le vieux révolutionnaire cubain pour ce qui est du charisme et du magnétisme populaire »[33]. Il est non moins certain que les yankees sont prêts à tout pour se débarrasser de l’encombrant disciple de Bolívar, y compris à le liquider physiquement. Ce ne serait pas le premier révolutionnaire latino-américain à être victime de la CIA, loin de là. Hugo Chavez craint légitimement pour sa vie et il met en garde G. Bush : s’il était assassiné, les travailleurs vénézuéliens se dresseraient contre toute vente de pétrole aux États-Unis et le prix de l’or noir flamberait[34].

Il est vrai que le Venezuela bolivarien est devenu le principal problème des États-Unis dans le sous-continent. Tel est le point de vue exprimé par un expert, le ministre des Affaires Etrangères espagnol, Miguel Ángel Moratinos, dans El País du 15 avril 2005. On ne s’étonne donc pas d’apprendre, par le New York Times, que les États-Unis persistent dans leur politique de soutien à l’opposition anti-chaviste comme dans leurs efforts pour isoler le Venezuela[35]. C’est dans cet esprit que Donald Rumsfeld et Condoleezza Rice se sont rendus dans plusieurs pays du Cône Sud, en Colombie et au Salvador. À Buenos Aires comme à Brasilia, les gouvernements se sont refusés à toute critique de Chavez. En réplique, les autorités de Caracas ont mis un terme à 35 ans d’alliance militaire avec les États-Unis et ont renforcé leurs liens avec Cuba. Mauricio Vicent relève l’importance nouvelle des relations cubano-vénézuéliennes : « On peut dire que le Venezuela est devenu le principal pilier stratégique de l’économie cubaine et de la révolution »[36].

Comment les États-Unis ne se montreraient-ils pas de plus en plus « préoccupés » par Hugo Chavez ? En mai 2005, sa cote de popularité atteint 70 %[37] et, de plus, au sein de la gauche latino-américaine, il joue un rôle fédérateur de premier plan tout en proposant un « modèle » dont les chances d’avenir sont sérieuses[38], fondé sur l’intégration latino-américaine. Ainsi a-t-il déclaré : « L’unique voie de salut pour nos peuples est l’intégration politique, sociale, économique » des pays de la région[39]. Pour lui, il appartient aux peuples latino-américains de faire bloc pour défendre d’une même voix leurs intérêts économiques face à l’hégémonie étatsuniène. Concrètement, il s’agit dans son esprit de faire pièce à la tentative de Washington d’imposer une Zone de Libre Echange des Amériques — ALCA en espagnol — de l’Alaska à la Patagonie. Pour deux raisons essentiellement. D’abord, parce que, compte tenu de l’asymétrie gigantesque entre les économies des États-Unis et des pays ibéro-américains, la ZLEA consacrerait la suprématie nord-américaine. Ensuite, parce que cet accord signifierait le triomphe du libéralisme — générateur d’injustice sociale et de l’aggravation des inégalités — alors que le chavisme proclame sa foi en un idéal de solidarité des peuples latino-américains et de justice sociale. Deux logiques aux antipodes l’une de l’autre d’où un affrontement permanent entre Washington et Caracas. L’appel à l’assassinat de Hugo Chavez par le télé-évangéliste Pat Robertson, en août 2005, symbolise la tension de l’antagonisme[40]. Convaincu que les États-Unis aspirent à abattre son régime, y compris par la force, Hugo Chavez surnomme désormais G. Bush « Mister Danger » et menace de cesser d’approvisionner en pétrole le marché américain, ce qui provoquerait une crise économique aux États-Unis[41]. En octobre, il expulse les Nouvelles Tribus — une organisation évangélique américaine — accusée de menées “impérialistes” auprès des Indiens.

En novembre 2005, G. Bush et H. Chavez se retrouvent face à face en Argentine, à Mar del Plata, lors du quatrième sommet des Amériques. Le leader bolivarien sort renforcé de ce duel, parvenant à bloquer toute avancée sur le projet de ZLEA — mis en avant par Washington — grâce au soutien des quatre pays du Mercosur, du Brésil notamment. Le même mois, il s’en prend aux intérêts des compagnies pétrolières étrangères, coupables à ses yeux de « piller le pays ». Il annonce alors que les impôts sur l’exploitation vont passer de 34 % à 50 % et que les royalties seront revues à la hausse dans le cadre d’une modification des contrats. Les compagnies américaines étant les plus nombreuses parmi les firmes étrangères, ce sont elles qui sont le plus affectées. Les royalties ne dépassant pas le taux de 1 %, il était logique que, vue l’envolée du prix du baril, elles enregistrent une forte hausse. C’est ce qu’admet le président de l’Association vénézuélienne des hydrocarbures[42]. Fort de sa puissance pétrolière, c’est sans difficulté, qu’en décembre 2005, le Venezuela est admis à faire partie du Mercosur — le Marché Commun du Cône Sud — une intégration régionale affranchie de la tutelle américaine.

En décembre prochain, Hugo Chavez arrivera au terme de son mandat présidentiel et sera candidat à sa propre succession. Alors qu’il est au plus haut dans les sondages, tout semble annoncer qu’il remportera à nouveau les élections. À l’évidence, cette perspective irrite au plus haut point l’Administration américaine. En février, les incidents diplomatiques se sont multipliés entre les deux pays. Des déclarations agressives de Washington à l’égard du régime chaviste ont été rejetées avec véhémence à Caracas. Ainsi, à l’occasion d’une inexistante grève des transports au Venezuela, Condoleezza Rice a révélé qu’elle s’était entretenue avec les ministres des Affaires Etrangères de l’Autriche — actuellement présidente de l’Union Européenne — de l’Espagne et du Brésil, afin de constituer un front commun international en vue de soutenir la grève et de s’opposer au Venezuela[43]. En riposte, Hugo Chavez n’a pas hésité à qualifier de « déments » les dirigeants de Washington et à menacer : « s’ils dépassent les bornes, ils n’auront plus de pétrole vénézuélien »[44]. Le Brésil s’est refusé expressément, par la voix de son ministre des Affaires Etrangères, Celso Morim, à se démarquer du président vénézuélien. La vice-ministre des Affaires Etrangères de la République bolivarienne, Mari Pili Hernández, a enjoint la Maison Blanche de renoncer à toute « ingérence » et à tout « interventionnisme ». Sans nul doute, un vœu pieux. Étant donné Hugo Chavez, la confrontation va se poursuivre. Le président vénézuélien le sait mieux que quiconque. Comme, dans son esprit, une invasion n’est pas à exclure, le nombre des réservistes des Forces Armées est passé de 500 000 à 2 000 000 d’hommes au cours des derniers mois. Le lieutenant-colonel à la retraite Héctor Herrera, conseiller militaire, a affirmé que le Venezuela se prépare à affronter éventuellement une guerre du type de l’Irak où « toute la population s’est dressée contre l’agresseur étranger »[45]. Au cours des XIXème et XXème siècles, de nombreux pays d’Amérique latine ont eu à subir des agressions militaires des États-Unis — le Mexique, Cuba, la Colombie, le Nicaragua, la République dominicaine, Haïti, Panama, la Grenade. Le Venezuela est-il appelé à s’ajouter à ce sinistre palmarès ? Enlisés dans le bourbier irakien, les va-t-en-guerre de Washington réfléchiront peut-être à deux fois avant de se lancer dans une nouvelle aventure lourde de périls. L’anti-américanisme n’a jamais été aussi virulent au sud du Río Grande. Une invasion du Venezuela mettrait le feu aux poudres.

Notes:

* Professeur émérite, Université Stendhal, Grenoble 3.

[1] Sur la responsabilité capitale en ce domaine de Donald Rumsfeld et, plus généralement, du gouvernement américain, on dispose désormais d’une documentation considérable. Nous rappelons ici quelques articles de presse bien informés : Cécile Hennion, « La dernière prisonnière d’Abou Ghraib témoigne sur les tortures », Le Monde, 13 octobre 2004, « Los abusos de la guerra antiterror de Washington. De Abu Ghraib a Guantánamo », Pagina 12, 27 octobre 2004 ; Reed Brody, conseiller juridique de Human Rights Watch, « A un ano del escandalo de Abu Ghraib. Tortura e impunidad en la Guerra contra el Terror », Pagina 12, 27 avril 2005 ; Miguel Angel Aguilar, « Con flores a Rumsfeld », El País, 3 mai 2005 ; Jean-Pierre Langelier, « Amnesty International estime que Guantanamo est devenu “le goulag de notre époque” », Le Monde, 26 mai 2005 ; Corine Lesnes, « Les Américains débattent du “goulag” de Guantanamo », Le Monde, 7 juin 2005 ; Lluis Bassets, « El “gulag” americano », El País, 9 juin 2005 ; Eric Leser, « Des révélations de Time alimentent la polémique sur Guantanamo », Le Monde, 17 juin 2005 ; José Manuel Calvo, « El Pentagono exporto a Abu Ghraib las “tecnicas” de Guantánamo », El País, 15 juillet 2005 ; Corine Lesne, « De Guantanamo à Abou Ghraib, les mêmes techniques d’humiliation », Le Monde, 16 juillet 2005 ; « Tortures », éditorial, Le Monde, 27 octobre 2005 ; José Manuel Calvo, « La ONU y la UE reclaman el cierre de Guantanamo por las torturas a los presos », El País, 15 février 2006 ; «La base de la verguenza », éditorial, El País, 15 février 2006 ; Pierre Barbancey, « Abou Ghraib, le pire avait été caché », L’Humanité, 16 février 2006 ; Yolanda Monge, José M. Calvo, « Rumsfeld “aprobo tecnicas equiparables a la tortura” », El País, 21 février 2006.

[2] Cf. Clarín, « EE. UU. Se endurece con Chavez : Rumsfeld lo comparo con Hitler », 3 février 2006. On retiendra cette observation de Ana Baron : « En comparant le président du Venezuela, Hugo Chavez, avec Hitler, le secrétaire à la défense, Donald Rumsfel, a joué cartes sur table. Jamais un membre du gouvernement de George W. Bush n’était allé aussi loin ».

[3] Carlos Romero, « Las relaciones entre Venezuela y los Estados Unidos durante la era Clinton : coincidencias estratégicas y diferencias tácticas »,

<http://www.analitica./com/archivo/vam1997&gt;.

[4] El País, 8 octobre 1998.

[5] El País, 13 janvier 1999.

[6] Le Monde, 8 décembre 1998.

[7] El País, 31 août 1999.

[8] Le Monde diplomatique, octobre 1999.

[9] El País, 1er août 2000.

[10] Le Monde, 1er août 2000.

[11] Le Monde diplomatique, novembre 2000, p. 21.

[12] Le Monde diplomatique, novembre 2000.

[13] El País, 15 février 2002.

[14] Libération, 25 février 2002.

[15] Le Nouvel Observateur, 18-24 avril 2002.

[16] Le Monde diplomatique, juin 2002, p.1.

[17] L’Humanité Hebdo, 6 juillet 2002, p.17.

[18] Le Monde, 18-19 août 2002.

[19] Le Monde, 17 octobre 2002.

[20] Le Monde, 17 octobre 2002. L’attitude conciliante du Président vénézuélien est d’autant plus remarquable que, peu de mois auparavant, le 26 avril, l’ambassadeur américain, Lino Gutierrez, Secrétaire d’État adjoint principal pour les Affaires de l’Hémisphère Occidental, avait prononcé publiquement une diatribe incendiaire contre la révolution bolivarienne et n’avait pas hésité à accumuler de grossières contre-vérités : « Les États-Unis, individuellement et à travers l’OEA, ont condamné l’atteinte à l’ordre constitutionnel du 11 avril. Nous avons accueilli également avec plaisir la restauration de l’ordre constitutionnel et le retour du président Chavez en tant que président élu du Venezuela… Nous n’avons eu aucune part et n’avons pas approuvé les mesures anticonstitutionnelles adoptées par ceux qui ont tenté de renverser le président Chavez. L’opposition des États-Unis aux coups d’État, quels qu’ils soient, pour réaliser des changements de régime, a été une position constante des États-Unis, de toutes leurs administrations ». <http://embajadausa.org.ve/&gt;.

[21] El Pais, 17 décembre 2002.

[22] Le Monde, 17 janvier 2003.

[23] Cf. Emilio Menendez del Valle, El País, 26 juillet 2003.

[24] Des documents rendus publics par un journaliste indépendant, Jeremy Bigwood, viennent alors de révéler que le Fonds National pour la Démocratie, une agence financée par le Congrès, a versé en 2002 plus d’un million de dollars à des dirigeants de l’opposition. Pagina 12, 13 mars 2004.

[25] Le Monde, 2-3 mars 2004.

[26] Le Monde, 3 mars 2004.

[27] El País, 17 août 2004.

[28] Le Monde, 5 novembre 2004.

[29] La Nacion, 17 novembre 2004.

[30] Ce tissu de contre-vérités exigerait de longs commentaires. Signalons simplement que Hugo Chavez a toujours observé un respect scrupuleux de la liberté de la presse et des médias en dépit des débordements haineux dont ils ont fait preuve à son égard. Cf. Maurice Lemoine, « Dans les laboratoires du mensonge », Le Monde diplomatique, août 2002, p. 16-17. À de multiples reprises, certains journalistes ont même appelé au meurtre du chef de l’État dans leurs colonnes. En toute impunité. Ajoutons que les partis d’opposition jouissent d’une totale liberté de réunion et de manifestation. Pendant des années, ils ne se sont pas privés d’exprimer dans la rue, par centaines de milliers, leur rejet du chavisme. L’action de soutien aux FARC est tout aussi fallacieuse. Dans El País du 9 mai 2005, Antonio Cano observe que « personne n’a jamais pu prouver jusqu’à maintenant qu’il en ait été ainsi ». Il ajoute que les Américains ont souvent prétendu que Caracas fournissait des armes aux guérillas colombiennes mais ils n’ont jamais avancé des preuves crédibles. Marie Delcas, pour sa part, rappelle que « selon un sondage de Latinobarometro, une ONG basée à Santiago du Chili, le Venezuela est le pays d’Amérique latine où la confiance en la démocratie a le plus progressé depuis dix ans ». Le Monde, 6 décembre 2005.

[31] El País, 17 février 2005.

[32] El País, 17 février 2005.

[33] El País, 9 mai 2005.

[34] El País, 10 mars 2005 ; Le Monde, 11 mars 2005.

[35] Clarín, 26 avril 2005.

[36] Pagina 12, 28 avril 2005.

[37] El País, 9 mai 2005.

[38] El Universal, 10 mai 2005.

[39] Le Monde, 23 août 2005.

[40] Pagina 12, 25 août 2005. Le porte-parole du Département d’État, Sean Mc Cormack a qualifié « d’inappropriés » les propos de Robertson, mais ne les a pas condamnés. Le Monde, 27 août 2005.

[41] El País, 18 août 2005.

[42] Le Monde, 18 novembre 2005.

[43] El Universal, 18 février 2006.

[44] Pagina 12, 18 février 2006.

[45] El País, 17 février 2006.